L'infirmière Libérale Magazine n° 358 du 01/05/2019

 

TÉMOIGNAGE

ACTUALITÉ

L. M.  

Infirmière libérale dans le Var, Isabelle Paret a lancé fin 2017, à la suite d’un problème médical, une cagnotte en ligne pour parvenir à payer ses cotisations Carpimko. Un an et demi plus tard, elle est contrainte d’arrêter son activité libérale.

« ENTRE 2008 ET 2016, MON CABINET LIBÉRAL A TRÈS BIEN TOURNÉ, RACONTE ISABELLE PARET. Mais un matin d’avril 2016, je me suis réveillée avec une sciatique paralysante due à un kyste entre deux lombaires comprimant le nerf. » Sur ordre de son chirurgien, elle réduit son activité professionnelle et supprime les soins de nursing, soit 85 % de sa patientèle. La diminution de l’activité n’impliquant pas celle des charges, sa situation financière s’aggrave lourdement. « J’ai toujours mis de côté 50 % de mes revenus, mais sans soins à dispenser, mon épargne a fondu, et je ne suis plus parvenue à payer mes cotisations Carpimko dans leur intégralité », explique-t-elle.

Demande de redressement judiciaire

Après avoir prévenu la Caisse de sa situation, elle lance une cagnotte en ligne pour payer ses dettes. L’Infirmière magazine s’en était fait l’écho (n° 346, avril 2018. L’exercice au quotidien : Difficultés économiques, une Idel fait appel à la solidarité). Une démarche d’autant plus nécessaire qu’à partir de mars 2017, ses médecins lui demandent de cesser toute activité. La prévoyance a pris le relais pendant les 90 premiers jours de carence, mais par la suite, n’étant pas à jour de ses cotisations, la Carpimko a refusé de l’indemniser. « Avec la cagnotte, j’ai pu payer mes dettes de 2016, mais la Carpimko m’a ensuite demandé de payer la cotisation pour mes deux mois de travail sur l’année 2017, soit 2 900 euros, souligne-t-elle. Mais sans revenu, cela m’était impossible. »

En grande difficulté financière, Isabelle adresse une demande de redressement judiciaire au tribunal de grande instance (TGI) pour son activité libérale. « Mais il a estimé que je n’avais pas suffisamment de dettes professionnelles pour être admise à ce titre, déplore l’infirmière . Or, j’ai justement fait des efforts pour payer mes charges professionnelles, quitte à être endettée d’un point de vue personnel. »

Fin de l’activité libérale

Lorsqu’elle s’est faite opérée en novembre 2018, le chirurgien a découvert qu’elle n’avait pas un kyste mais une tumeur bénigne au niveau des lombaires, entraînant une neuropathie séquellaire. Les conséquences sur le nerf sciatique sont d’une importance telle qu’Isabelle ne peut pas rester en position debout longtemps. « Le chirurgien a estimé que je devais être reclassée comme travailleuse handicapée, regrette-t-elle. J’ai donc fait une demande de radiation à la Caisse primaire d’assurance maladie pour pouvoir déposer une demande de liquidation judiciaire au TGI et cesser mon activité professionnelle. » Aujourd’hui, face à cette situation, elle dit aller mieux. « Mais il y a encore quelques mois, psychologiquement, c’était lourd, reconnaît-elle. Pour moi, être infirmière, c’est être présente physiquement auprès du patient, être dans l’action, et si je ne peux plus exercer en libéral, je pensais au moins pouvoir pratiquer à l’hôpital, ce qui ne va pas être possible. Je fais donc le deuil de ma profession. » Son arrêt de travail est encore renouvelé pour un temps indéfini, mais elle espère malgré tout entreprendre une nouvelle activité professionnelle prochainement.

LA PRISE EN CHARGE DE LA CARPIMKO

→ Un adhérent de la Carpimko peut faire l’objet d’une prise en charge par le régime d’assurance invalidité décès et bénéficier d’une allocation journalière d’inaptitude à compter du 91e jour d’arrêt de travail, sous réserve :

- d’effectuer sa déclaration d’arrêt de travail pour raison de santé dans les six mois, accompagnée d’un certificat médical faisant état de la date de cessation d’activité, de la pathologie dont il souffre et de la durée prévisionnelle de l’arrêt ;

- d’être à jour, à la date de l’arrêt de travail, de toutes les cotisations ;

- de se voir reconnaître un taux d’incapacité professionnelle temporaire de 100 % par le médecin conseil de la Caisse.

→ Si l’assuré n’est pas à jour de cotisations à la date de son arrêt de travail initial, deux situations peuvent se présenter :

- si la dette de cotisation porte sur l’année de survenance de l’arrêt et sur les exercices antérieurs ou exclusivement sur ces derniers, l’attribution de l’allocation journalière d’inaptitude interviendra au premier jour du mois suivant le règlement de la dette, à condition que l’assuré présente toujours une incapacité à l’exercice de sa profession ;

- si la dette de cotisation porte uniquement sur l’année de survenance de l’arrêt de travail, l’attribution de l’allocation interviendra au 91e jour d’arrêt, si la régularisation de la situation est effectuée dans le mois suivant la déclaration de l’arrêt de travail. Sinon, l’attribution s’effectue dans les conditions exposées dans la première situation.

En cas de difficulté, les assurés peuvent contacter la Carpimko afin de connaître leurs droits et solliciter le fonds d’action sociale de la Caisse, sous condition.