AVECsanté a lancé en janvier 2019 “Bref, j’arrête de fumer”. Trente-sept maisons de santé pluriprofessionnelles sont impliquées dans ce projet visant à améliorer le sevrage tabagique des patients.
« Bref, j’arrête de fumer » est le premier projet de prévention d’AVECsanté (lire l’article ci-contre). Financé par le Fonds de lutte contre les addictions, son objectif est d’évaluer et d’améliorer l’accompagnement à l’arrêt du tabac des patients fumeurs des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). « Le but est d’aider à la prévention à l’échelle nationale et de mobiliser les équipes territoriales pour récolter des données et identifier les actions efficaces », explique Camille Joseph, chargée de projet chez AVECsanté.
Les 37 MSP réparties dans les Hauts-de-France, le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine bénéficient d’un financement de 1 800 euros pour la conduite du projet d’une durée d’un an. Elles ont dû intégrer chacune, si possible, 60 patients. Ces derniers ont accepté, à l’inclusion, de répondre à un questionnaire sur leur consommation de tabac et ont reçu un livret d’accompagnement avec de nombreux conseils et des numéros d’appel. La MSP d’Haroué (Meurthe-et-Moselle) a été contactée par AVECsanté pour intégrer le dispositif. Valérie Toussaint, Idel au sein de la structure, fait partie, avec un médecin, du binôme de référence sur le projet. « Comme nous avions suivi le programme du “Mois sans tabac” l’an dernier, il nous a paru logique de poursuivre dans ce sens », explique-t-elle. Bénédicte Maglioni, Idel au sein du pôle de santé des Rives-du-Jarlot (Bretagne), forme aussi un binôme avec un médecin généraliste. Elle participe au programme « par intérêt pour le rôle de prévention de l’infirmière », indique-t-elle.
L’expérimentation repose sur un protocole d’intervention brève et d’appels téléphoniques : pendant un an, les professionnels de la MSP appellent tous les trois mois les patients inclus pour les interroger sur leur habitude de consommation de tabac et leurs éventuels arrêts. Ils reportent ensuite les réponses dans un questionnaire en ligne pour la récolte de données. Au sein de la MSP d’Haroué, c’est Valérie Toussaint qui a effectué le rappel de l’ensemble des patients à 3 mois. Un autre professionnel fera le rappel à 6 mois. « Nous nous sommes organisés ainsi, notamment pour des raisons financières, car le rappel et le report des réponses dans le questionnaire en ligne sont fastidieux », fait savoir l’Idel qui contacte les patients entre deux tournées. Au pôle de santé des Rives-du-Jarlot, chaque professionnel rappelle les patients qu’il a lui-même recrutés. Bénédicte Maglioni va ainsi contacter tous les trois mois cinq patients et intégrer leurs réponses depuis sa tablette, directement dans le questionnaire.
En fonction des réponses, des actions sont mises en place en conséquence. AVECsanté a d’ailleurs élaboré un socle minimal d’actions à proposer aux patients : consultations anti-tabac, prescription de substituts nicotiniques, approche motivationnelle ou orientation vers d’autres professionnels comme des hypnothérapeutes. Mais les équipes s’organisent comme elles le souhaitent. Pour le moment, la méthode semble porter ses fruits. Au sein de la MSP d’Haroué, une baisse de la consommation jusqu’à 50 % chez 60 % des patients est constatée. « Tous ont évolué, et nous comptabilisons trois sevrages complets, se félicite Valérie Toussaint. Les patients apprécient qu’on les rappelle, ils se sentent écoutés. » « Pour certaines personnes, du chemin reste à parcourir, observe Bénédicte Maglioni. Mais une patiente en particulier a bien diminué sa consommation, passant d’un paquet par jour à cinq cigarettes. » L’Idel aurait aimé aller plus loin et animer par exemple des entretiens motivationnels ou suivre les personnes en sevrage, mais le manque de temps et de rémunération dédiée l’en empêche. Ce projet a cependant conduit les soignants du pôle à acter une nouvelle mission en répondant à un appel à projets de l’agence régionale de santé Bretagne sur la prévention des addictions chez les jeunes sportifs.
La déclinaison du projet au sein de chaque MSP et les mesures mises en place vont être évaluées via les différents questionnaires afin d’identifier les modes d’organisation et leviers d’action sur la prévention les plus efficaces. La pérennisation du projet dépendra des résultats.
Valérie Toussaint
Idel à la MSP d’Haroué, en Meurthe-et-Moselle