Une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) montre que, parmi des patients consultant pour une borréliose de Lyme présumée, seulement 9,6 % ont vu ce diagnostic confirmé, ce qui met en évidence un sur-diagnostic et un sur-traitement de cette maladie.
Une étude(1) menée de janvier 2014 à décembre 2017 dans le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, a porté sur 301 patients consultant pour une suspicion de maladie de Lyme. Parmi eux, 275 (91 %) ont été exposés à des morsures de tiques et 165 (54 %) ont été piqués par une tique. À la consultation initiale, 151 avaient déjà été traités, avec une médiane d’un anti-infectieux pendant 34 jours. Les patients ont été classés comme borréliose de Lyme (BL) confirmée lorsqu’ils répondaient à quatre critères : épidémiologiques (exposition à la tique ou morsure), cliniques (signes caractéristiques), biologiques (tests sérologiques IgM ou IgG positifs, Elisa et/ou Western Blot) et évolutifs (guérison après antibiotique). Les patients ont été classés comme BL possible lorsqu’ils remplissaient trois de ces critères, incluant la guérison après un traitement présomptif. Les personnes présentant un érythème migrant ont été classées comme BL confirmée sans tenir compte des résultats des tests sérologiques.
Le diagnostic de BL a ainsi été confirmé chez 29 des 301 patients (9,6 %) et considéré comme possible chez 9 patients (3 %). Parmi les 29 patients atteints de BL confirmée, 10 avaient un érythème migrant, 8 une neuroborréliose, 7 une arthrite et 4 une autre forme cutanée. Parmi les 301 patients, 243 (80,7 %) ont été diagnostiqués avec une autre maladie alors que, pour 20 patients (6,6 %), aucun diagnostic n’a été posé. Ainsi, 76 personnes (25 %) montraient un trouble psychologique, 48 (16 %) une maladie ostéo-articulaire, 37 (12 %) une maladie neurologique et 15 (5 %) un syndrome d’apnée du sommeil. Par ailleurs, 135 patients avaient été sur-traités (traitements antibiotiques trop longs) et 16 sous-traités. « Le traitement présomptif administré avant et/ou après la consultation a échoué dans plus de 80 % des cas », observent les auteurs. Ces derniers concluent que « le sur-diagnostic et le sur-traitement de la BL constituent un réel sujet de préoccupation et un phénomène s’aggravant. Beaucoup de patients ont été traités avec des anti-infectieux inutilement et pendant très longtemps. Cela comporte des risques iatrogènes pour le patient », mettent-ils en garde.
(1) Haddad E., Chabane K., Jaureguiberry S., Monsel G., Pourcher V., Caumes E., Holistic approach in patients with presumed Lyme borreliosis leads to less than 10 % of confirmation and more than 80 % of antibiotics failure, Clinical Infectious Diseases, 2018 (consulter le lien bit.ly/30ocoOU).