CAHIER DE FORMATION
SAVOIR FAIRE
Comme pour la réfection du pansement, toutes les manipulations proximales du PICC imposent une tenue adaptée avec un masque de type chirurgical pour le soignant et un pour le patient. Les rares patients qui ne supportent pas le masque peuvent tourner la tête du côté opposé au PICC. Le soin requiert des gants stériles enfilés après friction hydroalcoolique des mains, et une compresse stéril imprégnée d’antiseptique alcoolique.
La valve bidirectionnelle, ou le robinet le cas échéant, est désinfectée avec un antiseptique alcoolique ou de l’alcool éthylique modifié à 70 °C avant toute utilisation ou changement. L’intervention directement sur la valve située à l’extrémité extériorisée du PICC n’est pas recommandée, surtout en cas de perfusion discontinue. À chaque perfusion, l’infirmière est obligée d’intervenir de façon stérile et, malgré ces précautions, le cathéter a de forts risques d’être contaminé (voir encadré).
Le rinçage avant perfusion est important même s’il n’est pas formellement recommandé, notamment lors du traitement intermittent. Il permet de vérifier la perméabilité du cathéter, qui doit rendre possible une injection manuelle aisée. D’autant plus si la perfusion précédente n’a pas été suivie d’un rinçage ou en cas de doute. L’infirmière libérale peut demander un complément de matériel au prestataire (seringue et 10 cc de sérum physiologique).
Un rinçage efficace est impératif après toute injection. Il consiste à effectuer un rinçage pulsé par trois poussées successives en injectant 10 ml de NaCl à 0,9 % (2 × 10 ml ou 20 ml en cas de produit à haute viscosité comme les nutritions ou les produits sanguins). Après rinçage, la déconquonexion de la seringue se fait en pression positive en cas de doute sur le type de valve ou de valve sans pression positive :
– déconnexion sans clamper pour les valves bidirectionnelles à pression positive pour permettre à la valve d’éjecter un volume liquidien vers le cathéter ;
– déconnexion en utilisant le clamp situé au-dessus de la lumière du PICC pour les valves bidirectionnelles à pression négative ou neutre, pour éviter un reflux sanguin.
La ligne principale est changée tous les 4 jours, en cas de perfusion continue d’un même produit, ou après chaque traitement en cas de perfusion discontinue.
La transfusion de sang ou dérivés sanguins est possible sous réserve d’un rinçage efficace après administration. La tubulure de la poche de transfusion est branchée sur le site proximal, plus proche du patient, afin de faciliter le rinçage du dispositif de perfusion. S’il existe une autre voie veineuse que le PICC, elle est privilégiée pour la transfusion.
Diffuseur, pompe volumétrique ou pousse-seringue permettent le contrôle précis du produit et limitent le risque d’obstruction lors de l’administration médicamenteuse. Pour toute injection manuelle, utiliser une seringue de plus de 10 ml avec une pression adaptée au PICC.
Le petit diamètre de la lumière majore le risque d’obstruction des PICC. « C’est un facteur de risque de complication infectieuse », soulignait la SF2H en 2013. Plusieurs causes peuvent en être à l’origine : thrombose, précipités liés à des médicaments incompatibles, dépôts sanguins ou lipidiques. Le rinçage du PICC avant et après utilisation permet de réduire le risque d’obstruction. Le bon fonctionnement du PICC est vérifié par la présence du reflux veineux, l’absence de douleur spontanée ou à l’injection, le bon débit de perfusion (débit observé = débit attendu) et l’injection aisée à la seringue.
Le fait que le patient bouge le bras au cours des activités quotidiennes provoque une action de pompage qui entraîne un reflux vers le cathéter qui peut se boucher. « Des travaux ont montré qu’en intercures, quelle que soit la valve, à 15 jours, il y a toujours plus ou moins un reflux de sang dans le PICC, et un risque d’occlusion. Même la valve à pression positive ne permet pas de compenser la surpression du PICC provoquée par les mouvements du bras. D’où la recommandation de refaire le pansement du PICC tous les 7 jours, avec recherche du reflux et rinçage du dispositif », rapporte Benoît Le Hasif.
Le prélèvement effectué directement sur la valve située à l’extrémité du PICC répond aux mêmes conditions d’asepsie que toute intervention sur ce site proximal.
