L'infirmière Libérale Magazine n° 361 du 01/09/2019

 

ÉDITO

Sylvie Gervaise  

directrice
des rédactions

CET ÉTÉ A VU GRIMPER LE MERCURE EN MÊME TEMPS QUE NOTRE NIVEAU DE VIGILANCE VIS-À-VIS DES PLUS VULNÉRABLES, dont nos aînés. Nous ne devons cependant pas relâcher notre attention le reste du temps, à l’égard de ceux dont le passage dans le grand âge s’allonge année après année. Ce numéro de rentrée les concerne, et nous concerne. « Ne pas honorer la vieillesse, c’est démolir la maison où l’on doit coucher le soir », écrivait le romancier Alphonse Karr (1).

Pour leur permettre de vivre leur vieillesse dans ce qui nous semble être les meilleures conditions, pour pallier leurs difficultés, qu’ils vivent à domicile, dans la précarité ou dans un désert médical, des projets de loi, des décrets émergent. On pense réseaux, on acte que les professionnels doivent être mieux formés aux maladies chroniques, plus experts. Mais sommes-nous bien au fait des aspirations de nos aînés ? Que sait-on de leur solitude ? « L’âge est un secret bien gardé. Dire ce qu’est la vieillesse, c’est chercher à décrire la neige à des gens qui vivent sous les tropiques », confiait la journaliste et romancière Benoîte Groult en 2006 (2). Les sujets âgés ont le sentiment d’être des fardeaux, se sentent coupables face à l’image que leur renvoie la société.

La tâche s’avère si délicate que le Premier ministre a attribué à une infirmière députée une mission sur la place des personnes âgées dans la société (lire l’interview p. 24), tandis qu’un projet de loi sur le grand âge est en préparation pour la fin d’année (lire le dossier p. 26). Si le développement de prises en charge personnalisées reste la priorité, la réflexion inclut un axe non moins prioritaire : la valorisation des métiers du grand âge. Un chantier ambitieux pour une rentrée studieuse !

(1) Alphonse Karr, Une Poignée de vérités. Mélanges philosophiques, 1858.

(2) Benoîte Groult, La Touche étoile, Grasset, 2006.