Intégrée depuis cette année sur la plateforme d’admission à l’enseignement supérieur Parcoursup, la formation en soins infirmiers a été la plus choisie par les bacheliers. Les quelques couacs rencontrés laissent présager des ajustements pour les prochaines sessions.
Depuis vendredi 13 septembre, quasiment toutes les places en institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) sont pourvues. « Le premier objectif de la réforme est satisfait, les Ifsi sont pleins », se félicite Stéphane Le Bouler, responsable du projet d’universitarisation des formations paramédicales et de maïeutique. Un lycéen sur dix, soit 103 605 candidats, a postulé à une place en Ifsi. « En supprimant la barrière à l’entrée de la formation que pouvait représenter le concours et en la rendant visible, nous savions que cela allait drainer des candidats », explique-t-il. « Ce si grand nombre de candidats montre l’intérêt pour la profession », poursuit Isabelle Bayle, vice-présidente en charge de la recherche et de l’innovation au Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). Un bémol cependant : certains ont bloqué des places en ne se positionnant pas immédiatement sur leur orientation après avoir obtenu une réponse. D’autres ont alors été mis sur liste d’attente, générant du stress. Sans compter les bacheliers qui ont multiplié les vœux, entraînant quelque 1,5 million de sous-vœux émis pour les Ifsi. Une réflexion va être menée pour instaurer une régulation.
Sur les 30 920 places disponibles, 25 500 ont été allouées via Parcoursup, le reste l’ayant été par le dispositif de la seconde voie. Dans l’affectation des places, la diversité des candidats a été préservée. Les bacheliers, les reconversions professionnelles et les candidats issus de classes prépas admis sont à 44 % titulaires d’un bac général, à 39 % d’un bac technologique et à 17 % d’un bac pro. « Nous sommes satisfaits du processus de formation désormais gratuit et de la diversité des profils », indique Bilal Latreche, président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).
La suppression des classes préparatoires a beaucoup fait parler d’elle, notamment en raison des bacheliers ayant déjà investi dans une année de prépa avant l’annonce de la suppression du concours. « Les candidats ayant effectué une classe prépa ont reçu une proposition d’intégrer un Ifsi à hauteur de 55 %, soit 22 points de plus que les autres, annonce Stéphane Le Bouler. C’est logique, car ils ont présenté un dossier favorable sur le plan scolaire, des éléments de motivation et un début de connaissances sur le métier. »
Un travail reste cependant à mener sur la prise en main de la plateforme Parcoursup par les bacheliers, car certains ont eu des difficultés. « Nous allons travailler sur la façon de communiquer pour rendre l’outil accessible et ergonomique », rapporte Bilal Latreche. Idem pour le projet motivé qui n’a pas toujours été bien compris par les candidats. « Certains n’ont pas été clairs sur ce qu’ils ont pu tirer de leurs expériences, fait savoir Florence Girard, présidente de l’Association nationale des directeurs d’école paramédicale (Andep). Les futurs candidats doivent vraiment s’imprégner des attendus pour faire le lien avec leur projet motivé. » « Il faut améliorer le dispositif de communication à l’attention des candidats, de leur famille et des professeurs, renchérit Isabelle Bayle. Nous avons demandé la création d’un document national afin de mieux accompagner les lycéens dans leur orientation professionnelle, car beaucoup nous ont appelés en détresse face à l’outil. » Un autre document sera dédié aux professeurs afin qu’ils sachent comment assister les élèves dans leur projet.
Le Cefiec souhaite par ailleurs « une directive un peu plus claire concernant la procédure afin d’avoir une harmonisation du fonctionnement des commissions d’examen des vœux, explique Isabelle Bayle. Ce document permettrait notamment d’assurer une équité entre les étudiants ». Le Cefiec a aussi demandé un accompagnement des administrateurs de la plateforme Parcoursup qui, au sein de chaque bassin universitaire, président la commission des vœux, gèrent la procédure et représentent les Ifsi. Ils en bénéficieront à l’avenir et disposeront d’un document exposant leurs missions.
Concernant la seconde voie, dont l’accès se fait toujours sur concours et entretien, « nous nous sommes parfois retrouvés face à des personnes qui se cherchaient encore un peu, souligne Florence Girard. Leur motivation n’était pas toujours facile à expliciter. Il faut que leur reconversion soit mûre et réfléchie et que les candidats s’imprègnent, eux aussi, des aptitudes attendues ».
L’articulation entre la voie de la formation professionnelle continue et Parcoursup va par ailleurs être réexaminée. « Le tiers du recrutement prévu a été atteint pour la voie professionnelle mais pas de la façon dont on le pensait, indique Stéphane Le Bouler. La moitié a été recrutée par la voie dédiée, à savoir le concours, et l’autre moitié des professionnels en reconversion, détenteurs du bac, sont passés par Parcoursup. Il va falloir mieux articuler les deux voies pour une gestion optimale des capacités. » Le maintien du concours payant va également être repensé.
Un dispositif rebond est en train d’être mis en place par les universités pour les bacheliers sans affectation. Cette mesure va leur permettre, pendant un an, d’acquérir des ECTS (European Credit Transfer and Accumulation System) en suivant des cours pour découvrir le secteur médico-social. « Nous avons voulu leur proposer une solution d’accompagnement vers les métiers du sanitaire et du social afin de confirmer le choix de poursuivre des études en Ifsi ou de se réorienter », rapporte Stéphane Le Bouler. Les candidats auront un statut d’étudiant et pourront être boursiers.