Les diarrhées aiguës, fréquentes, sont essentiellement d’origine infectieuse bien qu’une cause iatrogène doit également être écartée. Leur prise en charge repose sur des mesures hygiéno-diététiques et la prévention de la déshydratation.
La diarrhée, définie par l’OMS comme « l’émission d’au moins 3 selles molles ou liquides par jour », est aussi diagnostiquée devant une modification brutale des selles qui deviennent plus fréquentes et/ou plus molles ou liquides que d’ordinaire. Elle est dite :
→ aiguë, si les symptômes évoluent depuis moins de deux semaines ;
→ prolongée, s’ils durent jusqu’à quatre semaines ;
→ chronique, s’ils persistent au-delà. Une diarrhée qui se prolonge ou devient chronique peut avoir des causes multiples qui nécessitent des examens complémentaires (malabsorption, tumeur, maladies inflammatoires…).
C’est la principale cause des diarrhées aiguës.
→ Les virus sont les plus souvent impliqués, notamment dans les épidémies de gastroentérite en période hivernale.
Typiquement, celle-ci se manifeste par une une diarrhée associée à des nausées, vomissements, douleurs abdominales et/ou une fièvre modérée.
→ Les bactéries (salmonelles, shigelles, Staphylococcus aureus…) peuvent être la cause de toxiinfections alimentaires. Elles sont liées, par exemple, à la contamination microbienne d’un aliment suite à une rupture de la chaîne du froid, à un délai de péremption dépassé, etc.
→ La « diarrhée du voyageur » ou turista a, le plus souvent, une origine bactérienne (surtout E. coli), parfois virale, moins souvent parasitaire. Généralement, elle fait suite à l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés.
→ Les antibiotiques : la diarrhée post-antibiotique est définie par l’émission d’au moins 3 selles molles à liquides par jour pendant au moins 24 heures. Elle survient durant le traitement ou jusqu’à deux mois après son arrêt. Dans la majorité des cas, elle est bénigne et régresse à l’arrêt du traitement. Dans 15 à 25 % des cas, l’antibiothérapie, notamment avec céphalosporines, amoxicilline + acide clavulanique, clindamycine et fluoroquinolones, favorise l’émergence de Clostridium difficile qui peut être à l’origine de diarrhées sévères, comme la colite pseudomembraneuse.
→ D’autres médicaments ou substances sont impliqués : metformine, AINS, laxatifs, polyols (présents dans les chewing-gums ou boissons sans sucre), surdosage en colchicine, digoxine, lévothyroxine, lithium, méthotrexate…).
Les diarrhées aiguës infectieuses sont le plus souvent bénignes avec une évolution généralement favorable en un à trois jours.
Elle est à craindre chez des personnes fragiles (âges extrêmes de la vie, personnes sous diurétiques…) ou en présence de vomissements ou de fièvre accentuant les pertes en eau et en électrolytes. Le risque de décompensation d’une pathologie sous-jacente (insuffisance cardiaque, diabète…) impose une surveillance particulière et une anticipation. Chez le nourrisson de moins de six mois, une déshydratation peut survenir en quelques heures et avoir des conséquences graves (risque d’insuffisance rénale, troubles neurologiques et cardiaques, décès).
Les signes qui imposent sans tarder un avis médical sont :
→ la fragilité de la personne (âge, immunodépression, prise de diurétiques…) ;
→ une diarrhée persistant plus de deux ou trois jours chez l’adulte en bonne santé ;
→ les signes de déshydratation (cernes péri-orbitaires, pli cutané persistant, confusion, crampes, oligurie, hypotension…) ;
→ la présence de sang ou de glaires dans les selles (suspicion d’un syndrome dysentérique lié à certaines bactéries ou parasites) ;
→ des vomissements répétés, une fièvre > 38,5 °C, des douleurs abdominales importantes.
Augmentation des apports hydriques (eau, tisanes, bouillons…) avant de ressentir la soif. Les solutés de réhydratation par voie orale (Adiaril, Biogaia SRO, Novalac…) sont recommandés chez les nourrissons, mais aussi chez les personnes âgées. Ils doivent être proposés en petites quantités régulières en cas de vomissements.
→ Privilégier les aliments pauvres en fibres et en graisses (riz, pâtes, semoule, non raffinés, pommes de terre, carottes cuites, viandes maigres et poissons sans sauce, œufs…) ;
→ éviter les aliments riches en fibres (céréales raffinées, légumes verts…), frits ou gras (saucisses, poissons panés…).
Indiquées en traitement d’appoint de la diarrhée, toutes les molécules sont disponibles en automédication.
→ Le lopéramide (Imodium et génériques, Indiaral, Diastrolib, Diaretyl…) réduit la fréquence des selles en ralentissant le transit intestinal. En augmentant le temps de présence de l’agent pathogène et/ou de la toxine au niveau intestinal, il peut favoriser la diffusion d’une infection, surtout d’origine bactérienne. Il est contre-indiqué en cas de diarrhée associée aux antibiotiques, ou en cas de présence de sang ou de glaire dans les selles. Il est également déconseillé lors de turista ou de suspicion d’une origine bactérienne.
→ Le racécadotril (Diarfix, Tiorfast, Tiorfan…), antidiarrhéique et antisécrétoire pur, a une efficacité plus modeste. Il est déconseillé en association aux IEC (risque d’œdème de Quincke).
→ La diosmectite (Smecta et génériques, Smectalia…) est une argile d’efficacité modeste contre-indiquée avant l’âge de 2 ans et non recommandée en cas de grossesse et d’allaitement. Son administration à deux heures de distance d’un autre médicament peut être compliquée chez des patients polymédiqués.
→ Certains probiotiques, en particulier Saccharomyces boulardii (ultra-levure…) et Lactobacillus rhamnosus GG, sont efficaces chez l’enfant et le nourrisson et en prévention de la diarrhée associée aux antibiotiques (Smebiocta Protect, Entestil…).
→ Repérer une origine iatrogène. Un avis médical est nécessaire devant une diarrhée gênante ou en cas de suspicion d’un surdosage.
→ Le lopéramide ne doit pas être utilisé en cas de diarrhée sous antibiotique ou d’origine bactérienne suspectée (voyage récent, intoxication alimentaire…).
→ Sensibiliser au risque de déshydratation particulièrement les personnes âgées et les parents de nourrissons.
→ Connaître les signes d’alerte qui justifient un avis médical.
→ Prévenir une contamination de l’entourage par un lavage fréquent des mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydro-alcoolique, systématiquement après être allé aux toilettes et avant de préparer les repas ou de manger. Et réaliser un nettoyage soigneux de l’environnement du malade avec de l’eau de Javel ou un désinfectant de surface (poignets de porte, siège des toilettes…).
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt.