Une nouvelle maison de santé psychosociale a ouvert ses portes dans le 11e arrondissement de Paris. Elle offre une prise en charge spécifique : les patients peuvent bénéficier, si besoin, d’un accompagnement social.
LA MAISON PSYCHOSOCIALE DE SANTÉ CHEMIN-VERT A POUR PARTICULARITÉ DE DISPOSER D’UNE FILE ACTIVE COMPOSÉE À 50 % DE PATIENTS VIVANT AVEC LE VIH OU UNE MALADIE INFECTIEUSE, l’autre moitié étant constituée de patients « standard ». Pour les prendre en charge : des professionnels soignants et sociaux. « Ce montage social et médical est né il y a une dizaine d’années environ, dans l’esprit de médecins et d’assistants sociaux ayant l’habitude de travailler ensemble », explique Anne Souyris, adjointe à la santé à la Mairie de Paris, qui a visité la structure en présence de la maire de Paris. « Ils souhaitaient disposer d’une maison de santé en ville, afin de suivre et accompagner médicalement et socialement ces patients atteints d’une maladie infectieuse alors que, généralement, ils sont suivis exclusivement à l’hôpital. Ils ont estimé que la chronicisation de la maladie rendait pertinente cette offre de suivi en ville. »
Fin 2018, le projet s’est concrétisé avec l’ouverture de la structure, créée en partenariat avec deux associations, le Centre de prise en charge des maladies infectieuses (CPCMI) et Basiliade. Une subvention de la Mairie de Paris a permis de faire les travaux d’aménagement. À l’origine, l’association Basiliade accompagne les personnes atteintes de maladies infectieuses via le travail coordonné de plusieurs professionnels. « Des juristes, des assistantes sociales, des psychologues, des médecins ou encore des infirmiers offrent un accompagnement global aux patients, à savoir social, juridique, professionnel, pour leur permettre un accès aux soins, au logement ou encore au travail », rapporte Balthazar Milot, directeur de l’Alliance pour une gestion solidaire (AGS), collectif dont fait partie Basiliade. « Cependant, nos professionnels de santé ne dispensent pas de soins. Leur rôle n’est pas médical, ils assurent uniquement un accompagnement et une coordination. » De fait, jusqu’à l’ouverture de la maison psychosociale de santé, lorsque les résidents avaient besoin de soins, ils étaient orientés vers deux médecins généralistes du réseau qui acceptaient de les prendre en charge, même sans droit ouvert. Ce sont ces médecins et les membres de Basiliade qui ont eu la volonté de monter une structure commune, regroupant dans les mêmes locaux des professionnels de santé et des acteurs sociaux. « Avec la maison psychosociale de santé, les synergies vont être désormais plus importantes et encadrées », se réjouit Balthazar Milot.
Les professionnels de santé de la structure sont libéraux, exercent en secteur 1, offrent des soins généralistes et spécialisés (gynécologie, dermatologie, proctologie), et appliquent le tiers payant généralisé aux patients. « C’est très important, car cela permet de prendre en charge toutes les personnes, sans discrimination », rappelle Anne Souyris. La maison accueille aussi une sage-femme et un cabinet d’infirmiers. Idel, François Legrand exerçait avec une consœur dans le centre de Paris lorsqu’il s’est rallié au projet en juin 2018. « Ce sont mes patients qui m’ont coopté auprès des deux médecins à l’origine du dispositif », plaisante-t-il. En intégrant la structure, François Legrand a gardé sa patientèle, à laquelle se sont ajoutés de nouveaux patients. « Alors que j’étais à trente/quarante patients par jour, je suis aujourd’hui à une cinquantaine », estime-t-il. Depuis l’ouverture de la maison de santé, deux autres Idels l’ont rejoint.
« J’ai eu des difficultés à trouver des consœurs, car j’ai remarqué que peu d’entre nous connaissent cette approche pluridisciplinaire des soins, rapporte-t-il. Personnellement, c’est ce que je recherchais : intégrer une maison de santé, pouvoir échanger avec des collègues, élargir les prises en charge. Car lorsqu’on parle de maladies infectieuses, cela implique toutes les comorbidités associées, comme le diabète, l’insuffisance cardiaque, donc l’éducation thérapeutique qui va avec. » François Legrand reconnaît apprécier pouvoir également se tourner, si besoin, vers l’équipe médicale et sociale de la structure, et ce de manière cadrée. Et de conclure : « Je souhaiterais développer des consultations in situ afin de toucher une population plus large. Mais pour cela, il faut des candidats pour intégrer le cabinet infirmier… »