L'infirmière Libérale Magazine n° 362 du 01/10/2019

 

ÉDITO

Sylvie Gervaise  

directrice
des rédactions

Alors que se déroule le Grenelle contre les violences conjugales jusqu’au 25 novembre, on ne pouvait passer sous silence la vérité criante de notre impuissance à infléchir le nombre de femmes victimes de violences chaque année.

Les échanges prévus entre représentants de l’État, associations, professionnels soignants et proches des victimes devraient permettre de trouver des mesures efficaces pour enrayer ce fléau. On attend plus qu’une enveloppe, ne serait-ce que pour faciliter les premiers pas du parcours des victimes.

Les professionnels sont unanimes (lire notre dossier p. 26), il faut se former pour être efficace et accompagner au mieux les femmes qui subissent des violences. Regarder, écouter, inviter à parler, informer, orienter : on pense savoir. Mais face à une situation à risque potentiel de maltraitance sur une femme, comment faire en sorte qu’elle s’épanche, de ne pas la brusquer, qu’elle ne se sente pas jugée ? Cette étape est pourtant primordiale pour entamer un parcours adapté, et les infirmières libérales y ont un rôle crucial.

D’autres acteurs conditionnent tout autant l’accès à une prise en charge, mais ils ne sont pas toujours préparés et formés à l’accueil des victimes. Gendarmes et policiers sont également exposés à des appels à l’aide auxquels ils ne répondent pas toujours de façon conforme (le 3 septembre, un gendarme a refusé d’accompagner chez elle une femme battue qui lui demandait protection pour récupérer quelques affaires). La Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), gérée par 18 avocates, déplore quant à elle des carences dans le système judiciaire. Soulignons à ce propos le recrutement de 73 psychologues dans les commissariats, un signe en faveur d’une plus grande sensibilisation. C’est chaque maillon de la chaîne qu’il faut consolider pour réduire les issues fatales. Lois et circulaires n’y suffiront pas.