À 45 ans, Carole Gavigniaux est à la fois Idel, infirmière de consultation, réserviste et formatrice. Elle est aussi représentante URPS. Cinq activités synonymes de juste équilibre professionnel.
« Je suis ce que l’on appelle une slasheuse. J’ai toujours été animée par une soif d’apprendre et de développer de nouvelles compétences. J’ai obtenu mon diplôme d’État d’infirmière en 1997 ; j’ai travaillé en clinique, à l’hôpital, au bloc, j’ai été référente hygiène… Suite à un déménagement à Tarbes (Hautes-Pyrénées) il y a plus de treize ans, je me suis installée comme Idel. J’ai découvert la gestion d’entreprise et cela m’a passionnée ! Mais au bout de quatre ans, j’ai estimé avoir fait le tour. Je suis devenue formatrice en droit médical à l’Ifsi. Aujourd’hui encore, je continue à faire de la formation. En parallèle, j’ai rencontré différents acteurs de soins spécialisés en gérontologie qui intervenaient sur mon territoire, parce que je souhaitais m’investir dans la prévention de la dépendance. J’effectue maintenant des consultations : je travaille en binôme avec 23 médecins avec lesquels j’ai signé un protocole de coopération. Cela fonctionne tellement bien que je suis en train de créer une consultation en binôme infirmière et assistante sociale ! Je suis également infirmière réserviste opérationnelle depuis deux ans. J’ai le titre d’adjudant de réserve. J’interviens auprès de deux régiments de parachutistes. Cela représente trente à quarante jours par an. Je me retrouve au milieu de jeunes : ça change de mon quotidien. Je fais de la course à pied trois fois par semaine avec eux ! Pour finir, je suis représentante de l’URPS de mon territoire. Je n’ai pas été élue, je ne suis d’ailleurs pas syndiquée, mais j’ai été nommée grâce à l’expertise que j’ai développée en tant qu’infirmière de consultation. Je suis membre du conseil territorial de santé (CTS) au sein duquel je défends le métier d’infirmière. Je n’ai pas peur des évolutions à venir, on aura toujours besoin de notre expertise. Cumuler ces différentes fonctions nécessite de bien compartimenter chaque activité. J’ai des adresses mails et des téléphones différents. Je reconnais qu’il m’arrive parfois d’être sous l’eau, mais je m’adapte. Ce fonctionnement est “ultra-sécure”. Si je dois cesser l’une des activités, j’aurai toujours les autres… Au final, je gagne très bien ma vie. Et je suis convaincue que les DRH auraient tout intérêt à favoriser le “slashing” pour prévenir l’épuisement professionnel des soignants. »
Caroline Gavigniaux sera présente au salon infirmier pour une table ronde « Réflexion, anticipationet organisation », le mardi 21 mai à 16 h 30.
21-23 Mai 2019, Paris Expo - Porte de Versailles - Hall 7.3
« Le terme slasheur fait référence à la barre oblique du clavier de nos ordinateurs. Il désigne des personnes qui cumulent plusieurs activités professionnelles. La population active française compterait 16 % de slasheurs, dont 70 % le seraient par choix. C’est un vrai phénomène de société, qui s’explique par la conjoncture d’abord, avec la crise de l’emploi, la digitalisation et la nomadisation du travail, mais aussi par une envie de se sentir libre dans la relation au travail. Dans l’entreprise, la capacité à évoluer est complètement décalée par rapport aux aspirations des salariés, qui doivent rester dans leur fiche de poste et ne sont pas reconnus dans leur globalité. Tout cela contribue à un gâchis immense en termes de motivation et de compétences. »