CAHIER DE FORMATION
SAVOIR FAIRE
« Contrairement à ce que l’on croit, la cirrhose n’est pas toujours imputable à une consommation excessive d’alcool. Toutes les maladies inflammatoires chroniques du foie peuvent entraîner une cirrhose », rappelle Julie Devictor, infirmière coordinatrice dans le service d’hépatologie de l’hôpital Beaujon (Clichy). « Plusieurs signes sont évocateurs d’une cirrhose décompensée. Si l’Idel les détecte, elle doit rapidement appeler l’hôpital ou le gastro-entérologue. »
« Si le patient est ictérique ou s’il dit avoir les jambes ou le ventre qui gonflent, il faut que l’hôpital soit averti », signale Julie Devictor. En cas de cirrhose avancée, le foie n’arrive plus à assurer normalement plusieurs fonctions, notamment la décomposition de la bilirubine, ce qui peut entraîner un ictère avec coloration jaunâtre de la peau et du blanc de l’œil. Si les fonctions du foie sont altérées, la production de protéines sériques peut être réduite, ce qui accroît le risque d’œdème et d’ascite. Il y a une tendance aux saignements liés à la baisse de production de protéines importantes pour la coagulation sanguine. Tout patient avec de l’ascite, qui présente un syndrome fébrile, doit bénéficier d’un bilan infectieux. L’infection spontanée du liquide d’ascite est une complication fréquente et grave de la cirrhose.
« Si le patient est “bizarre”, présente un comportement inadapté comme de l’agressivité ou s’il est totalement endormi, il faut également alerter l’hôpital », prévient Julie Devictor. Il peut s’agir d’une encéphalopathie hépatique, une affection qui perturbe, voire met hors-circuit certaines fonctions cérébrales. Parmi les causes possibles : une infection, des médicaments contre-indiqués, un saignement. En cas de cirrhose, le sang ne parvenant plus dans le foie n’est plus drainé et transformé. Les substances toxiques, et notamment l’ammoniac, restent dans l’organisme et peuvent parvenir jusqu’au cerveau.
L’hypertension de la veine porte peut entraîner la dilatation d’autres vaisseaux, par exemple dans l’œsophage ou dans l’estomac, susceptible de provoquer la formation de varices œsophagiennes ou gastriques. Pour empêcher les hémorragies qui mettent en jeu le pronostic vital, le malade peut recevoir des bétabloquants ou une ligature préventive des varices œsophagiennes (par voie endoscopique). Un dépistage des varices par voie endoscopique doit être réalisé chez tous les patients suspects d’avoir une cirrhose (1).
« Tous les médicaments métabolisés par le foie sont contre-indiqués. Et la liste est sans fin, met en garde Julie Devictor. Benzodiazépines, morphine et dérivés, etc. Il faut absolument être vigilant sur le paracétamol, souvent pris sans prescription. Beaucoup de patients viennent pour un bilan d’urgence en ayant pris juste avant du paracétamol car ils avaient mal au ventre ou aux dents. »
Après l’opération, il convient d’être attentif à l’insuffisance hépatique due à la petite taille du foie laissé en place. Dans ce cas, le patient peut présenter dans les 5 à 7 jours suivant l’opération de la fièvre, un ictère, de la fatigue…
L’effet le plus fréquent est celui d’une douleur au niveau de l’abdomen dans les heures qui suivent l’intervention. La principale complication est le risque d’hématome. Il y a aussi un risque d’abcès au foie. La zone traitée peut s’infecter. Une fièvre peut apparaître. Si tel est le cas, l’abcès doit être traité par des antibiotiques. D’autres complications peuvent survenir : thrombose dans les vaisseaux due à la présence de sang coagulé ; épanchement (accumulation de liquide) dans la région de la plèvre ; dissémination de métastases. Un premier contrôle a lieu 2 à 3 mois après l’intervention pour vérifier si la tumeur a disparu.
Des nausées, des douleurs dans le ventre et de la fièvre sont très fréquentes dans les premiers temps après l’intervention. En cas d’évolution brutale de ces effets secondaires, alerter d’urgence l’hôpital. Des complications peuvent également survenir, comme un hématome au niveau de l’aine ou plus rarement une infection sur le site de la chimio-embolisation, prise en charge par un traitement antibiotique. Une chute de cheveux se produit parfois après l’intervention. Elle est très rare et toujours temporaire.
(1) SNFGE - AFEF, Prévention et traitement des hémorragies digestives liées à l’HTP chez les malades atteints de cirrhose, 2016 (consulter le lien bit.ly/SNFGE_AFEF).
Madame T. présente une cirrhose de Child Pugh B. Porteuse du virus de l’hépatite C, elle a été hospitalisée pour un bilan hépatique. De retour à domicile, elle est très fragile. Vous intervenez à son domicile pour des perfusions d’antibiotiques et l’administration d’anticoagulants. Pour renforcer ses apports nutritionnels, des compléments alimentaires lui ont été prescrits. Aujourd’hui, Mme T. vous semble « bizarre ». Elle est endormie, complètement apathique, dans son fauteuil. Elle se plaint de céphalées et vous demande du paracétamol.
La confusion de Mme T. vous alerte et vous décidez de joindre l’hôpital où elle a été prise en charge. Vous suspectez une encéphalopathie hépatique.