Surdité
CAHIER DE FORMATION
POINT SUR
Florence Dijon-Leandro* Laurent Pionnier**
*audioprothésiste
Près d’un millier de nouveau-nés souffrent de surdité chaque année en France. Avec l’âge, le nombre de cas ne cesse de progresser pour concerner plus de 65 % des 65 ans et plus(1). La perte d’audition a des répercussions variables sur la vie quotidienne. Après 65 ans, elle est associée à un déclin cognitif. La connaissance des mécanismes de l’audition et les traitements proposés progressent.
C’est la perte partielle ou totale de la perception des sons. Il existe de nombreuses formes de surdité : temporaires ou permanentes, brutales ou d’installation progressive, uni ou bilatérales, de transmission, de perception ou mixtes, ou encore partielles ou totales.
En fonction de la sévérité de l’atteinte, la perte auditive est qualifiée de :
→ légère pour une perte comprise entre 20 à 40 dB : la personne entend une conversation prononcée normalement, les bruits familiers ambiants sont perçus ;
→ moyenne, perte de 40 à 70 dB ; la personne entend une conversation prononcée fortement par quelqu’un qui la regarde en face, quelques bruits familiers sont encore perçus ;
→ sévère, perte de 70 à 90 dB : seuls les bruits forts sont perçus et les conversations prononcées très fortement à l’oreille ;
→ profonde, perte de 90 à 120 dB : perception des bruits très puissants mais pas de la parole.
Elles sont dues à des anomalies génétiques, à des malformations ou à des infections de la mère pendant la grossesse. À un stade aussi précoce, la surdité a souvent des conséquences importantes sur le développement de l’enfant.
Elles sont majoritaires, dues à un bouchon de cérumen, un corps étranger, des otites, des traumatismes sonores, des accidents de plongée, des médicaments ototoxiques comme les aminosides en infectiologie, le cisplatine en oncologie ou encore les AINS. Certaines pathologies, comme le diabète ou le tabagisme, ont aussi des effets délétères sur l’audition.
Perte auditive progressive liée à l’âge, la presbyacousie débute généralement après 50 ans.
Elle serait aussi liée à une susceptibilité sonore individuelle. Si elle n’est pas corrigée, la presbyacousie entraîne des troubles de la communication et des troubles cognitifs chez les patients âgés.
Ce sont des amplificateurs préréglés (maxi 20 dB) utilisables en cas de pertes auditives légères. Ils sont disponibles sans prescription médicale en pharmacie, dans des magasins d’électroménager, sur Internet, chez certains opticiens et audioprothésistes. Les assistants d’écoute sont des appareils standardisés, comparables aux lunettes « loupe » en optique.
Les audioprothèses sont proposées pour des surdités légères à profondes :
→ la majorité des aides auditives fonctionnent en conduction aérienne qui consiste à capter le son grâce à un microphone, puis à l’amplifier et l’émettre dans le conduit auditif externe ;
→ les aides auditives en conduction osseuse stimulent directement l’oreille interne à travers les os du crâne. Les vibrations sonores sont transmises à l’os temporal par un vibrateur placé derrière l’oreille, puis sont transférées aux cellules ciliées.
Ils sont recommandés pour les surdités très sévères, voire totales. Il en existe plusieurs types :
→ les implants d’oreille moyenne fonctionnent comme les aides en conduction osseuse ;
→ les implants cochléaires contiennent un processeur externe qui transforme les sons en signaux électriques. La partie interne de l’implant émet alors des impulsions électriques qui stimulent les fibres du nerf auditif. La compréhension des informations reçues nécessite du temps et un apprentissage. La majorité des patients comprennent une conversation dans le silence mais cela est plus difficile dans le bruit ou la musique ;
→ les implants du tronc cérébral sont indiqués lorsque le nerf auditif est endommagé ou complètement inactif.
Chez certains patients souffrant de surdité sévère, il est possible d’associer aides auditives et implants. Dans ce cas, l’implant stimule la cochlée pour mieux percevoir les sons, notamment les aigus, et les aides auditives améliorent la perception des sons graves.
Plusieurs voies médicamenteuses sont à l’étude : les anti-oxydants, les anti-apoptotiques (apoptose = mort cellulaire programmée) ou encore les anti-inflammatoires.
La thérapie génique, basée sur le transfert de gènes, semble la thérapeutique la plus prometteuse dans la correction des troubles auditifs. Les scientifiques envisagent la régénération des cellules ciliées endommagées en obtenant de nouvelles cellules auditives fonctionnelles à partir de cellules de soutien qui restent présentes après la mort des cellules ciliées.
Leur coût est intégralement à la charge de l’utilisateur. Les mutuelles peuvent participer dans le cadre de certains forfaits pour les dépenses en pharmacie.
L’Assurance maladie rembourse les prothèses auditives et leurs accessoires sur prescription médicale. La réforme « 100 % Santé » se déploie depuis 2019 dans le secteur de l’audition pour aboutir, en 2021, à une prise en charge intégrale ou « reste à charge zéro », en se basant sur les efforts conjoints de l’Assurance maladie, des audioprothésistes et des complémentaires santé. Grâce à ces efforts, le reste à charge est actuellement d’environ 800 euros pour deux oreilles appareillées, contre 1 300 euros en 2019 et 1 700 euros en 2018(2). Deux classes d’appareils subsistent : la classe I pour les appareils de l’offre 100 % santé et la classe II pour les appareils à prix libre.
Dans le cas de l’implant cochléaire, la partie interne de l’implant (16 000 €) et le renouvellement du processeur (6 000 €) sont pris en charge par l’hôpital où a lieu l’opération. Le patient peut avoir un reste à charge au niveau de l’assurance (vivement recommandée) et des accessoires (piles, chargeur…) bien qu’il existe plusieurs forfaits de prise en charge par l’Assurance maladie.
(1) « Troubles de l’audition / Surdités », document de l’Inserm, août 2017.
(2) « Des prothèses auditives bientôt intégralement prises en charge » sur ameli.fr
L’audition repose sur le couple oreille-cerveau. L’oreille capte les ondes sonores, puis transmet des vibrations jusqu’aux cellules ciliées de la cochlée. Ces cellules transforment ces vibrations en signaux électriques qui sont amenés au cerveau par le nerf auditif où ils sont traités, interprétés et mémorisés.
« Nos oreilles, on y tient », campagne de prévention santé auditive.
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt.