L'infirmière Libérale Magazine n° 356 du 01/03/2019

 

COOPÉRATION

ACTUALITÉ

Adrien Renaud  

Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ont vocation à coordonner l’activité des soignants libéraux à l’échelle des territoires. Mais les négociations relatives à leur financement semblent tourner autour d’un seul acteur : le médecin.

LE CALENDRIER DES SYNDICATS D’IDELS EST ACTUELLEMENT CHARGÉ : en plus de négocier l’avenant à la convention qui les lie à l’Assurance maladie, ils participent, avec une cinquantaine d’organisations représentant seize professions, aux négociations visant à définir le financement des CPTS. Ces structures sont sensées mailler le territoire d’ici 2022 afin de mieux coordonner l’activité des professionnels de santé libéraux. Selon le Dr Claude Leicher, président de la Fédération des CPTS, ces communautés doivent être l’occasion de faire évoluer les pratiques et passer à une responsabilité collective territoriale. Mais les paramédicaux ne sont pas tout à fait certains de trouver leur compte dans ces discussions.

« Sur le principe, c’est une bonne chose de financer les CPTS : nous sommes parfaitement d’accord pour mettre l’accent sur la coordination et le pluriprofessionnel, estime John Pinte, vice-président du Sniil. Le problème, c’est que les négociations en cours ont tendance à faire des CPTS un objet au service des médecins. » Un point de vue partagé par les autres organisations syndicales infirmières : Daniel Guillerm, président de la FNI, regrette « un dialogue “médico-centré” », tandis que Ghislaine Sicre, présidente de Convergence infirmière, se demande « si certains points ne devraient pas plutôt être abordés directement dans le cadre de négociations conventionnelles entre les médecins et l’Assurance maladie ».

Il faut dire que parmi les quatre missions-socle identifiées pour les CPTS, deux relèvent quasi exclusivement du médical : l’accès au médecin traitant et les soins non programmés. « C’est d’autant plus dommage que, sur ces deux sujets, beaucoup de choses pourraient être faites en pluriprofessionnel », regrette John Pinte, qui cite notamment de possibles collaborations entre médecins et Idels sur les soins non programmés, « comme cela se fait à l’hôpital aux urgences ». Ce n’est malheureusement pas la voie que semblent prendre les négociations.

COLÈRE AUTOUR DES ASSISTANTS MÉDICAUX

Les négociations conventionnelles que l’Assurance maladie mène avec les syndicats de médecins à propos des assistants médicaux ne se passent pas exactement comme prévu. Ces discussions visent à trouver la manière de financer 4 000 nouveaux professionnels sensés épauler les praticiens libéraux dans leurs cabinets d’ici 2022, mais elles buttent sur les contreparties exigées par la Cnam en échange de sa participation à leur recrutement.

Lors d’une réunion organisée le 7 février, celle-ci a en effet eu le malheur de citer « l’augmentation de la patientèle du médecin traitant » et « l’augmentation de la file active des médecins » parmi les « bénéfices attendus » de la mise en place des assistants médicaux. Il n’en a pas fallu davantage aux syndicats pour suspendre leur participation aux négociations, dénonçant une « vision productiviste » de la médecine et posant des conditions à la reprise du dialogue. Nicolas Revel, le directeur général de l’Assurance maladie, a toutefois précisé que la contrepartie attendue concernait certes l’amélioration de l’accès aux soins et donc la hausse de la patientèle globale, mais pas « la productivité horaire ». Quant au financement de l’assistant médical, il sera en même temps dégressif et pérenne, sans aller en-deçà d’un certain niveau. Pour le Conseil national de l’Ordre des infirmiers, la mise en place des assistants médicaux reste une « fausse bonne idée ». « Nous n’améliorerons pas l’offre de soins de proximité via une meilleure productivité des médecins mais en misant sur la coordination entre professionnels de santé et en envisageant une meilleure répartition des rôles de chacun », ajoute l’Ordre pour qui les infirmiers doivent devenir des acteurs centraux des soins de premier recours.