L'infirmière Libérale Magazine n° 364 du 01/12/2019

 

LA VIE DES AUTRES

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Laure Martin  

Infirmière, Suzy Pouilloux a exercé en soins quelques années avant de s’orienter vers la coordination. Désormais, elle assure le rôle d’infirmière coordinatrice de la plateforme territoriale d’appui (PTA) Santé Landes.

« Après avoir exercé pendant quinze ans dans un centre social, j’ai décidé en 2004 de reprendre mes études pour devenir infirmière, » témoigne Suzy. Elle passe alors le concours et intègre l’institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de Mont-de-Marsan (Nouvelle-Aquitaine).

Découverte de la coordination

Diplômée en 2007, sa carrière prend une orientation gériatrique. « J’ai effectué mon stage de fin d’études dans l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Geaune, dans les Landes. Une infirmière quittait son poste et le directeur m’a proposé de la remplacer. » Elle exerce en tant qu’infirmière de soins généraux au sein de l’Ehpad jusqu’en 2010. « J’ai vraiment aimé cette expérience de soins et d’accompagnement de proximité auprès de patients polypathologiques. » Au cours de son exercice au sein de l’Ehpad, Suzy prend également l’habitude de remplacer l’infirmière coordinatrice du service de soins infirmiers à domicile (Ssiad) de la structure. Lorsque cette dernière quitte ses fonctions, c’est tout naturellement que la direction lui propose le poste. « Cela m’a beaucoup plu mais j’étais frustrée du manque de liens entre les partenaires du territoire et entre la ville et l’hôpital, reconnaît Suzy . Les manques étaient considérables sur mon territoire, m’obligeant à passer de nombreux appels pour la prise en charge d’un patient. »

Remonter les problématiques de terrain

En septembre 2012, Suzy demande à travailler au sein de la MAIA (méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie), portée par le GCMS Est Landes, à Saint-Sever (Landes). « Ma candidature a été retenue, certainement parce que je connaissais bien mon territoire », précise-t-elle. Elle se forme au poste en suivant une formation interuniversitaire (DU) de coordinateur de santé/gestionnaire de cas en gérontologie. « C’était l’occasion pour moi d’accompagner les patients et d’être dans l’action pour remonter les problématiques de parcours », explique-t-elle. Suzy assure la coordination pour les patients complexes à domicile, pour mettre en place les aides adaptées et instaurer un parcours de santé cohérent pour le maintien à domicile à la suite du signalement d’un professionnel de santé du territoire, une infirmière libérale ou un médecin traitant. Une autre de ses fonctions : repérer les difficultés et les ruptures de parcours possibles sur le territoire, établir un catalogue de l’existant et remonter les problématiques vers les instances départementales et régionales.

Fluidifier les parcours

Lorsque le gouvernement lance le programme « Territoires de soins numérique (TSN) » en 2014, l’agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine s’empare du projet et contacte la MAIA Est Landes pour lui proposer de porter la mise en œuvre. « Il fallait un coordinateur qui connaisse le territoire, qui soit issu du sanitaire et volontaire pour démarrer le projet TSN, relate Suzy. La directrice m’a proposé de relever le challenge et j’ai accepté. » Les réunions débutent en janvier 2015 avec l’ARS, les responsables projets et les différents partenaires du territoire. La PTA Santé Landes est créée. Le rôle de Suzy ? Œuvrer à son lancement et faire connaître ce nouveau dispositif aux acteurs du territoire. « Cela n’a pas été facile car ils voyaient la future PTA comme une feuille de plus aux millefeuilles des structures déjà existantes sur le territoire », raconte-t-elle. Santé Landes est une PTA départementale, associative, qui s’inscrit dans une volonté de déploiement régional soutenue par l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Elle est constituée d’une cellule territoriale d’appui pour la coordination à distance et des trois antennes de proximité (ex-MAIA) pour un accompagnement intensif à domicile. « Nous sommes là en appui et pour fluidifier la prise en charge entre les acteurs », explique-t-elle. Santé Landes dispose d’un numéro unique accessible aux professionnels et au public pour solliciter un accompagnement ou obtenir un renseignement. L’outil régional de coordination et de communication en santé, Paaco-Globule, permet quant à lui d’échanger de manière sécurisée au sein d’une équipe de soins élargie. Aujourd’hui, Suzy manage l’équipe de la cellule territoriale d’appui composée de coordinatrices.

Les PTA : une aide pour les soins complexes

Créée par la loi de modernisation de notre système de santé de 2016, la PTA s’organise à l’échelle du département pour un bassin de population d’environ 500 000 personnes. Elle a vocation à intervenir pour l’appui à la coordination des patients en situations complexes. Ainsi, les professionnels de santé confrontés à des patients présentant plusieurs pathologies, parfois associées à des problèmes sociaux, psychosociaux ou économiques, peuvent contacter la PTA. Les trois missions des PTA sont : l’information et l’orientation des soignants et patients vers les ressources sanitaires, sociales et médico-sociales de leurs territoires, la coordination des parcours complexes, et le soutien aux pratiques et aux initiatives professionnelles.

Aujourd’hui, les PTA sont issues de l’expérimentation « Territoires de soins numériques (TSN) », d’anciens réseaux de santé ou encore des coordinations territoriales d’appui (CTA). Une évolution des PTA vers les dispositifs d’accompagnement à la coordination (DAC) est en cours dans certains territoires par convergence des dispositifs de coordination sur un même territoire.

Elle dit de vous !

« Lorsque j’ai débuté mes études d’infirmière, j’avais l’objectif de m’installer en libéral. Mais je n’en ai pas eu l’opportunité. Cela restera un regret. Je suis admirative du travail réalisé par les infirmières libérales. Elles ont une disponibilité à toute épreuve, une connaissance globale des patients, elles offrent un accompagnement de proximité : elles sont sur tous les fronts. Je n’aime d’ailleurs pas le terme libéral car l’infirmière est tout le contraire de libre, elle est complètement dévouée à son cabinet, à ses collègues, à ses patients et leur famille. Ce métier plein d’avenir n’est pas assez reconnu. À la PTA, les Idels sont nos partenaires privilégiées avec les médecins traitants. Nous sommes en échange permanent avec elles. Elles sont les plus grandes utilisatrices de nos outils. La PTA est un réel appui pour elles. »