Les audioprothèses - L'Infirmière Libérale Magazine n° 359 du 01/06/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 359 du 01/06/2019

 

Dispositif médical

CAHIER DE FORMATION

Point sur

Anne-Gaëlle Moulun  

De plus en plus perfectionnées, les audioprothèses se déclinent en différents modèles, plus ou moins haut de gamme.

Les audioprothèses sont des appareils auditifs destinés à des personnes malentendantes ou acouphéniques, souffrant de sifflements ou de bourdonnements d’oreille. En France, 6 millions de personnes souffrent de difficultés d’audition. Un tiers d’entre elles environ est appareillé, alors que près de la moitié pourrait l’être, un taux inférieur à celui observé dans d’autres pays européens.

Comment ça fonctionne ?

Les audioprothèses sont des appareils destinés à pallier la déficience auditive en amplifiant le volume sonore ambiant. Elles sont constituées de trois pièces principales :

→ un microphone qui capte les sons ;

→ un microprocesseur qui analyse les signaux sonores et distingue les différents types de sons afin de les amplifier ;

→ un écouteur qui envoie le son amplifié dans l’oreille du patient.

Quels modèles existent ?

Il existe trois types de modèles d’appareils auditifs :

→ le contour d’oreille : c’est la forme la plus connue et qui était auparavant la plus utilisée. Il est constitué d’un contour contenant la partie électronique, qui vient se placer derrière le pavillon de l’oreille, et d’un embout sur mesure, reliés grâce à un tube acoustique ;

→ l’intra-auriculaire : les trois pièces de l’appareil sont dans une coque fabriquée sur mesure à partir d’une empreinte de l’oreille et entièrement placée dans le conduit auditif ;

→ l’écouteur déporté ou RITE (receiver in the ear) : il ressemble à un mini-contour d’oreille. Le microphone et le microprocesseur sont dans le contour d’oreille, et l’écouteur est placé dans le conduit auditif. Il est intégré soit dans un dôme en silicone, soit dans un petit embout sur mesure. C’est le type d’appareil le plus utilisé à l’heure actuelle, car il a l’avantage de permettre l’envoi direct du signal sonore dans le conduit auditif, juste en face du tympan. Il est également plus esthétique et plus discret. Plus des trois quarts des appareils auditifs utilisés actuellement sont des écouteurs déportés.

Quelles gammes ?

Il existe actuellement deux classes d’appareils :

→ les appareils de classe I, d’entrée de gamme, dont le tarif pour deux oreilles est fixé à 2 600 euros par les pouvoirs publics ;

→ les appareils de classe II, plus haut de gamme.

Le choix

Le choix de l’appareil s’effectue selon trois critères :

→ l’environnement sonore de la personne : l’audioprothésiste effectue un interrogatoire du patient. Il lui demande ses antécédents médicaux, ORL, et analyse les environnements sonores et besoins d’écoute de la personne. Par exemple, si elle téléphone régulièrement, participe à des réunions, prend les transports en commun, etc. Chaque personne baigne dans un environnement sonore particulier qui influe sur le choix des appareils et sur leur réglage ;

→ les caractéristiques de la surdité de la personne : l’audioprothésiste réalise des tests d’audiométrie dans une cabine insonorisée. Il mesure le degré de surdité pour chaque fréquence, chaque intensité, puis mesure les capacités de discrimination de la parole ;

→ l’aspect financier : pour chaque type d’appareil, il existe des gammes distinctes qui correspondent à des performances différentes du processeur. Le coût d’un appareillage pour deux oreilles varie de 1 600 à 4 000 euros, avec un coût moyen de 3 000 euros. Le choix dépend aussi du reste à charge pour le patient.

Quels réglages ?

