L'infirmière Libérale Magazine n° 362 du 01/10/2019

 

SÉCURITÉ SOCIALE

ACTUALITÉ

Véronique Hunsinger  

Deux parlementaires ont présenté à la rentrée un rapport sur la fraude sociale, alertant sur le risque de fausses cartes Vitale.

La sénatrice Nathalie Goulet (UDI) et la députée Carole Grandjean (LREM) ne rendront qu’en novembre le rapport final commandé par le Premier ministre sur la lutte contre les fraudes aux prestations sociales. Mais elles ont déjà dévoilé de premières observations alarmistes, insistant notamment sur des fraudes potentielles liées à la carte Vitale, ce qui a déclenché la polémique. Les deux parlementaires sont, en effet, parties du constat que, dans les bases de données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui servent de référence aux organismes de sécurité sociale, 84 millions d’habitants seraient « réputés en vie » en France, en l’absence de certificats de décès communiqués, dont 3,1 millions de centenaires. Or, ces derniers seraient plutôt au nombre de 21 000. Pour éviter toute tentation frauduleuse, les deux parlementaires suggèrent donc de limiter la durée de vie des cartes Vitale et de rendre obligatoires des preuves de vie des assurés. « Ce sont des dispositions qu’ont déjà prises d’autres États européens, a fait valoir Carole Grandjean, devant la presse. Si on quitte définitivement le territoire, la carte doit être désactivée. » Les parlementaires déplorent en effet que tout « repose presque exclusivement sur un système déclaratif qui favorise la fraude ».

L’Assurance maladie a immédiatement contesté ces conclusions. Dans un communiqué, elle indique comptabiliser 59,4 millions de cartes Vitale actives et précise que, depuis la création du dispositif, plus de 42 millions de cartes Vitale ont été par ailleurs désactivées. « Une fois désactivées, ces cartes Vitale ne permettent aucun remboursement, insiste la Cnam. Ce n’est en effet pas parce qu’une carte Vitale n’a pas été récupérée ou détruite, notamment suite à un décès, une perte, un vol ou une fermeture de droits, qu’elle reste active et permet un remboursement. » Pour appuyer sa défense, l’Assurance maladie renvoie vers un autre rapport parlementaire, celui du sénateur centriste Jean-Marie Vanlerenberghe, publié en juin, qui « après enquête approfondie auprès des différents organismes de sécurité sociale, estimait que l’ensemble des travaux permet de considérer sur une base objective que le risque financier associé aux faux numéros de sécurité sociale créés en 2017 est de l’ordre de 5,6 millions d’euros », bien moins que ce que laisse croire l’existence supposée de 14 millions de cartes Vitale surnuméraires. La Cnam devrait, par ailleurs, présenter dans les prochaines semaines un bilan de sa lutte contre les fraudes.

L’A.M.E. DANS LE COLLIMATEUR DU GOUVERNEMENT

Selon des indiscrétions parues dans la presse à la rentrée, corroborées par des députés de la majorité, le président de la République souhaiterait revoir le panier de soins des bénéficiaires de l’aide médicale d’État (AME). Ce qui est certain en tout cas, c’est que le gouvernement a chargé l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection des finances d’une mission sur l’AME dont les conclusions sont attendues pour l’automne. Au courant de l’été, une dizaine d’associations du secteur de la solidarité et de l’humanitaire avaient tiré la sonnette d’alarme estimant que « les conséquences d’une limitation de ce dispositif seraient dramatiques pour les personnes et la santé publique ». Selon elles, « puisque l’AME favorise le diagnostic et la prise en charge de maladies transmissibles ou contagieuses, c’est l’ensemble de la population qu’elle protège ». Un point de vue partagé par la fédération des associations de patients, France Assos Santé, qui juge que « l’AME est un dispositif contrôlé qui permet d’éviter des complications dramatiques pour les personnes, des hospitalisations coûteuses et la transmission de maladies infectieuses ». Lors des précédents débats sur le budget de la sécurité sociale, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait toujours manifesté son attachement à ce dispositif dont le coût est évalué à 0,5 % des dépenses de l’Assurance maladie.

Articles de la même rubrique d'un même numéro