L'infirmière Libérale Magazine n° 360 du 01/07/2019

 

PATHOLOGIES PROFESSIONNELLES

ACTUALITÉ

Anne-Gaëlle Moulun  

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pointe des risques élevés pour la santé.

DANS UN RAPPORT PUBLIÉ LE 22 MAI, L’ANSES ESTIME À 365 000 LE NOMBRE DE TRAVAILLEURS EXPOSÉS PAR INHALATION À LA SILICE CRISTALLINE, en particulier au quartz, dont 23 000 à 30 000 seraient exposés à des niveaux excédant la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) de 0,1 mg/m3 actuellement en vigueur en France. Par ailleurs, plus de 60000 seraient exposés à des niveaux excédant la VLEP la plus basse proposée au niveau international, établie à 0,025 mg/m3.

La silice cristalline est utilisée pour une multitude d’applications : peintures, caoutchouc, verrerie, chimie, fonderie, bétons, etc. Or elle a été classée comme cancérogène pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 1997 et « toutes les études publiées depuis ont confirmé le lien avec le développement du cancer broncho-pulmonaire », souligne l’Anses. « Le risque est majoré en présence d’une silicose pulmonaire, mais les études disponibles confirment l’existence d’un risque significatif indépendamment de la silicose », précise l’Agence. Elle confirme par ailleurs « une association significative entre une exposition à la silice cristalline et le risque de développer une maladie auto-immune comme la sclérodermie systémique, le lupus érythémateux systémique et la polyarthrite rhumatoïde. De la même manière, l’exposition à la silice cristalline augmente le risque de développer des pathologies respiratoires non malignes autres que la silicose, telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’emphysème, la tuberculose ». L’Anses a également observé une « association entre l’exposition à la silice cristalline et le risque de pathologie rénale ou d’une pneumopathie infiltrante diffuse de type fibrose pulmonaire idiopathique, mais les données actuellement disponibles sont insuffisantes pour expliquer ces relations de manière précise ». L’Anses pointe donc un risque sanitaire « particulièrement élevé pour la population professionnelle exposée à la silice cristalline à des niveaux supérieurs ou équivalents à la VLEP actuellement en vigueur en France ».

L’Agence rappelle l’importance de la prévention contre les risques liés à l’exposition à des agents cancérogènes ou mutagènes au travail et recommande de réviser les VLEP pour la silice cristalline, jugés insuffisamment protectrices. Concernant la surveillance médicale, elle préconise notamment des évolutions du diagnostic et du dépistage de certaines pathologies (silicose, tuberculose, pathologies rénales) pour des sujets exposés ou ayant été exposés professionnellement à la silice cristalline. Enfin, elle recommande que la révision des tableaux de maladies professionnelles en lien avec la silice cristalline soit engagée.