Très impliquée dans le développement de sa profession, Catherine Delerry, Idel au sein d’une maison de santé pluriprofessionnelle en Côtes-d’Amor, se forme pour devenir coordinatrice de la structure.
J’ai toujours été attirée par la coordination. J’ai d’ailleurs suivi un certificat d’aptitude à la consultation infirmière, de niveau 1. Mais je n’ai jamais pu le mettre en pratique car les pouvoirs publics ont transformé ce certificat en pratiques avancées. Je me suis également formée en éducation thérapeutique du patient et je suis formatrice en développement professionnel continu (DPC) pour les Idels. Je forme à la nomenclature et je connais bien la politique de santé. Je sais que, dans les années à venir, l’exercice collectif pluridisciplinaire va être privilégié et que les cabinets isolés ne vont plus être pérennes.
Si les MSP veulent être dans les clous, il faut faire évoluer nos pratiques afin de sécuriser nos soins. Lorsque j’ai intégré la MSP, à Pleumeur-Gautier, j’ai voulu participer à l’organisation des réunions pluriprofessionnelles. J’ai proposé, fin 2017, aux quatorze professionnels(1) de la MSP d’en devenir la coordinatrice d’autant plus que l’accord conventionnel interprofessionnel(2) (ACI), qui a été signé en juillet 2017, prévoit une valorisation pour les équipes ayant une fonction de coordination dans leur structure. J’ai donc adressé ma demande à l’Agence régionale de santé (ARS) Bretagne, qui a accepté ma candidature à titre personnel. C’est-à-dire qu’elle finance mon diplôme d’établissement (DE) Coordination de regroupements pluriprofessionnels de soins primaires, à l’École des hautes études en santé publique (EHESP). Je ne suis pas rémunérée pour la suivre, je le fais sur mon temps libre.
La formation a débuté en mars 2018 et se termine en décembre 2019. Elle est organisée en interprofessionnalité autour de modules en présentiel et d’autres à distance. Mais j’ai déjà commencé à exercer mon rôle de coordinatrice au sein de la MSP. J’essaye d’animer l’équipe, d’élaborer et de mettre en place les protocoles de soins, de planifier des réunions pluridisciplinaires. Notre objectif est d’en faire une par mois au lieu d’une tous les deux mois. Je cherche à fédérer les professionnels de santé sur le territoire. Je voudrais que les pharmaciens se joignent à nous. Dans le cadre de l’ACI, il va falloir que je fixe une rémunération pour ma fonction de coordinatrice car nous disposons d’une enveloppe versée par l’ARS. Je suis en train d’estimer mon taux horaire.
(1) Médecins, infirmiers, ergothérapeutes, diététiciennes, orthophonistes, pédicures-podologues, psychologues, masseurs-kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes.
(2) L’ACI permet aux professionnels de santé qui sont dans une structure polycatégorielle (MSP mono ou multisites, centre de santé) sous la forme juridique de SISA de pouvoir bénéficier de rémunération commune.
« Une équipe, ce n’est pas une addition de professionnels qui sont réunis. Pour qu’elle vive, elle doit avoir un projet de santé commun, ce qui veut dire qu’elle va faire des actions en communauté. Pour que ce soit efficient et évalué, il faut un coordinateur. C’est un poste stratégique. Il est l’acteur qui va permettre à l’équipe de vivre dans son projet, de l’animer, de le faire progresser, avec une méthodologie, des outils. Il aide aussi à ce que chaque membre trouve sa place. Pour remplir cette mission, il faut s’y former car la gestion de l’équipe ne s’invente pas. Une équipe qui met en place un coordinateur a tout compris. »