CAHIER DE FORMATION
SAVOIR FAIRE
L’insomnie fait partie des troubles du sommeil les plus fréquents et l’Idel doit être en mesure de donner des conseils adaptés aux patients, en particulier sur la prise en charge médicamenteuse. En effet, le rique d’accoutumance est fort, et l’automédication n’est pas sans danger.
Le sevrage est entrepris chez un patient motivé, hors période de stress importante entretenant l’insomnie.
→ Elle est très progressive, sur une durée de quelques semaines à plusieurs mois, voire années, et se fait une molécule après l’autre (en cas d’association de produits). Le patient doit comprendre que les symptômes de sevrage ne sont pas liés à son trouble du sommeil mais à la dépendance à la molécule.
→ Le rythme de décroissance des doses est choisi avec le patient, qui devient ainsi « acteur » de son sevrage. La « descente » au palier inférieur ne se fait que si le sommeil est stable. Si la baisse est ressentie comme trop rapide, il faut diminuer la vitesse de décroissance, voire revenir au palier antérieur. « On propose ainsi de diminuer par demi ou quart de comprimé et/ou, lorsqu’on ne peut plus couper les comprimés, de prendre le médicament de façon alternée, une nuit sur deux ou sur trois, explique le Dr Micoulaud-Franchi. Se rendre compte qu’il est possible de dormir avec des doses moins fortes, et même sans comprimé certains soirs, permet de motiver le patient. » « Parfois, on ne parvient pas à sevrer le patient complètement, rappelle le Dr Vecchierini. Il atteint un palier en dessous duquel il ne parvient plus à diminuer les doses. Mais avoir obtenu une réduction de posologie est déjà positif. »
→ Il faut encourager le patient à bien suivre le calendrier des consultations proposé par le médecin : elles doivent être fréquentes et régulières en début de sevrage « et associées à une TCC, notamment à une restriction du temps passé au lit et au contrôle du stimulus », rappelle le Dr Micoulaud-Franchi (voir p. 45).
La tenue de l’agenda (voir p. 46) aide le patient à se motiver et à s’impliquer dans la prise en charge. Il ne s’agit pas d’un outil de précision : le patient ne doit pas passer la nuit à fixer son réveil pour le remplir. Les horaires d’endormissement et d’éveil sont notés approximativement le lendemain matin.
→ La substitution d’un hypnotique par une autre benzodiazépine de demi-vie longue est parfois proposée (de type diazépam-Valium : ce dernier induit des taux plasmatiques plus stables dans le temps, limitant le risque de dépendance à l’arrêt), mais le plus souvent un sevrage simple est possible.
→ Tout substitut utilisé dans le but d’aider au sevrage, des plantes par exemple, ne doit pas faire l’objet à son tour d’une dépendance psychique (« il me faut à tout prix quelque chose pour dormir »). « On ne peut recommander cette pratique, met en garde le Dr Micoulaud-Franchi, ni d’ailleurs l’utilisation de mélatonine, réservée à des indications bien précises. »
→ Alerter sur le risque de somnolence diurne et la nécessité de prendre l’hypnotique juste avant le coucher. Un délai de sept à huit heures au minimum doit être prévu avant la conduite d’un véhicule pour un hypnotique à demi-vie courte.
→ Déconseiller la prise d’alcool, qui majore la sédation, durant toute la durée du traitement.
Mme D. a débuté il y a deux semainesun sevrage d’un traitement par zopiclone.Le médecin a prescrit une réductionde posologie d’un quart de comprimé par jour par paliers de quinze jours à un mois. Mme D. est passée depuis deux jours de trois quartsde comprimé à un demi-comprimé. Mais elle n’a pas dormi ces deux dernières nuits, se sent angoissée, nerveuse et incapable de gérer ses activités. Elle pense reprendre à nouveau un comprimé entier pour bien dormir.
Vous rassurez Mme D. en lui expliquant queses symptômes n’ont rien d’anormaux mais sont liés à la dépendance au traitement et au manque qui en découle. Mme D. ne doit surtout pas reprendre un comprimé entier alors qu’elle était stabilisée avec trois quarts de comprimé. Vous lui recommandez de repasser à trois quarts de comprimé quelque temps et de prendre parallèlement l’avis de son médecin.
Des applications mobiles analysent des informations enregistrées grâce aux capteurs intégrés dans le smartphone (bruits, mouvements…) et apportent des indications sur le sommeil (horaire d’endormissement, intensité du ronflement…) dans la mesure où le téléphone est à proximité de la personne. Celles qui prétendent détecter le sommeil profond, léger, voire paradoxal ne sont pas fiables. À l’heure actuelle, aucune n’a fait l’objet de validation scientifique. Idem pour les objets connectés à intégrer dans la literie ou à disposer dans la chambre : certains, en voulant créer des atmosphères propices au sommeil (son, luminosité), sont plus à risque de le perturber que de le faciliter…
Le programme Propersom a été mis au point par la clinique du sommeil du CHU de Bordeaux. Ouvert à tout patient traité quotidiennement par hypnotique depuis plus de trente jours, il associe un sevrage progressif de l’hypnotique et une restriction du temps passé au lit, à l’aide d’un agenda du sommeil électronique rempli quotidiennement par le patient via une plateforme Internet (https://siteinsomnie.wixsite.com/propersom). Il peut donc être suivi par tout patient depuis son domicile.