L'infirmière Libérale Magazine n° 367 du 01/03/2020

 

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FICHE PRATIQUE

Laure Martin  

Journaliste

Le Diplôme d’État d’infirmier en pratique avancée (DEIPA) est d’une durée de formation de deux ans. En 2020, vingt-trois universités la dispensent – en moyenne une par région sauf en outre-mer, soit environ 800 places.

Les modalités d’accès à la formation en pratique avancée sont variables et influent sur le coût. Par exemple, il est aujourd’hui possible pour un étudiant en soins infirmiers, d’enchaîner ses trois années de formation initiale du Diplôme d’État avec les deux années de formation du DEIPA valant grade Master. Néanmoins, il ne lui sera pas possible d’exercer immédiatement puisque la pratique avancée exige trois années d’activité professionnelle avant de pouvoir s’y adonner. L’avantage de ce choix : bénéficier de frais de formation moindres car l’infirmier se trouve dans le cas d’une poursuite d’études. Les montants sont donc ceux d’une inscription universitaire en formation initiale. Néanmoins, la majorité des infirmières qui s’orientent actuellement dans ce parcours ont déjà trois années de pratique professionnelle et suivent donc la formation d’IPA en continu. À titre exceptionnel et individuel, la possibilité d’accéder directement en deuxième année de formation peut être autorisée par l’université dans le cadre de la Validation des études supérieures (VES). Cette option concerne généralement les infirmières déjà titulaires d’un Master de santé publique ou de sciences cliniques par exemple.

Le financement en formation continue

En formation continue, les coûts sont plus élevés qu’en formation initiale. Lorsque les infirmières sont salariées, ce sont les règles du financement de la formation professionnelle qui s’appliquent, les infirmières doivent donc démarcher leur établissement pour demander une prise en charge.

Pour les infirmières strictement libérales, l’engagement en une formation d’IPA n’a pas les mêmes conséquences. Une reprise d’études génère automatiquement une perte de revenus puisqu’elles ne vont pas pouvoir exercer leur activité professionnelle à 100 %. Le ministère de la Santé a donc décidé d’attribuer des financements aux Idels via le Fonds d’intervention régional (FIR) attribué par les Agences régionales de santé (ARS). Ces dernières peuvent ainsi accorder, à hauteur de 10 600 € par an, une aide financière à l’entrée en formation au DEIPA d’une Idel, à condition qu’elle propose un projet de santé sur le territoire à la suite à l’obtention de son diplôme. Pour bénéficier de ce financement, elle doit déposer un dossier. Les libérales peuvent également démarcher leur Fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux (FIF PL). Les formations de plus de 100 heures comme celles des IPA ont une prise en charge plafonnée à 70 % du coût de la formation, limitée à 2 500 € par professionnel. Pour en bénéficier, l’Idel doit également déposer un dossier. Enfin, une infirmière ayant une activité mixte peut cumuler les différentes demandes de financements.

L’aide des collectivités

Certaines collectivités encouragent les infirmières qui s’engagent dans cette formation, comme le Conseil départemental de la Mayenne qui, dans le cadre de son Plan Ambition Santé 53, participe aux frais induits par cette formation. Il leur est proposé un dispositif d’aide financière à condition qu’elles s’engagent à exercer pendant cinq ans en Mayenne à l’issue de leur formation, en tant que libérale, salariée d’une Société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA) ou d’un Service de soins infirmiers à domicile (SSIAD). Le département interviendra par une aide forfaitaire de 10 500 € par an (montant correspondant à une indemnité journalière de 35 euros), pour participer aux frais d’hébergement et de transport des candidats. Un financement additionnel pour compenser la perte de revenus dans le cadre des demandes portées par une équipe de soins primaires et soutenues par l’ARS pourra également être octroyé.

DAVANTAGE DE SALARIÉES QUE DE LIBÉRALES

Pour le moment, les données du ministère font état que davantage d’infirmières salariées ont fait le choix de suivre cette formation en pratique avancée, généralement encouragées par leur établissement. En libéral, outre la contrainte du coût de la formation et de la perte de revenus associée, l’Idel doit trouver un médecin avec lequel exercer en binôme. C’est l’avenant 7 à la convention nationale des infirmiers libéraux, signé le 4 novembre 2019, qui détermine les tarifs praticables pour cette activité libérale. Jusqu’à cette date, les Idels n’avaient aucun renseignement sur les tarifs qu’elles allaient pouvoir appliquer en tant qu’IPA, influant peut-être sur leur engagement dans la formation.

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