Gynécologie
CAHIER DE FORMATION
POINT SUR
docteur en pharmacie
En France, la loi permet à toute femme majeure ou mineure de recourir à une interruption volontaire de grossesse jusqu’à la fin de la 14e semaine d’aménorrhée. Retour sur les protocoles et les conseils à donner.
→ L’interruption volontaire de grossesse (IVG) peut être réalisée par une méthode médicamenteuse ou instrumentale (appelée aussi IVG chirurgicale) : le choix entre les deux techniques dépendant essentiellement du stade de la grossesse et des préférences de la patiente.
→ L’IVG médicamenteuse peut être réalisée dans un cabinet de ville, un centre de planification ou un centre de santé jusqu’à 7 semaines d’aménorrhée (depuis le premier jour des dernières règles ou 5 semaines de grossesse). Ce délai est allongé à 9 semaines d’aménorrhée si l’intervention est pratiquée dans un établissement de santé (hôpital, clinique). L’IVG instrumentale peut être proposée jusqu’à 14 semaines d’aménorrhée : elle est réservée aux établissements de santé ou aux centres de santé habilités.
→ L’IVG médicamenteuse peut être pratiquée par un médecin ou une sage-femme habilités qui, s’ils exercent « en ville », doivent avoir signé une convention avec un établissement de santé prêt à accueillir les patientes si besoin, de jour comme de nuit. L’IVG instrumentale ne peut être pratiquée que par un médecin dans un établissement de santé (hôpital ou clinique) ou un centre de santé habilité.
→ Elle repose sur la prise successive de deux médicaments : un antiprogestérone, la mifépristone (Mifegyne, 600 ou 200 mg en une prise orale), puis, 36 à 48 heures plus tard, un analogue de la prostaglandine : soit le misoprostol par voie orale (le plus souvent jusqu’à 7 semaines d’aménorrhée : Gymiso ou MisoOne, 400 µg en une prise), soit le géméprost par voie vaginale (Cervageme, à l’hôpital).
→ Si la prise de mifépristone se fait toujours en présence du soignant (de même que celle du géméprost), l’administration du misoprostol peut avoir lieu au domicile de la patiente, les comprimés lui étant alors remis par le praticien au cours de la consultation.
→ L’efficacité de la méthode médicamenteuse est de 92 à 96 %.
→ Elle consiste en l’évacuation du contenu utérin par aspiration sous anesthésie locale ou générale. Réalisée en ambulatoire, l’intervention dure une dizaine de minutes. Une surveillance de quelques heures est nécessaire.
→ Le geste chirurgical est précédé d’un traitement visant à dilater le col : prise de mifépristone 48 heures avant l’aspiration ou d’une prostaglandine (misoprostol ou géméprost).
→ Le taux de réussite de cette méthode est de 99,7 %.
Deux consultations médicales sont nécessaires.
→ Elle permet d’expliquer les avantages et inconvénients des deux méthodes, d’estimer l’âge gestationnel, selon les cas d’informer sur les infections sexuellement transmissibles et leur dépistage, de discuter de la méthode de contraception.
→ Les situations devant faire renoncer à une IVG médicamenteuse sont recherchées : asthme sévère non contrôlé ou insuffisance surrénale chronique contre-indiquant la prostaglandine (Mefigyne), suspicion de grossesse extra-utérine, risque hémorragique accru (traitement anticoagulant en cours…), anémie profonde (en raison de saignements pouvant être importants). Certaines situations peuvent par ailleurs amener à déconseiller une IVG médicamenteuse à domicile et préférer sa réalisation à l’hôpital : difficultés de compréhension de la méthode, absence d’adulte susceptible de porter assistance en cas de besoin, délai supérieur à une heure pour se rendre dans l’établissement de santé. Il n’existe pas en revanche de contre-indication à l’IVG instrumentale.
→ Une consultation psychosociale n’est obligatoire que pour les patientes mineures.
Depuis janvier 2016, il n’y a plus de délai légal à respecter entre la consultation d’information et le recueil du consentement écrit, sauf si une consultation psychosociale a eu lieu : un délai de 48 heures est alors exigé.
→ Un dosage sanguin d’hCG (hormone chorionique gonadotrope) est généralement prescrit 15 jours après l’avortement : l’interruption de la grossesse est confirmée si le taux d’hCG a diminué de 80 % par rapport au dosage réalisé avant l’IVG (attention, les tests urinaires de grossesse risquent encore d’être positifs).
→ Une visite de contrôle est recommandée 2 à 3 semaines après l’IVG pour vérifier qu’il n’y a pas de signes infectieux et s’assurer que l’expulsion du sac gestationnel est bien complète, notamment pour une IVG médicamenteuse. En cas d’échec d’une IVG médicamenteuse, un geste instrumental est proposé. Si la femme désire poursuivre la grossesse, elle doit être informée du risque tératogène lié au misoprostol.
→ Les douleurs pelviennes sont prévenues par la prise d’antalgiques. Les saignements sont surtout importants en cas d’IVG médicamenteuse. Quelle que soit la méthode, une fièvre > 38 °C et/ou des douleurs importantes malgré la prise des antalgiques doivent amener à consulter. De même, lors de saignements importants nécessitant de changer de serviette hygiénique toutes les 30 minutes plus de 2 heures de suite. À l’inverse, pas ou peu de saignements les 2 à 3 jours suivant la prise du misoprostol font suspecter un échec de l’avortement.
→ Les complications (hémorragie, risque infectieux) sont rares, voire exceptionnelles. Des recommandations de prudence sont toutefois données pour prévenir une infection (le col utérin étant dilaté) : pas de tampons, de bains ni de piscine les jours suivant l’IVG.
→ Une grossesse est possible le mois suivant l’IVG, ce qui implique de débuter sans délai une méthode contraceptive : les estroprogestatifs ou les progestatifs sont débutés le jour même ou le lendemain de l’IVG ; le dispositif intra-utérin peut être mis en place immédiatement après une IVG instrumentale et au moment de la visite de contrôle en cas d’IVG médicamenteuse.
L’auteure déclare ne pas avoir de liens d’intérêt.
Le consentement écrit de l’un des parents ou du représentant légal n’est pas nécessaire. La jeune femme doit en revanche être accompagnée dans sa démarche par une personne majeure de son choix. L’anonymat est prévu par la loi pour toute jeune fille mineure réalisant une IVG sans consentement parental.
→ Recours à l’IVG stable depuis 2017 : 216 700 IVG.
→ 1 femme sur 3 a recours à une IVG au moins une fois dans sa vie.
→ 2 IVG sur 3 sont réalisées de façon médicamenteuse.
* Données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).