La France ne produit plus de principes actifs et a perdu sa souveraineté sur le médicament.
Aujourd’hui, « 60 à 80 % des principes actifs des médicaments sont fabriqués hors d’Europe », a rappelé Vincent Touraille, président du Syndicat de l’industrie chimique organique de synthèse et de la biochimie (Sicos), co-organisateur d’un colloque sur les « principes actifs et le médicament », à Paris le 14 mai. En Europe, la France est devenue un acteur mineur, avec seulement 100 sites de fabrication, qui produisent majoritairement des vaccins, les seuls médicaments pour lesquels la France dispose d’une autonomie. Par comparaison, « les États-Unis ont 600 sites de production, la Suisse 400, l’Allemagne 300 », souligne Vincent Touraille. C’est un recul historique, car la France était un leader européen il y a seulement dix ans. Et c’est surtout une perte de souveraineté, autant qu’une menace sanitaire : en 2017, on dénombre 538 ruptures ou tensions d’approvisionnement, et en 2018, 31 % des Français disent avoir été confrontés à l’indisponibilité d’un médicament au cours des six derniers mois. Dans une majorité des cas, sont en cause la disponibilité du principe actif, ajoutée à la complexité d’une chaîne de fabrication mondialisée. Pour un grand nombre de principes actifs, il n’y a ainsi plus que deux ou trois producteurs dans le monde, la plupart sont asiatiques.