C’est décidé, elle part. Un aurevoir motivé par la situation maussade et les dernières semaines assez ardues. Par son épuisement tant moral que physique. Et parce que malgré toute la passion qu’elle y met au quotidien et son envie de bien faire, elle pleure… C’est à demi-mot ce que nous confiait, il y a quelques jours, une infirmière libérale devenue, depuis peu, salariée d’une structure. Une décision rationnelle, prudente même, au vu de son vécu (mort brutale d’une patiente et suicide d’une collègue), et des nombreuses semaines d’angoisse, de doute, de remise en question, d’idées noires. L’exercice libéral, elle n’en veut plus, elle n’en peut plus : l’isolement, l’absence de week-ends ou de jours fériés, les horaires à rallonge, la lourdeur administrative… La décision de quitter ce mode d’exercice (souvent choisi de façon volontaire et réfléchi) n’est jamais anodine. Burn-out, épuisement professionnel, ras-le-bol, souffrance… Personne ne raccroche sans y laisser quelques plumes. Une étude menée en Île-de-France révèle que 76 % des psychiatres libéraux placent la souffrance au travail en tête de leurs préoccupations, note l’URPS médecins libéraux. Une autre indique que 50 % des soignants ne savent pas à qui s’adresser en cas de souffrance (Stethos, 2016). Un constat finalement peu étonnant quand on le met en regard de l’isolement des professionnels libéraux… Depuis quelques mois, plusieurs colloques et tables rondes se penchent sur la souffrance au travail des professionnels libéraux. Enfin, le constat du mal-être - bien présent mais souvent sous-évalué - de l’Idel ? Enfin, le premier pas vers une prise en compte précoce qui pourrait (peut-être) éviter une désaffection pour le métier ? Les derniers chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques indiquent que la part des Idels devrait progresser de 14 à 23 % en 2040*… Encore faudrait-il savoir prendre soin de ceux qui soignent.
* À consulter ici : bit.ly/2SrmcDC.