L'infirmière Libérale Magazine n° 360 du 01/07/2019

 

HYGIÈNE ET SOINS

ACTUALITÉ

Lisette Gries  

Deux études présentées au congrès de la SF2H mettent en lumière la réticence de certains soignants à se faire vacciner contre la grippe.

LORS DU 30E CONGRÈS ANNUEL DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’HYGIÈNE HOSPITALIÈRE (SF2H), qui s’est tenu à Strasbourg du 5 au 7 juin, deux interventions sur les politiques de prévention ont mis en évidence les freins à la vaccination contre la grippe de la part des professionnels de santé. Le Dr France Borgey, hygiéniste à Caen, a présenté les résultats d’une étude de suivi de la couverture vaccinale dans 11 Ehpad suite à une première campagne de sensibilisation en 2014/2015. Avec des résultats disparates selon les établissements, la répétition annuelle de la campagne a permis de faire progresser le taux de vaccination : il est passé de 27,6 % en 2013/2014 à 33,7 % l’année suivante, lorsque la première campagne de mobilisation a eu lieu. Les hivers suivants, les établissements ont à nouveau bénéficié d’affichages spécifiques et de temps dédiés à la vaccination. Ces efforts ont fini par payer en 2017- 2018, où le taux de couverture vaccinale atteint 46,1 %.

Éviter la contamination

Au cours des entretiens menés lors de cette campagne, l’image négative du vaccin a été évoquée plusieurs fois (IDE « anti-vaccin », injection jugée inefficace, préférence pour l’homéopathie). Dans une étude menée en 2017 et 2018 auprès du personnel des trois établissements du centre hospitalier du Sud Seine-et-Marne, les répondants non vaccinés font part des mêmes réticences. « Ceux qui n’ont jamais été vaccinés expliquent qu’ils n’ont pas confiance dans le vaccin, qu’ils reçoivent trop d’informations contradictoires et qu’ils se méfient des laboratoires, a détaillé Catherine Métais, infirmière hygiéniste. Cette catégorie comprend 43 infirmières, deux personnels médicaux et 63 aides-soignants. » À l’inverse, les personnes qui se font vacciner mettent d’abord en avant leur motivation de ne pas contaminer les autres (entourage, patients, collègues), et pour 34 % il s’agit d’un devoir en tant que personnel soignant. La moitié d’entre elles dit aussi avoir conscience de la gravité potentielle de la maladie.