Le ministère de la Santé a publié trois études sur les difficultés des médecins généralistes à répondre aux besoins de santé des populations.
PLUS PERSONNE NE L’IGNORE : LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES SONT DÉBORDÉS DE TRAVAIL. La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé a présenté en janvier trois études qui permettent d’objectiver cette réalité, sur la base du « panel d’observation des pratiques et conditions d’exercice en médecine générale », une enquête dont la 4e édition s’est déroulée entre octobre 2018 et avril 2019, auprès de plus de 3 000 médecins généralistes libéraux. Selon ce panel, un praticien sur cinq estime que l’offre de généralistes est « très insuffisante sur son territoire ». La proportion monte à 42 % chez les praticiens exerçant en zone sous-dense. Quelles en sont les conséquences concrètes ? Pour palier les manques, les généralistes s’organisent comme ils peuvent : 47 % écourtent leur temps de formation continue (52 % dans les zones sous-denses), 54 % augmentent les délais de rendez-vous (61 % dans les zones sous-denses), 28 % acceptent toutes les demandes de soins non programmés (25 % dans les zones sous-denses) et 40 % voient moins souvent certains patients suivis régulièrement (49 % dans les zones sousdenses). Ce qui est nouveau est qu’un certain nombre d’entre eux déplorent également avoir des difficultés à trouver des paramédicaux pour prendre en charge leurs patients : 80 % citent les masseurs-kinésithérapeutes, 71 % les orthophonistes et 21 % les Idels. Pour faire face à la baisse de la démographie, plusieurs solutions se dessinent pour les généralistes : rendre les patients plus autonomes pour 68 % du panel (70 % dans les zones sousdenses), s’engager dans une structure coordonnée pour 37 % du panel (48 % dans les zones sous-denses) ou encore s’adjoindre un assistant médical pour 32 % du panel (35 % dans les zones sous-denses).
La seconde étude de la Drees s’est penchée plus particulièrement sur les demandes de soins non programmés, lesquels représentent plus de 30 % de l’activité d’une semaine ordinaire pour 4 praticiens sur 10. « Les médecins sont très largement organisés pour prendre en charge ces demandes, souligne le Dr Pierre Verger (directeur de l’Observatoire régional de la santé, Paca). Un généraliste sur deux a une activité sans rendez-vous, en permanence ou sur certaines plages horaires pour y répondre ». Sans surprise, c’est plus difficile pour les médecins en exercice isolé, en zone sous-dense, qui ont une patientèle importante et pour ceux qui proposent moins de plages de consultations sans rendezvous. Réagissant à cette étude, devant l’Association des journalistes de l’information sociale, Nicolas Revel, directeur général de la Cnam, a reconnu que « les médecins font énormément de consultations non programmées » avant d’ajouter que les CPTS ont vocation à « mettre à disposition des créneaux de consultations non programmées, selon une organisation territoriale, afin d’orienter les patients ». La création du service d’accès aux soins (Sas), pour lequel le ministère de la Santé devrait annoncer les conditions de la mise en œuvre dans les prochaines semaines, a également vocation à répondre, au moins en partie, à ces problématiques.
Dossier patient informatisé, logiciel d’aide à la prescription, messagerie sécurisée de santé : 80 % des médecins généralistes de moins de 50 ans utilisent quotidiennement ces trois outils, contre seulement 48 % après 60 ans. À noter également : l’exercice collectif favorise l’utilisation des outils numériques : les trois quarts des généralistes qui exercent en groupe utilisent les trois outils cités plus haut contre seulement 58 % des praticiens exerçant seuls.