L’association Audiab propose des ateliers d’éducation thérapeutique du patient et des formations des professionnels libéraux là où les infrastructures manquent. Un moyen de lutter contre les inégalités territoriales en matière de santé.
CARMEN MORALES EST LA PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION AUDIAB. Elle était à Marseille fin mars pour rendre compte de l’avancement des projets phare de son association, véritable réseau de professionnels de la santé libéraux pour lutter contre l’exclusion des soins dans le Sud-Ouest. Audiab propose des ateliers de prévention auprès de patients diabétiques et malades chroniques dans un vaste territoire, entre l’Aude, l’Hérault et les Pyrénées orientales.
« Des maisons de santé, assez éloignées des grands pôles de soins, ont fait appel à nous pour mettre en place des ateliers, des échanges avec des patients. Nous avons recensé les professionnels de santé libéraux du territoire, identifié les personnes à former, trouvé des lieux pour la tenue des ateliers et des partenaires locaux pour s’insérer dans ce qui existait », explique Carmen Morales.
Aujourd’hui, Audiab est active dans huit lieux (maisons de santé, salles de mairie, là où il est possible de se rassembler), et cinq autres devraient rejoindre le réseau. Parmi les ateliers proposés, « Bien vivre avec son diabète » tend à regrouper des patients atteints de diabète de type 2 et leur entourage. Se retrouver pour discuter de son quotidien avec des personnes vivant les mêmes contraintes, cela développe la capacité d’empathie et d’entraide ainsi qu’une meilleure compréhension de sa pathologie. En amont des ateliers, l’association Audiab a mobilisé et formé des professionnels de santé locaux pour leur animation : infirmiers, médecins, podologues, diététiciens, kinésithérapeutes, pharmaciens, psychologues, sophrologues. « Le but est de développer une vraie dynamique pérenne sur le territoire avec tous les professionnels », espère Carmen Morales.
Un professionnel est le « fil rouge » du patient, en charge de son bilan éducatif, et il participe aux quatre ateliers du cycle qui abordent tour à tour les thématiques suivantes : le pied diabétique, le diabète au quotidien, l’équilibre alimentaire et l’approche corporelle. « Nous préférons parler d’approche corporelle et pas d’activité physique, pour inclure tous les patients, même ceux pour qui le sport est un problème. »
Les formateurs sont rémunérés équitablement lors du bilan et les ateliers (60 € par bilan et 80 € par atelier), et les patients en bénéficient gratuitement. L’agence régionale de santé finance l’initiative via le fonds d’intervention régional (FIR) destiné aux actions favorisant notamment la permanence des soins, la prévention, la promotion ainsi que la sécurité sanitaire. En 2018, l’association a également reçu la bourse Roche lors du congrès annuel de la Société francophone du diabète.
Au-delà des ateliers, la présence de l’association et de ses professionnels a permis d’accroître le maillage existant entre les professionnels sur un territoire délaissé. Après chaque cycle d’ateliers, l’association fait un retour au médecin traitant ou à l’Idel en charge du patient au quotidien. De leurs côtés, les patients évaluent le contenu des formations pour le faire évoluer. Depuis 2011, ils sont plus de 500 bénéficiaires à avoir participé aux ateliers, accompagnés par 45 intervenants libéraux.
En Suisse, le taux de diabète est plus bas que la moyenne mondiale. Mais il augmente inexorablement là-bas aussi. Beaucoup de nouveaux dispositifs thérapeutiques ont vu le jour, auxquels les soignants doivent se former. Pour accompagner les patients et les soignants dans leurs soins à domicile de personnes diabétiques, l’institution genevoise de maintien à domicile (IMAD) a pris l’initiative de former des « infirmières relais » en diabétologie. « Ce sont des infirmières formées en diabétologie, des personnes ressources qui transmettent à leur équipe d’hospitalisation à domicile les bonnes pratiques, les nouveautés autour du diabète après une formation et un tutorat », explique Corinne Verdu, infirmière spécialiste clinique à la base du projet : 36 heures de formation sur neuf mois, et de la formation continue. Depuis 2016, 36 infirmières se sont formées volontairement. « Elles sont de plus en plus sollicitées. » À terme, la volonté serait d’avoir deux infirmières relais par équipe.