IPA et spécialités : pas de mariage en vue - L'Infirmière Libérale Magazine n° 360 du 01/07/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 360 du 01/07/2019

 

MATINALES DE L’ORDRE

ACTUALITÉ

Adrien Renaud  

Que vont devenir les Iade, les Ibode et les puéricultrices avec l’avènement des infirmières de pratique avancée (IPA) ?

PATHOLOGIES CHRONIQUES STABILISÉES, ONCOLOGIE, MALADIE RÉNALE, ET BIENTÔT PSYCHIATRIE. Telles sont les quatre « mentions » que pourront arborer les IPA. Elles ne viendront donc pas s’immiscer directement dans le travail des trois spécialités infirmières reconnues à ce jour : infirmière anesthésiste diplômée d’État (Iade), infirmière de bloc opératoire diplômée d’État (Ibode) et infirmière puéricultrice. Pourtant, la cohabitation entre IPA et infirmières spécialisées nécessite quelques clarifications, que le débat organisé par l’Ordre national des infirmiers (ONI) début juin, à Paris, a permis d’apporter.

Lors de ces discussions, c’est probablement Charles Eury, président de l’Association nationale des puéricultrices diplômées et étudiantes (ANPDE), qui résume le mieux la problématique. « La pratique avancée, de manière conceptuelle, nous sommes en train d’y aller », affirme-t-il, prenant aussitôt soin de préciser qu’il parle d’une manière d’exercer son métier plus autonome, et non pas du statut juridique d’IPA qui n’est selon lui « pas l’alpha et l’oméga de ce que l’on peut proposer pour la suite ».

Chacun voit midi à sa porte

Pour la suite, justement, les représentants des trois spécialités ont des idées. Les puéricultrices, par exemple, entendent bien se battre pour obtenir la possibilité de prescrire certains bilans ou dispositifs médicaux. « Il y a des infirmières puéricultrices qui partent tous les jours avec des ordonnanciers signés qu’elles remplissent elles-mêmes, déplore Charles Eury. Elles sont conscientes des risques, mais ne peuvent pas faire autrement. » Du côté des Iade, les ambitions sont encore plus grandes. « Nous revendiquons un statut de profession intermédiaire », indique Nico Decock, membre du bureau du Syndicat national des Iade (Snia). « Notre pratique a évolué vers une telle identité professionnelle, avec une telle autonomie, que nous ne nous retrouvons plus ni dans les spécialités ni dans les pratiques avancées. »

L’intégralité de l’exclusivité

Les Ibode, enfin, aimeraient plus modestement faire appliquer la réglementation en vigueur et disposer du plein exercice des fameux « actes exclusifs », ces gestes qui ne peuvent théoriquement être effectués que par elles et qui ont été instaurés par un décret de janvier 2015. Or, la partie de ce décret relative à l’exposition, l’hémostase et l’aspiration n’est toujours pas appliquée. Quant aux autres actes (aide à l’installation du patient, suture, drainage, etc.), ils nécessitent la mise en place de protocoles dans les services.

« Aujourd’hui, sans protocole signé par le chirurgien, nous ne pouvons pas mettre en place les actes exclusifs », regrette Magali Delhoste, présidente de l’Union nationale des associations d’Ibode (Unaibode). Celle-ci estime que tant que les Ibode ne seront pas plus nombreuses dans les services, « il sera difficile d’imposer les actes exclusifs ». D’où la nécessité, selon elle, de faciliter l’intégration des infirmières dans les écoles d’Ibode. Moralité : les infirmières spécialistes n’ont pas besoin des pratiques avancées pour faire avancer leur pratique !