CAHIER DE FORMATION
SAVOIR FAIRE
La main est une des régions anatomiques les plus concernées par les brûlures qui sont caractérisées par :
→ une douleur intense à cause de l’innervation sensitive importante de la main, ce qui peut aussi rendre douloureuse la réalisation d’un pansement ;
→ un risque de conséquences esthétiques et fonctionnelles ;
→ une prise en charge parfois complexe du fait des spécificités anatomiques de la main.
La face dorsale de la main est couverte d’une peau fine qui rend les tendons et les articulations rapidement exposés en cas de destruction du tissu cutané.
La face palmaire présente une peau plus épaisse dotée d’un tissu cellulaire sous-cutané plus important. Ses capacités de cicatrisation sont nettement supérieures à celles de la face dorsale. Les fonctions de préhension de la peau palmaire de la main, liées à la fois à une sensibilité tactile très fine et à une capacité à stabiliser les objets, vont orienter les choix thérapeutiques.
Un pansement gras est laissé en place pendant 48 heures pour limiter la douleur.
Ces brûlures sont très douloureuses. Les phlyctènes sont excisées afin de visualiser le derme. Plusieurs choix thérapeutiques sont envisageables.
Une réfection quotidienne du pansement permet une surveillance continue de l’évolution de la brûlure, mais elle peut être source de douleur répétée pour le patient. Les pansements vaselinés ou tulles sont indiqués dans ce contexte. Exemples : Tulle Gras MS (Mylan), Cuticell Classic (BSN-Radiante), Atrauman ou Grassolind Neutral (Hartmann), Adaptic (KCI Medical), Lomatuell H (Lohmann & Rauscher), Jelonet (Smith & Nephew), Tetratul (Tetra Medical)…
En cas de doute sur la profondeur de la brûlure, le premier pansement est laissé en place 48 heures pour une seconde évaluation permettant d’ajuster le diagnostic si besoin(1).
Les renouvellements espacés sont plus confortables pour le patient. Avec une adhérence faible, les interfaces siliconées limitent la douleur et le traumatisme induits par le retrait des pansements. Exemples : Adaptic Touch (KCI Medical), Mepitel (Mölnlycke Health Care) ou Urgotul (Urgo). Adaptic Doigtier est par ailleurs un pansement doigtier stérile non adhérent constitué d’un tissu siliconé, avec un double jersey tubulaire. Le pansement spécialement conçu pour les plaies de doigts et d’orteils doit être percé pour libérer la pulpe du doigt non brûlée. Le soignant doit aussi s’assurer que le doigtier ne provoque pas de strangulation à la base du doigt.
Les gants Aquacel Burn peuvent rester en place jusqu’à la cicatrisation qui survient normalement dans les 10-12 jours, phase pendant laquelle le pansement se décolle spontanément. Le gant doit être positionné dans les 48 heures de la brûlure. Il permet de conserver la mobilité et la flexibilité de la main tant que la brûlure nécessite d’être couverte par un pansement.
Le diagnostic de la profondeur d’une brûlure est souvent difficile, et c’est parfois l’évolution de la brûlure sur une semaine à 10 jours qui donnera un diagnostic plus précis. Période pendant laquelle la brûlure peut être qualifiée de « second degré intermédiaire ». Dans ce cas, le traitement consiste en des pansements à la sulfadiazine d’argent (Flammazine, Sicazine ou Ialuset Plus) renouvelés quotidiennement(1). L’observation régulière permet de déterminer la nécessité ou non d’une greffe. Après 15 jours sans cicatrisation, la réalisation d’une greffe dermo-épidermique est préconisée. Sachant que les greffes au niveau des pulpes ont des indications limitées et ne sont pas réalisées avant le 21e jour, la cicatrisation dirigée favorisant les capacités de discrimination sensitive.
Un protocole de pansements peut précéder et préparer une prise en charge chirurgicale qui peut consister en :
→ une greffe de peau totale à partir d’un prélèvement fin ;
→ des lambeaux locaux pédiculés si les surfaces sont limitées ;
→ des substituts dermiques en prévision d’une greffe dermo-épidermique.
En cas de carbonisation, qualifiée parfois de « brûlure du 4e degré », la technique de « l’empochement » peut être utilisée. Une sorte de poche est réalisée au niveau de la peau abdominale où la main brûlée est insérée. La peau du ventre se greffe sur la main. Environ trois semaines plus tard, la main est retirée de la « poche », enveloppée dans la peau du ventre. Les espaces interdigitaux sont recréés et une greffe est réalisée sur le ventre du patient pour remplacer la peau perdue.
(1) Franck Duteille, « Les brûlures de la main », Revue francophone de cicatrisation, 2019 ; 2 (3): 37-41.
Vous arrivez chez Mme M. pour une réfection de pansement. Son mari vous montre sa main, car il vient à l’instant de se brûler le dos de la main gauche avec de l’eau bouillante. La brûlure s’étend au niveau de l’index et du majeur.
Vous dites à Mr M. de placer sa main pendant 15 minutes à environ 15 cm du robinet ouvert sur l’eau tiède (15 à 20 °C) à faible pression. Une cloque se forme sur la zone brûlée, qui indique une brûlure du 2e degré. Si vous avez de quoi exciser la phlyctène dans des conditions d’asepsie strictes et couvrir la peau brûlée sous-jacente avec un pansement stérile, il est préconisé de le faire. Dans le cas contraire, vous laissez la phlyctène en place pour protéger la peau brûlée contre les surinfections bactériennes.
Dans les deux cas, vous orientez Mr M. vers un centre des brûlés pour un avis spécialisé à cause de la localisation de la brûlure et du risque de complications fonctionnelles ou esthétiques.
→ AMI4 pour pansements lourds et complexes nécessitant des conditions d’asepsie rigoureuses : pansements de brûlure étendue ou de plaie chimique ou thermique étendue, sur une surface supérieure à 5 % de la surface corporelle (NGAP, titre XVI, chapitre I, article 3).
→ Majoration de coordination infirmière (MCI) pour une coordination effective dans la prise en charge des plaies complexes.