Des milliers d’hospitaliers ont manifesté pour dénoncer leurs conditions de travail.
Des ambulanciers, des infirmiers, des brancardiers, des professeurs de médecine : plusieurs milliers de personnels hospitaliers, dans toutes leur diversité, ont manifesté jeudi 14 novembre à Paris et dans le reste de la France. Ce mouvement social inédit porte des revendications qui se chiffrent à plusieurs milliards d’euros : une augmentation des salaires de 300 euros pour les paramédicaux et les jeunes médecins, des embauches à l’hôpital public, en particulier de paramédicaux, et une augmentation significative de l’objectif national de dépenses d’Assurance maladie (Ondam) pour l’hôpital public, de + 2,1 % aujourd’hui, à + 4 %.
Tous les manifestants témoignent d’une dégradation accélérée de leurs conditions de travail. La Pr Françoise Denoyelle, chef de service d’ORL pédiatrique à Necker, explique par exemple que, même l’hôpital français de référence pour les enfants « n’arrive plus à recruter. Les salaires ne sont pas suffisants pour vivre à Paris, les conditions de travail trop dégradées. Faute de personnel, on ferme des lits, des blocs opératoires. C’est une souffrance ». Trois cadres de santé décrivent un quotidien passé à « gérer des plannings, des restructurations, des situations impossibles. Nos équipes trinquent. À l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, on a plus de 100 postes de cadres vacants, c’est du jamais vu. C’est la manifestation de la dernière chance ».
Dans le cortège, il y avait aussi de la joie, celle de se compter nombreux et de voir aboutir un mouvement social de longue haleine, né au printemps dans les services d’urgences parisiens. « En neuf mois de mobilisation, on a réussi a soulevé toutes les lignes de l’hôpital », s’est réjouie l’aide-soignante Candice Lafarge, du Collectif inter-urgences. Ce collectif d’infirmières et aides-soignantes anime le mouvement de grève, qui s’étend dans un tiers des services d’urgence. Le monde médical a suivi en septembre, d’abord à Paris, où s’est constitué sur le même modèle asyndical le Collectif inter-hôpitaux, animé par des médecins parisiens, mais qui compte aussi des paramédicaux.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a répondu en temps réel aux hospitaliers. Alors que le cortège déambulait dans les rues de Paris, il a prononcé un discours de 20 minutes, depuis la Marne, où il était en déplacement. « Nous devons investir, assumer d’investir, plus fortement que ce que nous avions imaginé de faire, car la situation est encore plus grave que celle que nous avions analysée » a-t-il reconnu.