Chaque appareil dispose de plusieurs centaines de millions de réglages possibles, et il effectue plus d’un milliard de calculs par seconde pour s’adapter aux environnements sonores. Quatre réglages principaux permettent de faciliter l’habituation du patient et de rendre plus performante la compréhension en milieu bruyant :

→ le réglage de gain par fréquence : il permet de régler l’amplification en fonction des caractéristiques de surdité de la personne. En cas de presbyacousie par exemple, les pertes auditives sont variables selon la fréquence ;

→ le réglage de compression : pour une même fréquence, il est possible de régler une amplification différente en fonction de l’intensité du son. Cela autorise par exemple à diminuer les sons très forts, souvent mal supportés par les personnes ayant une surdité de l’oreille interne ;

→ le réducteur de bruits : lorsque l’appareil détecte un bruit autre que la parole (brouhaha, bruit de voiture, de climatisation, etc.), il est capable de le reconnaître et de réduire l’amplification ;

→ le microphone directionnel : lorsque l’appareil détecte plusieurs sons, il est en mesure de savoir d’où ils viennent par rapport au visage de la personne. Il est possible de le régler en mode omnidirectionnel afin d’entendre partout de la même manière, ou en mode directionnel, pour mieux entendre la personne en face. Selon les appareils, le porteur de l’audioprothèse peut sélectionner lui-même un programme normal et un programme directionnel en fonction des situations ou régler l’appareil afin qu’il se mette automatiquement en mode directionnel à partir d’un certain niveau de bruit.

Outre ces réglages, il est désormais possible de connecter les audioprothèses directement au téléphone portable ou à la télévision grâce au Bluetooth, ce qui permet de recevoir directement le son dans son appareil.

Comment les entretenir ?

L’appareil se porte toute la journée et se retire le soir et pour se laver. Tous les soirs, l’audioprothèse doit être nettoyée à l’aide de lingettes ou d’un spray à pulvériser sur l’appareil. À chaque visite chez l’audioprothésiste, ce dernier peut aussi nettoyer intégralement l’appareil pour retirer les cheveux, les squames, etc. Par ailleurs, les audioprothèses fonctionnent soit avec des piles, qui se changent tous les huit à quinze jours, soit avec un chargeur, auquel cas il faut mettre l’appareil tous les soirs en charge afin qu’il soit opérationnel le lendemain.

Quelle prise en charge ?

→ Prescription : les prothèses auditives sont remboursées sur prescription médicale.

→ Remboursement : les tarifs de prise en charge comprennent : l’achat de l’appareil, des accessoires nécessaires à son fonctionnement (piles, embout auriculaire, coque, etc.) ; la prise en charge par l’audioprothésiste ; l’adaptation de la prothèse auditive par l’audioprothésiste ; l’éducation prothétique du patient ; son suivi prothétique régulier et l’envoi au médecin des comptes rendus d’appareillage par l’audioprothésiste. À l’heure actuelle, une audioprothèse pour une oreille est prise en charge à hauteur de 300 euros par l’Assurance maladie, mais l’objectif est d’améliorer cette prise en charge d’ici à 2021 (voir encadré).

Un reste à charge zéro à l’horizon 2021

→ Les tarifs des audioprothèses sont désormais encadrés, et la Sécurité sociale augmente progressivement son remboursement, avec l’objectif d’un reste à charge zéro pour les patients le 1er janvier 2021. Depuis le 1er janvier 2019, le prix des audioprothèses de classe I ne doit plus dépasser 1 300 euros par oreille. Le remboursement par la Sécurité sociale a augmenté, passant de 199,71 euros à 300 euros par appareil. Les enfants et les adolescents de moins de 20 ans et les personnes aveugles bénéficient d’un remboursement intégral. En 2020, le prix limite d’un appareil auditif sera plafonné à 1 100 euros, et la prise en charge par la Sécurité sociale passera à 350 euros. En 2021, les patients auront le choix entre deux types d’offres : l’offre 100 % santé, proposant différents modèles avec douze canaux de réglage et trois options au choix (réducteur de bruit, anti-acouphène, anti-réverbération, etc.). Le prix de l’appareil sera plafonné à 950 euros, avec une prise en charge de 400 euros par la Sécurité sociale. Grâce à la prise en charge complémentaire de la mutuelle, le patient n’aura rien à payer. Il pourra changer son appareil auditif tous les quatre ans pour bénéficier à nouveau d’un reste à charge zéro. L’autre offre, à prix libres, ne limitera pas le choix du patient, qui pourra bénéficier de réglages techniques plus nombreux et plus fins. Les audioprothèses, plus chères, ne devront cependant pas dépasser 1 600 euros, avec 400 euros pris en charge par la Sécurité sociale.

Source : avis relatif à la tarification des aides auditives, paru au Journal officiel le 28 novembre 2018 (consulter le lien bit.ly/2Vi8S9L).

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt.