L'infirmière Libérale Magazine n° 352 du 01/11/2018

 

SALARIÉE ET LIBÉRALE

L’EXERCICE AU QUOTIDIEN

Géraldine Langlois  

Salariée aux côtés d’un chirurgien orthopédique libéral, Véronique, 58 ans, exerce également en libéral trois jours toutes les deux semaines.

" J’exerce à la fois en libéral et en tant que salariée d’un chirurgien, dans trois endroits différents. Les semaines paires, je travaille, du mardi au vendredi, comme assistante opératoire dans une clinique de la Côte d’Azur. Le week-end, je me repose et je me rends à mon autre lieu de travail, à 500 km. Le mardi et le jeudi suivants, donc les semaines impaires, j’exerce avec le même chirurgien dans un autre établissement d’une grande ville du sud de la France. Et je poursuis en libéral, les vendredi, samedi et dimanche.

Je pratique en tant qu’aide opératoire depuis une vingtaine d’années. Auparavant, j’ai travaillé douze ans en médecine, à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Quand l’opportunité de travailler auprès d’un chirurgien s’est présentée, je l’ai saisie. Et, il y a neuf ans, j’ai eu envie d’exercer aussi en libéral et de connaître les soins à domicile. Me remettre dans les protocoles et découvrir le nouveau matériel m’a alors beaucoup boostée ! À ce moment-là, je travaillais davantage en libéral - douze jours par mois - que je n’étais salariée. Et puis l’activité chirurgicale s’est développée dans une deuxième clinique et j’ai donc réduit la part du libéral. Dans mon activité salariée, j’accompagne le chirurgien en consultation pré-opératoire, au bloc et en post-opératoire. Avant l’intervention, les patients sont stressés et ne retiennent pas bien les recommandations du chirurgien. Donc je les leur réexplique avant l’opération, pendant - car ils ne dorment pas - et après. Je les suis parfois au domicile.

En libéral, nous sommes quatre au cabinet mais nous sommes seules à faire la tournée, en milieu urbain. Il y a une grande diversité des soins auprès d’adultes, de personnes âgées et d’enfants. Les prises en charge en soins post-opératoires représentent environ 30 % des patients. Le fait de travailler par ailleurs avec un chirurgien est très complémentaire. Si les patients ont subi des interventions orthopédiques, je peux leur réexpliquer l’opération, évoquer les gestes qu’ils peuvent pratiquer avant de voir un kiné, les conseiller sur la façon de se tenir ou comment ne pas souiller les plaies… Il est vrai que ce rythme est fatigant. Je serai forcément obligée de ralentir. D’autant que, sur mes jours de congé, je pars en général une dizaine de jours par an en mission humanitaire en Afrique. Mais j’aime ce que je fais et j’espère bien le faire. Et c’est ça qui est gratifiant ! »

Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers

« De plus en plus d’infirmières cumulent exercice salarié et libéral. Avant la création de l’Ordre, personne ne pouvait le mesurer. Cette pratique permet de découvrir le libéral, peu abordé pendant les études. Après notre formation, nous avons l’obligation de travailler en établissement pendant deux ans et, pour certains, le libéral reste une sorte de « Graal ». Le fait d’associer les deux modes d’exercice permet de découvrir d’autres modes de relation avec le patient, le travail au domicile et le rôle parfois social de l’Idel, mais aussi de vérifier si ce mode d’exercice plaît et paraît viable. Mixer deux modes d’exercice très différents constitue aussi une richesse, car les deux pratiques, l’une plutôt technique, l’autre davantage relationnelle, s’enrichissent l’une et l’autre. L’Ordre peut informer (via bit.ly/2PAzJak) les infirmiers qui souhaitent s’engager dans cette voie sur les démarches nécessaires, les contrats, les assurances, etc. »