Le patient est installé avec la tête tournée du côté opposé au PICC et le bras placé en abduction pour faciliter le retour veineux.
Les 5 à 10 premiers ml de sang sont purgés et ne sont pas utilisés pour le prélèvement, sauf pour la réalisation d’hémocultures en cas d’infection liée au PICC et en l’absence de verrou antibiotique. Ils sont éliminés à la seringue ou plus facilement par l’élimination d’un ou deux tubes secs via le corps de pompe avant de faire le bilan prescrit.
Dans ce cas, les prélèvements sanguins se font à partir du robinet proximal pour faciliter le rinçage de la ligne de perfusion et du PICC, tout en évitant une altération de l’échantillon prélevé.
Un rinçage pulsé avec 10 ml de NaCl à 0,9 % est recommandé après le prélèvement, mais les spécialistes préconisent plutôt un rinçage pulsé de 20 ml. En présence d’une valve transparente, il convient de rincer jusqu’à ce que la valve soit propre. « L’infirmière doit préciser au laboratoire d’analyse que le prélèvement a été fait sur PICC car pour certains dosages de chimie le prélèvement sans garrot modifie le résultat », avertit Benoît Le Hasif. « Comme pour les chambres implantables, il se crée un biofilm auquel les molécules adhèrent, avec une élévation du dosage médicamenteux ».
M. M, atteint de mucoviscidose, est sorti de l’hôpital avec un PICC destiné à recevoir une antibiothérapie. Il a une prescription pour une antibiothérapie intraveineuse pluriquotidienne et un bilan sanguin.
Vous demandez à M. M le carnet de surveillance du PICC fourni par le service hospitalier et vous vérifiez l’état du dispositif à travers le pansement transparent, puis vous validez que le matériel livré par le prestataire de santé permet de respecter les mesures d’asepsie. Le bilan sanguin peut éventuellement être plus facilement prélevé sur l’autre bras.
En cas de manque d’informations, si l’infirmière a un doute sur la qualité du cathéter, PICC ou Midline, elle n’injecte que les médicaments et solutés adaptés pour la voie périphérique et donc la Midline.
→ Cathéter (s)
Séance d’entretien d’un cathéter veineux central implanté par voie périphérique en dehors des perfusions, y compris le pansement : AMI 4 (Titre XVI de la NGAP, chapitre II « Soins spécialisés », art. 1er « Soins d’entretien des cathéters »).
→ Injections et prélèvements
Prélèvement sanguin sur cathéter veineux central extériorisé : AMI 1 (Titre XVI, chap II, art. 2 « Injections et prélèvements »).
→ Perfusions
Tous les actes suivants sont inscrits au Titre XVI, chap. II, art. 2 « Perfusions » de la NGAP :
– Forfait pour séance de perfusion courte = 1 heure, sous surveillance continue : AMI 9 ou AMI 10*.
– Supplément forfaitaire pour surveillance continue d’une perfusion par heure après la 1ère heure (maxi 5 heures) : AMI 6
– Forfait pour séance de perfusion = 1 heure, avec organisation d’une surveillance : AMI 14 ou AMI 15*.
– Forfait pour arrêt et retrait du dispositif d’une perfusion, y compris le pansement, la tenue du dossier de soins éventuellement la transmission d’informations nécessaires au médecin prescripteur (ne se cumule pas avec un forfait de perfusion sous surveillance continue) : AMI 5.
– Forfait pour l’organisation de la surveillance d’une perfusion, de la planification des soins, la coordination avec les autres professionnels de santé, les prestataires et les services sociaux. Par jour, sauf jour de pose et de retrait : AMI 4 (frais de déplacements ou majorations de nuit ou de dimanche ne peuvent être ajoutés).
– Changement de flacon (s) ou branchement en Y sur dispositif en place ou intervention pour débranchement ou déplacement du dispositif ou contrôle du débit, pour perfusion sans surveillance continue, hors séance de pose : AMI 4,1.
Remarque : un forfait pour séance de perfusion sous surveillance continue et un forfait pour séance de perfusion ≥ 1 heure avec organisation d’une surveillance par contrôle, se cumulent le cas échéant à taux plein : AMI 9 ou 10* + AMI 14 ou 15*.
* Pour un patient immunodéprimé ou atteint de cancer