Le Conseil national de l’ordre des médecins a publié, en février, sa 17ème enquête nationale sur la permanence des soins ambulatoires.
LES GRANDES TENDANCES DES ANNÉES PRÉCÉDENTES SUR L’ORGANISATION DES GARDES DES MÉDECINS GÉNÉRALISTES SE POURSUIVENT. Selon le bilan que dresse, chaque année, le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom), la participation des praticiens à la permanence de soins ambulatoires (PDSA) reste « fragile ». « Bien que l’on puisse observer une hausse précaire du nombre de médecins régulateurs libéraux, exclusivement liée à la hausse de la participation des médecins retraités, salariés ou remplaçants, ainsi qu’une légère baisse du nombre de territoires couverts par moins de cinq médecins volontaires, il apparaît toutefois que le taux de participation des médecins à la PDSA a baissé au niveau national », écrit le Cnom. Il identifie deux causes principales à ce phénomène : la faiblesse de la démographie médicale et la « démobilisation » des médecins libéraux. En 2019, la carte de France est découpée en 1 442 secteurs de garde pour les soirées (contre 1 482, l’année précédente), en 1 460 secteurs pour les weekends et les jours fériés (contre 1 513, l’année précédente) et 332 secteurs pour la nuit profonde (contre 392, l’année précédente). Dans l’ensemble, 52 % des actes des médecins généralistes en garde sont réalisés le week-end, 42 % en soirée (entre 19h et minuit) et 6 % en nuit profonde (entre minuit et 7h).
Il existe néanmoins un part de zones blanches, essentiellement en nuit profonde où seulement 27 % des territoires sont encore couverts par des médecins de garde. Le week-end, la garde est assurée sur 99 % des territoires et en soir de semaine sur 90 % des territoires. « Les gardes de soirée commencent à être remises en question par une partie des médecins, selon certains conseils départementaux », souligne les auteurs du rapport qui avancent comme raisons le vieillissement des médecins en exercice et la désertification médicale dans certaines zones. Dans le Lot, le conseil départemental explique que « les médecins veulent pouvoir se reposer et ne pas être coincés pour une activité hypothétique souvent nulle ». Dans des départements comme la Dordogne, l’Aveyron ou la Lozère, les conseils départementaux mettent en avant « la surcharge du travail des médecins du fait de la faiblesse du nombre de volontaires et l’agrandissement des secteurs de garde ».
Pour renforcer l’implication des médecins, les deux tiers des conseils départementaux préconisent des mesures financières, notamment des augmentations des forfaits d’astreinte et des dispositifs de défiscalisation. D’autres évoquent aussi le renforcement de la participation des internes ou des salariés ou encore un renforcement de la sécurité. En outre, pour faciliter l’organisation de la PDSA, les conseils départementaux sont intéressés par l’idée de mettre à disposition des moyens de transports pour les patients qui ne peuvent se déplacer seuls. La poursuite de la restructuration des secteurs de garde est aussi évoquée, ainsi que le développement de « points fixes de consultations ». La précédente ministre de la Santé, Agnès Buzyn avait d’ailleurs promis, en septembre dernier, la création de 50 « maisons médicales de garde » (MMG) dans toute la France, afin notamment de désengorger les services d’urgences hospitaliers.
Le 116-117, numéro unique consacré à la permanence des soins est expérimenté, depuis 2016, dans 12 départements dans les Pays de la Loire, de Normandie et de Corse. Globalement, les conseils de l’ordre des départements concernés se disent favorables à ce numéro. « Les critiques formulées tiennent principalement au manque de connaissance et à la sous-utilisation du dispositif par la population et ce, parfois, malgré la réalisation d’une campagne de communication », soulignent les auteurs du rapport sur la permanence de soins. Les arguments en faveur du numéro unique sont le désencombrement du 15 qui devient la référence pour les urgences vitales, la simplification pour les usagers et l’uniformisation nationale de l’organisation. À l’inverse, les arguments opposés sont que les usagers doivent être capables de distinguer les urgences vitales et les soins non programmés, et la crainte de manques de moyens financiers dédiés. Le numéro unique est défendu par les principaux syndicats de médecins libéraux, et le ministère de la Santé devrait annoncer dans les prochaines semaines si celui-ci sera ou non généralisé dans le cadre du nouveau système du « service d’accès aux soins ».