Dispositifs médicaux
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docteur en pharmacie
Outils courants d’aide au diagnostic en milieu médical, certaines bandelettes urinaires sont utilisées à domicile par l’Idel ou le patient dans l’objectif de dépister ou de surveiller un ou plusieurs paramètres biologiques. Précautions d’emploi et limites d’interprétation doivent être connues pour réaliser et analyser ces tests.
Les bandelettes urinaires sont des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro qui se présentent sous la forme de languettes absorbantes dont l’extrémité, dite “zone réactive”, comprend un ou plusieurs réactifs chimiques. Chaque réactif est spécifique d’un paramètre biologique à tester : leucocytes, nitrites, protéines (en particulier l’albumine), érythrocyte et hémoglobine (sang), corps cétoniques, urobilinogène, bilirubine, pH (acidité de l’urine) et densité urinaire.
Lors de la mise en contact de l’urine avec la zone réactive, l’interaction des réactifs chimiques est couplée à une réaction colorimétrique visible à l’œil nu qui permet de révéler ou non la positivité d’un paramètre : soit sa présence (alors qu’il est normalement absent des urines), soit le dépassement de son seuil physiologique normal. Les bandelettes permettent de rechercher un seul ou plusieurs paramètres selon l’orientation pathologique du dépistage (voir le tableau ci-dessous).
Les bandelettes sont des outils de dépistage qui aident au diagnostic ou au suivi d’une maladie. Elles orientent les examens complémentaires nécessaires.
Cas particulier : elles sont reconnues suffisantes pour établir le diagnostic de cystite aiguë simple en cas de positivité des deux critères leucocytes + nitrites.
→ Les bandelettes peuvent être prescrites ou conseillées aux patients à domicile, principalement dans le cadre :
- d’un risque d’infection urinaire (notamment en cas de récidives) : Uritest 2, Exacto Infection urinaire, etc.
- de diabète (en complément de l’autocontrôle glycémique) : Keto-Diastix, etc.
- de grossesse (en complément du suivi habituel). Détection du risque infectieux, protéinurie (risque de prééclampsie) et glycosurie (risque de diabète gestationnel) : Uritest 4, etc.
→ Seuls les réactifs Keto-Diastix sont pris en charge par l’Assurance maladie, sous conditions, pour les diabétiques de type 1 et sur prescription médicale.
→ Les bandelettes multiparamètres sont réservées à un usage par les professionnels de santé : Multistix, Exacto Pro, toute la gamme Combur, etc.
→ Certaines, exclusivement utilisées en établissement médical, évaluent, en plus du taux d’albumine (A), le taux de créatinine (C) et le rapport A/C pour estimer la microalbuminurie en cas de diabète ou d’hypertension (détection précoce d’une altération de la fonction rénale) : Clinitek Microalbumine 2 ou 9.
→ Les bandelettes ne sont pas fournies aux professionnels de santé par l’Assurance maladie.
Les produits chimiques étant sensibles à la chaleur, à l’humidité et à la lumière, les bandelettes sont à conserver dans leur flacon d’origine fermé, à une température de 15 à 30 °C, dans un endroit sec (pas au réfrigérateur).
Le test doit être réalisé immédiatement après l’émission des urines, idéalement concentrées après un séjour de 3 heures au minimum dans la vessie.
1. Vérifier la date de péremption sur le conditionnement du flacon.
2. Procéder au lavage des mains, du patient et du manipulateur. Le professionnel porte des gants. Une toilette des parties génitales est réalisée à l’eau et au savon, sans produit antiseptique.
3. Évacuer le premier jet avant de recueillir la quantité d’urine suffisante dans un récipient propre, pas nécessairement stérile, mais sans traces de détergent ou d’anti septique. Uriner directement sur la bandelette est possible mais la précision et le temps d’imprégnation sont difficiles à contrôler.
4. Prendre une bandelette dans le flacon qui devra être immédiatement rebouché.
5. Faire tourner doucement le récipient pour homogénéiser les urines.
6. Tremper toute l’extrémité réactive de la bandelette dans l’urine pendant 1 à 2 secondes.
7. Égoutter la bandelette en la tapotant sur le bord du récipient puis en passant la tranche (et non le plat) sur un papier absorbant, la tenir ensuite à l’horizontale.
8. Respecter le temps d’attente préconisé avant la lecture, généralement 1 à 2 minutes.
9. Jeter la bandelette à usage unique.
→ La lecture s’effectue sous un éclairage correct, en comparant les blocs de couleur de la bandelette à ceux d’une échelle colorimétrique fournie par le fabricant (le plus souvent sur le conditionnement du flacon). Le résultat est de type positif/négatif ou, selon le type de bandelette, semiquantitatif : l’intensité de la coloration évalue une concentration plus ou moins forte du paramètre.
→ Le plus souvent, la lecture se fait à l’œil nu. En milieu médical, un lecteur automatique peut la standardiser et l’affiner (par exemple Clinitek Status pour Hema-Combistix, Multistix, etc.).
→ Des faux-positifs ou faux-négatifs sont possibles, la fiabilité des résultats étant influencée par des paramètres tels qu’une date de péremption dépassée, une mauvaise conservation, un délai de lecture trop long ou trop court, une dilution excessive des urines (trop d’eau bue avant le test), la prise de certains antibiotiques, des traces de sang ou de sécrétions vaginales, des apports alimentaires (betterave rouge ou légumes verts susceptibles de positiver les nitrites), etc.
→ La bandelette ne permet qu’un dépistage et ne dispense pas d’un suivi médical régulier.
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt.
La réalisation du test des bandelettes relève du rôle propre des infirmier(e)s tel qu’il est défini par l’article R.4311-5 du Code de la santé publique : « Dans le cadre de son rôle propre, l’infirmier ou l’infirmière accomplit (…) le recueil des données biologiques obtenues par des techniques à lecture instantanée. (…) Pour les urines : glycosurie, acétonurie, protéinurie, recherche de sang, potentiels en ions hydrogène, pH. »
→ Sans cotation à la NGAP
Aucune cotation n’est prévue pour la réalisation de ce test qui est à distinguer du prélèvement aseptique des urines en vue d’un examen cytobactériologique (ECBU).
→ Pas de prescription
Les bandelettes n’entrent pas dans le champ du droit de prescription des infirmier(e)s.