L’enquête diligentée par l’AP-HP et l’ARS Île-de-France après la mort d’une femme aux urgences de l’hôpital Lariboisière, à Paris, en décembre, a mis en évidence un défaut d’identito-vigilance.
EN DÉCEMBRE 2018, une patiente de 55 ans admise consciente aux urgences de l’hôpital Lariboisière (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) avait été retrouvée inanimée en salle d’attente vers 6 h le lendemain. La mission médico-administrative consécutive à la déclaration de cet événement indésirable grave a réalisé des entretiens auprès du personnel du service d’accueil des urgences (SAU). Si elle a relevé « l’engagement et le professionnalisme de l’équipe » qui exerce son métier « dans des conditions difficiles », elle a aussi constaté des écarts aux procédures. En effet, amenée par les pompiers, la patiente a été enregistrée sous l’identité transmise par ces derniers, qui s’est révélée erroné à une lettre près. Le respect de la procédure d’identito-vigilance aurait dû éviter cette erreur, puisque le contrôle d’identité doit être fait avec le patient, si possible, et au regard d’une pièce d’identité. « L’erreur d’identité a pu être un élément contributif dans l’absence de réponse », note la mission qui pointe le délai « très important » entre l’inscription et le premier appel pour installation en box : plus de cinq heures. Après quatre appels en salle d’attente, à l’accueil et devant l’entrée ambulatoire du service vers minuit, le timbre informatique de la patiente a été supprimé du système avec le mode de sortie « en fugue ». Là encore, la procédure, qui prévoit une sortie après trois appels infructueux à vingt minutes d’intervalle et vérification des bracelets d’identité des patients, n’a pas été respectée. S’appuyant sur les recommandations du rapport, le SAU de Lariboisière a engagé des premières mesures, comme le recrutement d’un praticien hospitalier et 1,5 équivalent temps plein médical. Trois postes infirmiers ont aussi été créés pour avoir une IDE de plus au circuit court la nuit. « Depuis juillet dernier, rappelle la directrice du groupe hospitalier, Eve Parier, on travaillait à un plan d’action qui avait déjà acté des renforts, mais ils ont mis du temps à se concrétiser », en raison notamment du turnover infirmier dans les services d’urgences. Un vigile s’assure désormais 24 heures/24 que seuls les patients orientés vers le circuit court par l’infirmier organisateur de l’accueil (IOA) puissent accéder à cette zone. De nuit, un aide-soignant est maintenant affecté à la surveillance des paramètres spécifiques des patients en salle d’attente circuit court. La mission s’étant étonnée que 70 % des enregistrements à l’accueil des urgences de Lariboisière soient réalisés par des soignants, la répartition de l’activité de recueil des données administratives sera revue. L’hôpital envisage de doter ses urgences d’un système de géolocalisation des patients par le biais de bracelets à puce, et tout le personnel sera reformé aux procédures d’identito-vigilance.