Tout l’art de la coordination - L'Infirmière Libérale Magazine n° 354 du 01/01/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 354 du 01/01/2019

 

IMPLICATION

L’EXERCICE AU QUOTIDIEN

Isabel Soubelet  

Laurent Suzan, installé comme Idel à La Penne-sur-Huveaune (Bouches-du-Rhône) a intégré un réseau de santé polyvalent (RSP) Ilhup.

J’ai toujours fait des formations au long de mon parcours. Intégrer le réseau Ilhup (Intervenants libéraux et hospitaliers unis pour le patient) a été pour moi assez naturel. C’était une façon d’utiliser mes compétences universitaires comme mon diplôme européen de santé publique (2004), mon DIU pratique et éthique médicales (2005) ou mon DESU plaies, brûlures et cicatrisation (2017). Le réseau, situé au sein de l’hôpital Salvador à Marseille (IXe), compte onze infirmiers coordonnateurs vacataires qui sont tous Idels et deux assistantes de coordination. Je viens quatre jours par mois, de 9 h à 17 h, sur mes jours de repos. Je suis toujours en binôme avec un autre infirmier coordonnateur (Idec). Le but du réseau est de sécuriser la sortie d’hospitalisation et de faciliter la coordination des professionnels de santé de proximité. Les tâches sont très variées et je passe d’un sujet et d’un patient à l’autre en permanence. À mon arrivée, je fais le point sur l’ensemble des dossiers des patients issus des cinq hôpitaux marseillais. Je traite les sorties d’hospitalisation des patients qui ont eu des réhabilitations améliorées après chirurgie (RAAC). Cette technique permet un retour rapide du patient dans son lieu de vie mais je dois vraiment tout sécuriser. Je dois connaître pour chacun la date de sortie, le type d’intervention, les seuils d’alerte et la conduite à tenir (CAT) quand ces seuils sont dépassés. Tous les numéros utiles sont référencés et disponibles sur une application conçue pour le réseau. Je suis au quotidien en lien avec les Idels et j’agis aussi en tant que conseil au téléphone. Par exemple, si un Idel me fait part d’une difficulté particulière pour la prise en charge d’une stomie, plutôt que d’attendre, je mandate un stomathérapeute référencé dans le réseau. Il se rend alors au domicile avec l’Idel et intervient en appui sur la prise en charge de la plaie. J’interviens aussi sur les traitements anticancéreux oraux (ACO). Je fais passer un Idel une fois par semaine qui vérifie le niveau des effets indésirables. Tout est noté et enregistré et, si le niveau est élevé, je contacte le service de cancérologie. Je suis un rouage important dans le recueil d’informations : aussi bien de l’hôpital vers le réseau que du réseau vers les Idels. Les Idels aussi me donnent des informations que je peux faire remonter à l’hôpital. Ici, je suis un infirmier de deuxième ligne, je ne vois pas les patients, mais je ne suis pas isolé, je travaille en réseau et j’ai une vision globale des parcours. »

Xavier Barbaud, ingénieur en systèmes d’information et décision, responsable d’activités au sein du réseau Ilhup

« Intégrer le réseau Ilhup nécessite pour l’Idel d’avoir des dispositions de médiation entre la ville et l’hôpital. Il faut être dans une attitude d’ouverture et de compréhension des problématiques de chacun afin de chercher des solutions. C’est un réseau innovant qui, par ses actions, permet de rassurer les services hospitaliers et d’automatiser les sorties hospitalières après certaines interventions. Il est complètement en phase avec le développement du virage ambulatoire. Pour l’Idel, c’est à mon sens un autre métier, dans un autre environnement de travail, et qui devrait à terme se déployer. »