Des chiens détecteurs des crises d’épilepsie - L'Infirmière Libérale Magazine n° 358 du 01/05/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 358 du 01/05/2019

 

PRÉVENTION

ACTUALITÉ

S. H.  

Grâce à des chiens entraînés, des chercheurs ont révélé l’existence d’une « signature olfactive » des crises d’épilepsie. Une voie de recherche prometteuse pour les patients.

SI HIPPOCRATE AVAIT NOTÉ, DÈS L’ANTIQUITÉ, QUE CERTAINES MALADIES ÉTAIENT ASSOCIÉES À DES CHANGEMENTS D’ODEUR CORPORELLE, ces changements n’ont été caractérisés que récemment pour des cancers, le diabète ou des dysfonctionnements rénaux. En raison de sa grande variabilité due aux caractéristiques individuelles et aux multiples causes et symptômes possibles, l’épilepsie reste une maladie pour laquelle aucun « marqueur général » n’a été détecté. La prédiction des crises est pourtant un enjeu crucial pour cette maladie neurologique, la troisième en prévalence. La première étape pour atteindre ce but est donc de tester la possibilité d’un marqueur de crise généralisable à divers patients et divers types de crises.

Des chercheurs en éthologie et de services médicaux français et américains, soutenus par l’association Handi’chiens et la Fondation Adrienne et Pierre Sommer, ont testé l’hypothèse qu’il pouvait exister une « odeur de crise », c’est-à-dire un marqueur olfactif de cet état temporaire. Ils se sont appuyés sur les capacités olfactives déjà bien démontrées de chiens entraînés (à la détection d’odeurs en général). Ils ont ainsi testé les réactions de ces chiens à des odeurs corporelles d’une même personne pendant ou hors de la crise (repos, activité sportive), ou des odeurs corporelles prélevées pendant une crise chez différentes personnes présentant des crises de causes et symptômes différents. Ainsi, à chaque essai, les chiens étaient confrontés à sept réceptacles dans lesquels se trouvait un coton porteur d’une odeur corporelle différente.

Une signature olfactive

Dès le premier essai, tous passaient plus de temps à explorer le réceptacle avec l’odeur de crise, et ce de façon répétée au cours des essais successifs et quel que soit le patient donneur. La « sensibilité », c’est-à-dire le nombre de « réponses » (se figer devant le réceptacle) à l’odeur de crise, et la « spécificité », c’est-à-dire la proportion de non-réponses aux odeurs hors crise, étaient particulièrement élevées : 67 à 100 % et 95 à 100 % respectivement, des performances égales ou supérieures aux résultats obtenus dans des études sur d’autres pathologies. Cette étude, publiée dans la revue Scientific Reports, montre que des chiens sont capables de distinguer les odeurs corporelles d’un même patient prélevées lors d’une crise de celles prélevées hors crise, mais aussi de généraliser cette distinction entre les odeurs de différents patients en crise. Il s’agit donc de la première démonstration de l’existence d’une « odeur de crise », d’une « signature olfactive » des crises d’épilepsie, généralisée à différents patients et à des épilepsies de causes et symptômes différents. Pour les chercheurs, cette découverte ouvre des voies prometteuses pour cette pathologie, avec comme prochaine étape l’identification des composants, et à terme la possibilité de détection des crises avant leur survenue, via des « nez électroniques » ou des chiens d’assistance.