CADRE DE SANTÉ AU CHU PÉDIATRIQUE CHARLES-DE-GAULLE DE OUAGADOUGOU (BURKINA FASO), PIERRETTE NEBIE EST BÉNÉVOLE POUR MÉCÉNAT CHIRURGIE CARDIAQUE.
« C’est parce que je suis impliquée dans l’organisation de la prise en charge des enfants porteurs d’affections cardiovasculaires et de leur évacuation sanitaire qu’un médecin cardiologue de l’hôpital, référent bénévole pour l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque, m’a proposé en juillet 2015 de le rejoindre. L’enfant malade rencontre d’abord le cardiologue qui juge de l’éligibilité de la pathologie cardiaque à une prise en charge chirurgicale ou interventionnelle. Le plateau technique n’étant pas disponible localement, un dossier médical complet de demande de prise en charge doit être transmis à l’association, en France. Si le dossier est accepté, en tant qu’appui à l’organisation des évacuations sanitaires, mon rôle consiste à gérer les formalités administratives (passeport, autorisations parentales, demande de visa) en coordination avec les parents, les autorités administratives et l’association. J’assure aussi l’interface entre les cardiologues et les parents, j’informe les médecins de l’évolution en temps réels des patients, de l’avant-évacuation à l’après, tant sur le plan médical que social. Cette activité de bénévolat exige un engagement personnel très fort. Nous croisons tant de situations différentes, heureuses ou malheureuses. Je me souviens du cas d’une petite fille opérée en avril 2016. Elle était issue d’une famille très démunie et analphabète. Son évacuation en France s’était bien passée grâce à l’accord et à la collaboration de ses parents. Mais une fois les parents rentrés au village sans leur fille, le couple a rencontré l’hostilité des autres membres de la famille qui ne croyaient pas à l’évacuation sanitaire de l’enfant, allant jusqu’à accuser la mère d’avoir vendu sa fille… Devant le tollé général, le père s’est désolidarisé de la mère, abandonnant la pauvre femme.
Pratiquement chassée du village et sommée de ramener l’enfant, elle est venue solliciter notre aide. Nous avons récupéré des photos de sa fille prises lors des étapes pré- et postopératoires. Munie de ces « preuves », la maman a pu réintégrer son foyer. À son retour, la petite a été accueillie avec beaucoup de joie et d’amour par la grande famille qui pensait, à sa manière, la protéger… Depuis ce cas, le processus de communication a été réajusté, avec une présence plus appuyée du service social de l’hôpital ! »