L'infirmière Libérale Magazine n° 368 du 01/04/2020

 

PLAN SANTÉ

ACTUALITÉ

Laure Martin  

Le 19 février, la Délégation ministérielle du numérique en santé (DNS) annonçait qu’en 2020, l’accent serait mis sur le médico-social. Les acteurs vont bénéficier d’un accompagnement particulier, afin de permettre le déploiement du numérique dans les structures.

LA FEUILLE DE ROUTE DU NUMÉRIQUE EN SANTÉ, DÉFINIE DANS LE CADRE DU PLAN MA SANTÉ 2022, « NE COUVRE PAS SEULEMENT LE SECTEUR SANITAIRE, a rappelé Dominique Pon, responsable de la DNS, lors d’une conférence de presse le 19 février. Le secteur médico-social est également concerné. Mais il est en retard. Nous nous interrogeons donc sur la manière de rattraper ce retard en accompagnant les acteurs. » La délégation ministérielle a passé l’année 2019 à poser les bases de la politique du numérique en santé : renforcement de sa gouvernance, élaboration des référentiels socles destinés à l’ensemble des acteurs de l’écosystème, définition des services socles, ainsi que des plates-formes numériques amenées à se déployer dans les années à venir.

Comme le souhait de la DNS est de ne laisser aucun acteur sur le banc de touche, après le sanitaire, c’est au secteur médico-social d’être au centre de toutes les attentions. « Nous voulons nous positionner, comme dans le domaine sanitaire, dans une logique de gouvernance inversée, afin de ne pas déployer des solutions “hors sol” », explique Dominique Pon. La DNS prévoit donc d’organiser des collectifs régionaux et un conseil numérique du médicosocial pour que les acteurs arbitrent, avec la gouvernance, la déclinaison de la feuille de route dans les territoires. « Nous voulons changer la culture pour travailler dans une démarche de coconstruction », ajoute-t-il. Au programme : un tour de France du numérique de la DNS dans le médico-social, via des visites de terrain, afin d’aller à la rencontre des acteurs et de définir les priorités.

Des échanges sécurisés

La première action concrète envisagée est le déploiement d’une messagerie sécurisée qui permettra au secteur médico-social de correspondre avec le secteur sanitaire. Jusqu’à présent, seul ce dernier dispose d’une messagerie sécurisée de santé (MSS). Pour y accéder, les professionnels passent par leur identifiant RPPS (répertoire partagé des professionnels de santé) ou leur numéro Adeli, qui n’existent pas dans le secteur médico-social. « Les délais pour étendre l’annuaire national au médico-social sont longs, précise le responsable de la DNS. Nous devons donc, en attendant d’y parvenir, raccourcir ces délais. » La délégation travaille donc actuellement avec l’Agence du numérique en santé (ANS) pour trouver un mode dérogatoire afin que la MSS s’ouvre au médico-social. « Une solution sera trouvée pour qu’une infirmière au sein d’un Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) puisse recevoir, via une MSS, le protocole de soins d’un résident, établi par un médecin, donne en exemple Dominique Pon. La continuité des soins doit englober le médico-social. »

Aujourd’hui, comme la structuration du RPPS ne permet pas de tels échanges, les acteurs de terrain inventent des plans B qui ne sont pas sécurisés (courriel, application de type WhatsApp) pour échanger (lire Votre cabinet p. 50).

Encourager les Ehpad 3.0

L’autre ambition de la DNS est de lancer, dès la fin du mois de mars, la première vague d’appels à candidatures “structures 3.0”, prévue dans l’action 24 du plan Virage numérique et dédiée au médicosocial. « Symboliquement, nous voulons que les premiers appels à projet concernent le secteur médico-social et non les structures hospitalières, indique Dominique Pon. Avec cette mesure, l’objectif est de financer les actions innovantes dans le numérique en santé en apportant des supports pour assurer une cohérence nationale. » Les financements pourront servir à développer des outils techniques, mais aussi à renforcer les ressources humaines pour contribuer au déploiement d’une solution numérique.

DES ATELIERS AVEC LES PROFESSIONNELS DE SANTÉ

Au cours de l’année, la DNS prévoit d’organiser des ateliers de travail avec les professionnels de santé. « Notre objectif est de les réunir, notamment via les Unions régionales des professionnels de santé (URPS), les éditeurs et les pouvoirs publics, pour définir ensemble les besoins et les attentes de chacun », précise Dominique Pon. Plusieurs thématiques seront abordées, parmi lesquelles l’e-CPS, le dossier médical partagé, la messagerie sécurisée de santé, etc. Ces ateliers auront lieu à la suite de la journée (nationale) des professionnels de santé, prévue en juin prochain.