Le soin politique - L'Infirmière Libérale Magazine n° 357 du 01/04/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 357 du 01/04/2019

 

ÉDITO

Stéphanie Hasendahl  

rédactrice en chef

Neuf infirmiers dont quatre Idels sur les bancs de l’Assemblée nationale ! Quelle que soit leur orientation politique (la plupart ont été portés par la vague de La République en marche), il y a de quoi se féliciter de cette nouvelle représentation de la profession, même si elle est encore minoritaire par rapport aux 27 médecins députés. L’accessibilité aux plus hautes fonctions représentatives nécessite sans doute de l’assurance et du sang-froid lorsqu’il s’agit notamment de subir le surnom de « bac -2 » dans les couloirs de l’hémicycle. Les députés que L’Infirmière libérale magazine a rencontrés (voir p. 24) s’impliquent dans leur rôle avec application et enthousiasme. Ce sont des femmes en majorité, encore un motif de réjouissance ! Leur but n’est pas de défendre leurs intérêts ni ceux de leurs pairs, ce dont s’occupent les syndicats du mieux qu’ils peuvent eu égard au faible taux de syndicalisation. Leur but est de servir ceux qu’ils ont côtoyés dans leur intimité pour les avoir soignés ou accompagnés. Le tremblement de terre des « Gilets jaunes », dont ils ont ressenti les secousses, n’a fait que renforcer leur conviction. « Il importe aujourd’hui de penser toutes les dimensions du soin, non seulement dans nos vies, où il ne se réduit pas à un secours vital immédiat, mais aussi pour comprendre son rapport à la politique, qui est fondamental, et même deux fois fondamental : fondamental pour le soin, mais non moins fondamental pour la politique », écrit le philosophe Frédéric Worms (in Soin et politique, Questions de soin, Puf). Bien qu’ils ne soient pas tous novices en politique (la plupart ont eu des mandats locaux), se glisser dans la peau d’un député leur a toutefois demandé du temps : le renouveau ne peut pas faire fi des compétences. La durée de leur apprentissage ne correspond pas, hélas, à l’immédiateté de la colère et des réseaux sociaux. Et pourtant, leur volonté est d’écouter et de rester dans le soin démocratique, celui qui permet aux citoyens d’être autonomes et de ne pas se sentir injustement dévalorisés ni ignorés. Et leur tâche ne s’arrête pas là puisqu’ils ont aussi la lourde responsabilité de diffuser la culture du soin au sein de l’Assemblée nationale. Aux conflits sociaux doit succéder le soin.