L’Académie de pharmacie souhaite que les vaccins contre la rougeole, la coqueluche, la varicelle et la grippe saisonnière deviennent obligatoires pour les professionnels de santé.
MALGRÉ LES MÉTHODES DE PRÉVENTION COMME LA VACCINATION ET LES MESURES D’HYGIÈNE, la rougeole, la varicelle, la coqueluche et la grippe saisonnière demeurent des problèmes de santé publique, constatent les académiciens en préambule de leurs recommandations. Face à une couverture vaccinale insuffisante et aux doutes manifestés par « une partie non négligeable des professionnels de santé » à l’égard de la sécurité, de l’efficacité et de l’utilité de certains vaccins, les académiciens sont favorables à l’obligation vaccinale contre la rougeole, la coqueluche et la varicelle pour les professionnels de santé en exercice ou en formation. Une obligation souhaitable aussi bien pour les hospitaliers que pour les libéraux et les professionnels du secteur médico-social, soulignent-ils.
Pour la grippe saisonnière, les académiciens souhaitent que le vaccin soit obligatoire pour tous les professionnels médicaux, paramédicaux et pharmaceutiques, qu’ils soient en formation ou qu’ils exercent dans une structure de santé ou de soins, publique ou privée. A minima, l’obligation doit concerner les professionnels en formation ou exerçant dans une structure hébergeant des personnes âgées. L’Académie évoque la mise en place d’un système de traçabilité de la vaccination afin de vérifier « la réalité » de la vaccination. Elle envisage la forme d’un registre annuel électronique « qui permettra d’évaluer la couverture vaccinale effective et l’efficacité de la vaccination ». Par ailleurs, l’Académie insiste sur la nécessité de renforcer la formation initiale et continue en vaccinologie dans toutes les filières médicales et paramédicales et de dénoncer et contrer les fausses informations, en particulier sur les réseaux sociaux. Enfin, les académiciens militent pour une harmonisation du calendrier vaccinal, des recommandations et des obligations vaccinales en Europe.
L’Académie de pharmacie n’est pas la seule à se prononcer en faveur de l’obligation vaccinale. La Cour des comptes a, encore une fois cette année, réclamé le retour à la vaccination antigrippale obligatoire pour les professionnels de santé. « En effet, les taux de vaccination contre la grippe des professionnels de santé des établissements de santé et médico-sociaux restent de façon préoccupante en deçà de 25 % », déplorait la Cour des comptes en février. De son côté, la ministre de la Santé a indiqué « préférer faire confiance au sens de la responsabilité des professionnels de santé ». La dernière campagne d’information misait plus sur l’incitation, avec la signature d’une charte de promotion de la vaccination avec les sept Ordres représentatifs des professions de santé. « Il s’agit d’un enjeu déontologique », a rappelé Agnès Buzyn. « Se vacciner en tant que professionnel de santé, c’est d’abord protéger les sujets les plus vulnérables », a-t-elle défendu avant de conclure : « Si vraiment ça ne progresse pas, peut-être que nous en reviendrons à l’obligation. »