Charline
Partir exercer en libéral, ça peut être dans le souci d’élargir son champ de compétences, de découvrir une nouvelle façon de soigner, mais Charline le fait pour fuir l’hôpital. Elle démissionne pour ne pas travailler en réa, sa hantise, et ouvrir un cabinet. À une étudiante en soins infirmiers en stage auprès d’elle, l’auteur transmet les aléas du métier. Récit plein d’humilité (on peut rater un soin sans être une mauvaise professionnelle), teinté d’autodérision, et conduit avec dextérité. Au travers d’anecdotes, on mesure tour à tour l’appréhension de faire un soin douloureux et l’utilisation de la distraction, ou l’attention à l’autre. On réalise combien une porte est chargée de symboles, écran entre soi et l’intimité des patients et leur histoire, leur sourire ou leur anxiété parfois chargée d’agressivité. Et parce que l’on ne naît pas infirmière, le jour où l’on décroche le « DE », chaque situation de soins ajoute au savoir avec un grand « S », jusqu’à remettre en cause des quasi-certitudes, comme le fait qu’une « bonne » infirmière doit savoir trouver les bons mots en toutes circonstances. Alors que le silence peut être si précieux. On ne naît pas infirmière, mais on le reste tant que l’on doute.
→ Autrement, 2019, 288 pages, 18 €.