Un ancien infirmier lance le site Applisoins, pour faciliter l’accès aux soins à domicile et la visibilité des professionnels.
L’IDÉE D’UNE PLATE-FORME DE RENDEZVOUS À TAILLE HUMAINE POUR SIMPLIFIER LA VIE DES PARAMÉDICAUX EST NÉE DANS L’ESPRIT D’UN ANCIEN IDEL, PATRICK DELEPLACE, AUJOURD’HUI CADRE DE SANTÉ DANS LE MÉDICO-SOCIAL À LA RÉUNION. « Quand j’exerçais à Montpellier, mon téléphone n’arrêtait pas de sonner. Souvent, les patients étaient hors de mon secteur ou, à cause de la réforme des séances de soins infirmiers (AIS), j’étais saturé de toilettes à faire, je ne pouvais donc pas les prendre en charge », explique-t-il. Il imagine alors un outil pour faciliter la vie des Idels, mais aussi pour aider les patients à trouver un soignant.
Sur cette aventure, il est accompagné par son ami d’enfance, Julien Chené, spécialiste des relations publiques et de la gestion de projet, un ancien du Secours populaire français. « Nous ne sommes pas issus d’une école de commerce, mais du monde de la solidarité et du soin. Notre ADN est complètement différent des autres platesformes de prise de rendez-vous. Nous n’avons pas levé des milliards sur un concept. Dans un premier temps, nous avons développé un système avec peu de fonctionnalités, mais il est appelé à évoluer selon les besoins qui remonteront du terrain », explique le cofondateur d’Applisoins.
Un mois après son lancement, le site compte déjà 10 000 sessions ouvertes par des soignants et des patients, grâce au bouche-à-oreille. « Notre vocation, c’est de les réunir autour d’un besoin de santé », poursuit l’ancien Idel. La plate-forme, connectée à l’Annuaire santé (1) et mise à jour quotidiennement, reprend les coordonnées de quelque 200 000 professionnels : infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, podologues, sages-femmes, orthophonistes consultants à domicile, etc. « Si un patient ne trouve pas le professionnel qu’il recherche, nous lui proposons des solutions, et si un professionnel n’exerce plus, sa fiche est désactivée », poursuit Julien Chené.
La plate-forme permet de rester maître de son agenda tout en recevant des sollicitations via une vitrine en ligne gérée par l’application. « L’offre a été pensée pour l’Idel 2.0 : on lui libère du temps grâce à un service qui pourrait être facturable, car on remplace le secrétariat téléphonique », souligne Patrick Deleplace. Lorsque le professionnel accepte un rendez-vous, une messagerie sécurisée s’ouvre entre lui et le patient pour l’échange de clichés ou de documents préalables à la consultation. Applisoins se charge d’envoyer un message au patient pour lui préciser les modalités de paiement acceptées, ou les documents à préparer en vue de la consultation à domicile. En cas d’imprévu ou de soins qui s’éternisent, le professionnel peut aussi prévenir ses patients suivants de son retard via l’appli.
Applisoins n’envisage pas d’intégrer le dossier médical partagé à son offre. « Notre but n’est pas d’avoir accès aux données des patients, ni de remplacer les messageries de santé sécurisées », poursuit Julien Chené. En matière de protection des données, pas d’inquiétude, le site garantit la protection des données personnelles, leur modification et leur suppression, le consentement des utilisateurs et l’exercice de leur droit d’accès, comme l’exige le Règlement général sur la protection des données (RGPD) européen. « Nous souhaitons rester sur le créneau de la prise de rendez-vous et de la coordination des soins entre professionnels, sans collecter les données de santé, et pouvoir garantir que nous ne revendons aucune information », ajoute Patrick Deleplace. Le site permet en effet de travailler en équipe. « Les professionnels peuvent se transmettre des demandes de rendez-vous qu’ils ne sont pas en mesure d’honorer, comme en réunion de coordination, ou bien opter pour un exercice partagé et organiser, entre eux, leurs rendez-vous ou tournées », poursuit-il.
Au final, n’est-ce juste qu’une nouvelle plate-forme de prise de rendez-vous ? Non, car les fondateurs misent sur des valeurs différentes pour séduire les Idels et autres paramédicaux, telles que l’économie locale et la solidarité dans le soin. En outre, la gratuité du service est assurée grâce à des annonceurs du secteur médico-social (matériel et services) ciblés par région. Si elle parvient à l’équilibre, la petite entreprise reversera au minimum 5 % de ses bénéfices nets à des associations d’accès aux soins pour les personnes démunies. L’appel est lancé aux associations de soignants qui travaillent sur cette thématique. À bon entendeur…
(1) L’Annuaire santé recense les professionnels de santé enregistrés dans les répertoires nationaux RPPS et Adeli et leurs situations d’exercice (annuaire.sante.fr).