L'infirmière Libérale Magazine n° 360 du 01/07/2019

 

ASSURANCE MALADIE

ACTUALITÉ

A. R.  

Des négociations sont ouvertes entre les syndicats d’Idels et l’Assurance maladie pour définir le modèle économique de la pratique avancée.

« ON VA QUALIFIER CES NÉGOCIATIONS D’ARDUES, mais de toute façon, c’est rarement facile avec Nicolas Revel [le directeur général de la Cnam, ndlr]. » Tel est le commentaire de Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), à l’issue de la deuxième séance de négociations sur la rémunération des infirmières de pratique avancée (IPA) libérales. L’enjeu de ces discussions, ouvertes le 5 juin entre les trois syndicats d’Idels représentatifs et la Cnam, peut paraître minime à court terme : une petite trentaine d’infirmières sortiront des masters de pratique avancée en septembre pour pratiquer en ville. Mais les effectifs sont appelés à grossir rapidement. Et pour l’instant, les syndicats d’Idels ne sont pas satisfaits des propositions qui sont sur la table. « L’Assurance maladie envisage un forfait unique, quelles que soient les pathologies, qui reviendrait à 100 euros par patient suivi et par an, à raison de quatre consultations par an, pour un temps de travail estimé à deux heures et trente minutes, détaille Daniel Guillerm. Son idée est d’arriver à une rémunération des IPA libérales qui s’apparente à celle des salariées, ce qui obère les contraintes de l’exercice libéral ! » Même déception du côté de Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). « Ces propositions sont presque vexatoires », s’indigne-t-elle. Pas davantage de satisfaction à l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa), jeune syndicat qui ne participait pas aux négociations car non représentatif, mais qui les a suivies de près. « Ce forfait est ridiculement bas par rapport à ce que je devrai faire avec un patient porteur de maladie chronique », juge Pierrette Meury, viceprésidente de cette nouvelle structure. Pour cette Idel, qui sera diplômée en pratique avancée en juillet, la prise en charge d’un patient présentant par exemple deux maladies chroniques nécessite, rien que pour le premier mois, au moins trois heures : première consultation en commun avec le médecin, puis anamnèse complète, examens complémentaires, construction d’un plan de soins… « Pour 100 euros par an et par patient, on va m’obliger à faire un boulot bâclé », se désole-t-elle. Selon elle, la solution consistera donc - malheureusement - à travailler en exercice mixte : en pratique avancée pour une partie du temps, et en pratique libérale classique pour le reste. Ce qui ne sera pas sans poser de problèmes aux autres Idels du secteur. « Si l’IPA a un lien privilégié avec un médecin dans le cadre de sa pratique avancée, dans quelle mesure vat- elle en profiter pour récupérer des patients par ailleurs ?, demande Catherine Kirnidis. Les autres cabinets pourraient y voir une concurrence déloyale. » L’heure est donc à l’inquiétude : comme le soulignait avant l’ouverture des négociations Delphine Champetier, directrice de l’offre de soins à la Cnam, il faut « une solution qui fonctionne à l’automne prochain » pour permettre aux premières IPA libérales de se mettre au travail. Deux réunions sont prévues début juillet pour sortir de l’impasse.