Actuellement infirmière de santé au travail, Aline Stienne développe depuis septembre 2017 une seconde activité à Blendecques (Hauts-de-France), la posturologie. Son objectif ? Apporter une réponse aux pathologies musculaires et articulaires.
« C’est par l’intermédiaire de ma maman que j’ai découvert la posturologie, raconte Aline. Elle a longtemps souffert de lumbagos à répétition. » Après avoir tout testé, elle est mise en contact avec un posturologue. « Son rendez-vous avec ce professionnel a changé sa vie, ajoute-t-elle. Elle n’a jamais été aussi en forme. » Lors de sa prise en charge, le posturologue demande à la maman d’Aline si elle connaît des infirmières qu’il pourrait former à la discipline. « En raison de notre formation initiale, nous avons des connaissances de base sur le corps humain qui nous permettent de développer des compétences en posturologie », précise Aline. Et de poursuivre : « J’ai tout de suite été séduite par cette approche naturelle des soins qui peut soulager les personnes à long terme ». « L’approche de la posturologie m’a paru logique ; en effet, si on ne rééquilibre pas le squelette, les douleurs persistent », soutient-elle. Aline décide alors de se former, en parallèle de son activité d’infirmière libérale, à l’École de formation en posturologie de Lille, en 2016-2017.
Réalisée hors convention, cette pratique vise à apporter une réponse aux pathologies musculaires et articulaires par la reprogrammation posturale via le système nerveux. En intervenant sur les responsables des défauts de posture, le posturologue traite les causes et non les symptômes des douleurs car « intervenir uniquement sur les conséquences n’offre pas une issue positive durable, souligne Aline. Avec la posturologie, l’objectif est d’éliminer les contraintes pour permettre au corps de retrouver sa verticalité. » La posturologue a pour fonction d’agir sur des points du corps afin de retravailler la posture et d’envoyer au cerveau les bonnes informations pour que la personne puisse se tenir correctement. « On ne peut pas simplement dire à quelqu’un “tiens-toi bien” car souvent, c’ est sa posture qui a besoin d’ être réglée en raison de blocages », rapporte-t-elle. La posture de chacun est la résultante de cinq causes principales : l’accouchement, l’acquisition à la marche, la génétique, l’émotionnel et le physique (chutes par exemple). À titre d’exemple, « le dysfonctionnement de la première cervicale, l’Atlas, peut survenir dès la naissance ; en effet, dans les pays occidentaux, nous n’utilisons pas la gravité pour accoucher », rappelle Aline. Le mauvais positionnement de l’Atlas peut être responsable de nombreuses contraintes : douleurs de nuque, de lombaires, hernies discales, bascules de bassin, migraines, céphalées, vertiges, perturbations du système nerveux central.
Lors de la première séance, Aline dresse un bilan de la personne et lui demande d’effectuer des exercices. « Je cherche les dysfonctionnements de la posture en observant les yeux, la mâchoire, le bassin, énumère-t-elle. En aucun cas après Aline ne manipule les patients. « Je travaille sur la détente musculaire, afin de libérer les contraintes pour ensuite travailler la zone en douceur, explique-t-elle. À la maison, la personne doit effectuer des exercices, elle doit être actrice de sa santé. » Pour reprogrammer la posture d’un patient, il faut prévoir au minimum deux séances « notamment pour contrôler ce qui a été fait lors du premier rendez-vous, indique Aline. Entre chaque séance, un espacement de 40 jours minimum est nécessaire car c’est le temps qu’il faut au système nerveux pour reprogrammer la posture. » Et de poursuivre : « Lorsque mes patients viennent me voir pour la première fois, ils me disent souvent qu’ils ont tout essayé. Avec la posturologie, il est toujours possible de soulager des douleurs ; aussi, nous pouvons intervenir à tous les âges. » Une fois l’ensemble des dysfonctionnements réglés durablement, il n’est plus utile de prendre rendez-vous chez la posturologue « car le corps est reprogrammé et plus rien ne bouge », conclut Aline, qui consulte pour le moment, en parallèle de son activité d’infirmière de santé au travail.
Plusieurs écoles et centres forment à la posturologie. C’est le cas de l’École de formation en posturologie de Lille qui organise des sessions sur plusieurs week-ends. Au cours de cette formation, différentes thématiques sont abordées : l’examen clinique, les tests posturaux, et les spécificités de la discipline (pied et posture, œil et posture, l’appareil manducateur, les obstacles). Un Diplôme interuniversitaire (DIU) de posturologie clinique existe également ; il est accessible aux paramédicaux en formation continue, au sein de quatre universités de médecine (Aix-Marseille, Toulouse III, Paris IV et Grenoble). Cette formation a vocation à apporter ou approfondir des connaissances fondamentales et pratiques sur les activités posturo-cinétiques humaines, leurs dysfonctionnements naturels ou pathologiques et les méthodes de réparation susceptibles de les corriger. Ce DIU ne constitue donc en aucun cas un diplôme d’exercice et ne valide pas une pratique clinique.
« Les infirmières libérales ont le privilège d’entrer dans l’intimité de leurs patients. Les familles les accueillent comme si elles étaient déjà proches d’eux, ce qui permet de répondre au mieux à leurs attentes. Je respecte et j’admire ce mode d’exercice qui n’est pas toujours facile, notamment en termes d’horaires et d’hygiène de vie. Pourtant, cette hygiène de vie est indispensable pour la posture des Idels qui exercent un métier difficile physiquement. Elles se doivent d’avoir une bonne alimentation, c’est le carburant ! Et, si possible, pratiquer une activité physique qui fait travailler le muscle profond comme la natation, le pilates, le yoga, le stretching postural ou même le gainage le soir, devant la télévision. L’objectif ? Chercher à garder les muscles posturaux actifs : cela va aider les Idels à porter et déplacer les patients sans se blesser. »