L'infirmière Libérale Magazine n° 355 du 01/02/2019

 

AUTONOMIE

ACTUALITÉ

Caroline Coq-Chodorge  

En 2019 doit être débattu un projet de loi « grand âge et autonomie ». Une concertation lancée par le gouvernement en 2018 s’achève, dont ressort une priorité donnée au domicile. Mais le secteur est « en train de mourir », prévient l’UNA.

FACE AU DÉFI DU VIEILLISSEMENT, « le maître mot est le domicile. C’est ce qu’attendent les Français », assure Guillaume Quercy, le président de l’Union nationale de l’aide (UNA), des soins et des services à domicile. Il défend ainsi les intérêts des 800 structures non lucratives de l’aide à domicile membres de l’UNA, mais les faits lui donnent raison. Au printemps dernier, pour répondre à une mobilisation inédite dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), le gouvernement a lancé une concertation sur le grand âge et l’autonomie, qui doit aboutir en 2019 sur un nouveau projet de loi.

Une consultation citoyenne a déjà rendu de premiers résultats. Environ 414 000 personnes se sont exprimées : leurs trois premières préconisations sont d’« améliorer les conditions de travail des personnels d’aide et de soins », de « mieux accompagner les aidants », et de « renforcer le maintien à domicile ». Le Conseil de l’âge, au sein du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, s’est prononcé, le 6 décembre dernier, pour un investissement de 1,9 milliard d’euros annuels dans le maintien au domicile, afin de limiter l’entrée en institution des personnes âgées. En France, 41 % des Français en perte d’autonomie vivent en institution, contre 29 % en Allemagne ou 21 % au Danemark, a rappelé la Mutualité française le 20 décembre dernier alors qu’elle avançait elle aussi ses propositions, qui visent encore à faire du domicile « la priorité de la politique de l’âge ».

Mais les premiers acteurs du secteur, les services d’aide à domicile non lucratifs, mettent en garde : « L’aide à domicile est en train de mourir, a ainsi déclaré le président de l’UNA, mardi 15 janvier dernier. Aujourd’hui, nous ne sommes pas certains de pouvoir garantir l’offre en services à domicile dans les 12 à 24 mois qui viennent. » Selon un sondage commandé par l’UNA à l’institut Opinionway auprès de 256 directeurs de structures d’aide à domicile, 45 % d’entre eux déclarent ne pas pouvoir prendre en charge l’intégralité des demandes, qui ne cessent d’augmenter ; et 47 % déclarent avoir toujours des postes vacants. « Nous avons les plus grandes difficultés à recruter, parce que les métiers ne sont pas attractifs, explique Guillaume Quercy. Le salaire moyen est de 1 106 euros, en dessous du Smic car ce sont souvent des temps partiels. Nos salariés sont au niveau du seuil de pauvreté. »

L’UNA avance donc ses revendications : un investissement de 1,7 milliard d’euros dans le secteur pour revaloriser les tarifs de l’aide à domicile et augmenter de 20 % les salaires. « Nous avons le sentiment de n’avoir jamais été si bien entendu, se félicite Guillaume Quercy. La ministre de la Santé comme le président de la République ont admis qu’il faudrait augmenter le financement. Mais on nous a aussi beaucoup promis… »

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