L'infirmière Libérale Magazine n° 355 du 01/02/2019

 

Dermatologie

CAHIER DE FORMATION

POINT SUR

Maïtena Teknetzian  

docteur en pharmacie,
enseignante en Ifsi

Réaction disproportionnée aux ultraviolets, la photosensibilisation est le plus souvent en relation avec la prise d’un médicament.

Deux types de manifestations

La photosensibilisation est une réaction cutanée excessive aux ultraviolets solaires, artificiels (les cabines de bronzage) ou à l’exposition professionnelle à certaines sources lumineuses (les soudures à l’arc, les lampes d’imprimerie…), liée le plus souvent à un médicament. Deux types de manifestations existent.

→ La phototoxicité : il s’agit d’un érythème douloureux, comme un gros coup de soleil, qui est disproportionné par rapport à l’intensité de l’exposition aux UV, limité aux zones exposées, apparaissant dans les heures suivant l’exposition. Elle ne relève pas d’un mécanisme immunoallergique, mais elle résulte d’une diminution de la sensibilité vis-à-vis des UV. Elle disparaît progressivement en quelques jours (avec l’arrêt de la substance responsable et/ou de l’exposition).

→ La photoallergie : elle se manifeste par des lésions eczématiformes pouvant s’étendre au-delà des zones découvertes et concerner des zones non-exposées. Cette réaction, faisant intervenir le système immunitaire, survient plusieurs jours après l’exposition et régresse lentement en plusieurs semaines.

Quelles sont les principales substances responsables ?

Principaux médicaments photosensibilisants

→ Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), par voie générale et cutanée (gels de kétoprofène, en particulier), antibiotiques (cyclines, quinolones, sulfamides), phénothiazines, lamotrigine, amio-darone, diurétiques thiazidiques, fibrates, rétinoïdes, sels d’or, vertéporfine (utilisée dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge), anticancéreux (méthothrexate, fluorouracil, inhibiteurs de tyrosines kinases).

Autres substances photosensibilisantes

→ Triclosan (dans des déodorants), octocrylène (contenu dans les filtres solaires), peroxyde de benzoyle (topiques anti-acnéiques), le baume du Pérou, certains parfums ;

→ Furocoumarines, contenues principalement dans le céleri, le persil, le fenouil, l’aneth, l’anis, la carotte, la coriandre ;

→ Photosensibilisants professionnels : anthracène et benzopyrène, présents dans les goudrons.

Comment est porté le diagnostic ?

Il repose sur l’anamnèse et l’analyse sémiologique, afin d’exclure un eczéma de contact, une lucite estivale bénigne ou un lupus.

Un bilan photobiologique permet d’explorer une photoallergie en identifiant l’allergène en cause, à l’aide de photopatchs-tests (la substance étudiée est appliquée sur le dos ou l’avant-bras du patient sous un patch et exposée à un niveau défini d’UVA et B).

Quelle est la prise en charge ?

→ La prise en charge repose avant tout sur l’arrêt du médicament responsable. Mais si le traitement est indispensable, il faut éviter toute exposition aux ultraviolets et se protéger du soleil même si celui-ci est voilé. Attention : ne pas appliquer d’écran solaire sur une zone traitée par gel de kétoprofène (risque d’allergie croisée avec l’octocrylène).

→ Un traitement dermocorticoïde est justifié dans les deux types de réaction. ?

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.