Pour les patients atteints d'une forme sévère de diabète de type 1, la greffe d’îlots de Langerhans est une piste thérapeutique très prometteuse.
Une équipe Inserm de Lille explore la transplantation d’îlots de Langerhans, une technique qui fait l'objet d'une publication dans la revue Diabete Cares et d'une mise au point dans The Lancet. Ces îlots sont des petits amas de 1 000 à 2 000 cellules présents dans le pancréas. Un type spécifique de cellules des îlots, les cellules béta, sont chargées de produire l’insuline. Chez les personnes atteintes de diabète de type 1, elles sont détruites par un processus auto-immun et ne peuvent plus apporter l’insuline. Parallèlement aux approches technologiques (pompes à insuline, capteurs de glucose et bientôt pompes en boucle fermée), l’approche biologique de la greffe d’îlots de Langerhans génère beaucoup d’espoirs. La technique concerne seulement les patients atteints des formes de diabète les plus sévères - sujets à des hypoglycémies conduisant à un risque vital, fréquentes ou non ressenties. L’idée est de leur amener les cellules pancréatiques capables de mesurer le taux de glycémie et délivrer de l’insuline en temps réel. « Les greffons proviennent de sujets décédés en état de mort cérébrale, explique François Pattou, chirurgien et coauteur de l’étude, menée sur 28 patients greffés. Les cellules sont mises dans une poche de transfusion et greffées au malade par simple injection, après la mise en place d’un petit cathéter pour aborder la veine du foie. En deux à trois semaines, les patients voient leur équilibre glycémique s’améliorer, et tous peuvent arrêter l’insuline ». Un traitement immunosuppresseur est indispensable pour éviter le rejet de greffe. Avec les années, certains malades ont besoin de faire appel de nouveau à de petites doses d’insuline injectable en « bouée de secours », mais ne souffrent plus d’hypoglycémies et retrouvent leur autonomie. « Dix ans après la greffe, 75 % des patients ont encore des îlots fonctionnels. Et 25 % sont toujours sans insuline, rapporte le chirurgien. Mais attention, on ne guérit pas le diabète : on le met entre parenthèse en restaurant une insulinosécrétion au prix du traitement antirejet ». La greffe concernerait une centaine de patients par an. « Nous arrivons au bout du processus d’innovation thérapeutique et espérons un remboursement par l’Assurance maladie dans les mois qui viennent », conclut François Pattou.