Le renoncement mis en lumière - L'Infirmière Libérale Magazine n° 360 du 01/07/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 360 du 01/07/2019

 

ACCÈS AUX SOINS

ACTUALITÉ

Véronique Hunsinger  

Lors d’un colloque sur le « renoncement et l’accès aux soins » en juin, l’Assurance maladie a indiqué que son dispositif d’accompagnement personnalisé a déjà bénéficié à plus de 100 000 assurés.

SELON LE BAROMÈTRE ANNUEL DU RENONCEMENT AUX SOINS (BRS) RÉALISÉ PAR L’OBSERVATOIRE DES NON-RECOURS AUX DROITS ET SERVICES (ODENORE), le phénomène est loin d’être « résiduel » auprès des populations enquêtées par l’Assurance maladie, au travers de questionnaires et d’entretiens, puisqu’il concerne un quart des répondants. Même s’il reste toujours délicat à mesurer, le renoncement aux soins est un « concept très fécond, car il possède un pouvoir d’interpellation très fort », a noté, en introduction du colloque de l’Assurance maladie consacré à ce sujet, la chercheuse Mireille Elbaum. « Il y a eu des avancées, notamment grâce à la couverture santé universelle et la fusion de l’ACS (aide à la complémentaire santé, ndlr) et de la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire, ndlr), qui devrait permettre aux personnes d’accéder à une couverture complémentaire moins onéreuse et de meilleure qualité, a-t-elle ajouté. Mais il y a encore de nombreuses difficultés, par exemple sur la question des dépassements d’honoraires des médecins même si, par ailleurs, la mise en place du reste à charge zéro sur les lunettes, les prothèses auditives et dentaires constitue un progrès. On note aussi de nouveaux phénomènes de précarité qui empêchent des assurés de se maintenir dans leurs droits, en particulier les migrants et les travailleurs des plateformes numériques. »

Repérer et accompagner

L’Assurance maladie a la conviction que le renoncement aux soins est une « réalité dont l’ampleur est largement sous-estimée » et que « ses conséquences sont sanitaires mais aussi sociales, professionnelles et enfin économiques, car ne pas se soigner a évidemment un coût pour la collectivité », a souligné pour sa part son directeur général, Nicolas Revel. Pour tenter de remédier au problème, des plateformes d’intervention départementales pour l’accès aux soins et à la santé (Pfidass) ont été déployées dans les CPAM à la suite d’une première expérimentation dans le Gard en 2014. Elles ont pour objectifs de repérer les cas de renoncement aux soins puis d’accompagner les assurés dans leurs démarches, soit pour faire valoir leurs droits, notamment à la CMU-C, soit pour se faire soigner, en les aidant à prendre les rendez-vous auprès des professionnels de santé. Les travaux de l’Odenore ont montré que le renoncement aux soins relève d’une « combinaison de facteurs qui constituent des barrières », selon les mots de Philippe Warin, son cofondateur. En effet, les délais pour obtenir un rendez- vous ou l’inaccessibilité géographique peuvent parfois constituer des barrières aussi importantes que le reste à charge financier. Les Pfidass ont déjà bénéficié à près de 100 000 assurés.