L'infirmière Libérale Magazine n° 359 du 01/06/2019

 

HOMÉOPATHIE

ACTUALITÉ

V. H.  

Toutes les conditions semblent désormais réunies pour le déremboursement de l’homéopathie. La ministre de la Santé devrait se prononcer dans les prochaines semaines.

Le verdict n’est pas encore définitif, mais il est tout de même peu probable que les laboratoires réussissent à faire changer d’avis la Haute Autorité de santé (HAS). En effet, la commission de transparence (CT) de la HAS, qui est en charge de l’évaluation des médicaments, a envoyé le 16 mai son projet d’avis sur les médicaments homéopathiques aux trois laboratoires concernés. Dans celui-ci, elle donne « un avis défavorable au maintien de la prise en charge par l’Assurance maladie des médicaments homéopathiques » au motif qu’« aucune étude n’a démontré la supériorité en termes d’efficacité de l’approche homéopathique par rapport à des traitements conventionnels ou au placebo ». Cependant, elle note aussi « la gravité et/ou l’impact potentiel sur la qualité de vie des patients, de certains symptômes/affections étudiés pour lesquels il existe un besoin médical à disposer d’alternatives thérapeutiques ou de médecines complémentaires ». Boiron, Weleda et Lehning avaient ensuite dix jours pour faire entendre leurs arguments et demander à être auditionnés à leur tour par la CT au courant du mois de juin. C’est pourquoi la HAS estime pouvoir rendre son avis définitif, à l’issue de cette procédure contradictoire, avant le début de l’été, après quoi la balle sera dans le camp de la ministre de la Santé, qui est décisionnaire. Une décision qui sera autant scientifique que politique. En effet, selon un sondage Ipsos réalisé en octobre dernier pour les laboratoires Boiron, 74 % des Français « ont recours aux médicaments homéopathiques, les jugent efficaces et sont contre l’arrêt de leur remboursement ».

Plainte devant l’Ordre des médecins

La ministre de la Santé avait demandé à la HAS de réévaluer les médicaments homéopathiques en août 2018 à l’issue d’une polémique lancée par 124 médecins réunis dans un collectif appelé Fakemed, qui avaient signé dans le quotidien Le Figaro une tribune contre l’homéopathie. « J’ai souhaité remettre le rationnel scientifique au centre du débat, expliquait la ministre dans un entretien à l’AFP fin mars. Ça ne veut pas dire que cela suffise toujours à prendre une décision politique, mais au moins j’ai réaffirmé qu’on ne pouvait pas faire sans. » Pour se faire une opinion, Agnès Buzyn dispose également d’un avis des Académies nationales de médecine et de pharmacie. Celles-ci ont plaidé pour le déremboursement de l’homéopathie car les « méta-analyses rigoureuses n’ont pas permis de démontrer une efficacité des préparations homéopathiques ». Dans les derniers mois, la bataille entre les anti- et les pro-homéopathie a pris un tour parfois très virulent, notamment dans la communauté médicale. Le Syndicat national des médecins homéopathes (SNMHF) a ainsi porté plainte devant l’Ordre des médecins contre 70 signataires de la tribune, les accusant de « non-confraternité ». Sur les réseaux sociaux, la campagne de communication des défenseurs de l’homéopathie « Mon Homéo mon choix » a été tournée en dérision par leurs détracteurs qui ont, à leur tour, lancé le #hashtag « Mon haribo mon choix ».

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