Contraception
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docteur en pharmacie, avec l’aimable relecture du Pr Éric Huyghe, chirurgien urologue à Toulouse.
La vasectomie est une méthode de contraception masculine considérée comme définitive, qui impose un consentement éclairé et un temps de réflexion. L’intervention chirurgicale est rapide et n’entraîne que de rares complications, sans aucun impact sur la sexualité.
Une méthode contraceptive masculine définitive, destinée à empêcher le passage des spermatozoïdes dans le liquide spermatique lors de l’éjaculation, et ainsi à prévenir tout risque de grossesse.
C’est une intervention chirurgicale qui bloque les canaux déférents par lesquels sont acheminés les spermatozoïdes des testicules vers le liquide spermatique (voir la figure). La contraception est assurée par l’absence de spermatozoïdes, sans conséquences pour les autres fonctions sexuelles (lire l’encadré ci-contre).
Pour mémoire, le sperme se compose essentiellement des sécré-tions de la prostate et des vésicules séminales. Les spermatozoïdes, produits dans les testicules, s’y ajoutent via les canaux déférents, mais n’en représentent qu’une petite quantité (2 % environ).
Seuls les hommes majeurs ayant exprimé librement leur volonté d’une contraception permanente y ont accès. Après une information médicale fournie lors d’une première visite et un délai de réflexion obligatoire de quatre mois au minimum, le consentement est recueilli par écrit, au cours d’une seconde visite. Si la partenaire peut aussi être associée à la réflexion, seul le consentement de l’intéressé est nécessaire.
Après une vasectomie, un rétablissement chirurgical de la perméabilité des canaux peut être tenté, une “vasovasostomie”, mais le taux de grossesse observé est alors inférieur à 50 %. C’est pourquoi cette méthode, dite de “stérilisation”, doit être présentée comme définitive. Cela nécessite des temps d’information et de réflexion obligatoires, et la possibilité de réaliser une autoconservation du sperme par congélation avant l’intervention.
En France, la vasectomie est autorisée depuis 2001, mais reste confidentielle. Avec 9 240 interventions en 2018, la méthode a néanmoins connu une forte croissance avec une augmentation de quasiment 500 % en huit ans (1 880 interventions en 2010). En Europe, elle est davantage mise en œuvre dans les pays du Nord. En 2008, seulement 0,8 % des hommes y ont eu recours en France, au lieu de 8,4 % en Belgique et 21 % au Royaume-Uni (1).
Pour chacun des testicules :
- isolement puis extériorisation des canaux déférents, soit par la technique dite “classique” qui consiste à inciser le côté du scrotum sur 0,5 à 1 cm à l’aide d’un bistouri, soit par voie transcutanée, dite technique “sans bistouri”, qui consiste à simplement perforer la peau avec une pince spécifique ;
- section puis occlusion des canaux par différentes méthodes qui peuvent être associées, telles que la ligature, la cautérisation thermique, la mise en place de clips, etc.
Les canaux obturés sont ensuite remis en place et la peau est suturée.
L’acte est réalisé par un urologue dans un établissement de santé, le plus souvent sous anesthésie locale, en soins externes ou en chirurgie ambulatoire. L’intervention est indolore et dure en moyenne une quinzaine de minutes. Elle est prise en charge par l’Assurance maladie.
La vasectomie est considérée comme l’une des méthodes les plus efficaces, avec un taux de grossesse non souhaité la première année de 0,1 %.
Comme les vésicules séminales stockent des spermatozoïdes, l’efficacité après l’obturation des canaux déférents n’est pas immédiate, mais intervient deux à trois mois après l’intervention. Durant ce délai, en l’absence de contraception de(s) partenaire(s), il est impératif d’utiliser un préservatif pour prévenir une grossesse.
Trois mois plus tard, un spermogramme permet de contrôler l’efficacité de l’intervention : il doit montrer l’absence de spermatozoïdes dans le sperme (azoospermie) ou la présence de rares spermatozoïdes non mobiles (≤ 100 000/ml).
Non systématique, la douleur est généralement minime. Elle est calmée si besoin par l’application ponctuelle de froid, en interposant un linge entre la source de froid et la peau, voire par un antalgique de type paracétamol. Une gêne comme une lourdeur et des picotements au niveau de la cicatrice peuvent néanmoins persister jusqu’à cinq jours postopératoires.
Après le retrait du pansement, une douche est possible le lendemain de l’intervention, mais pas un bain. Le plus souvent, aucun soin particulier n’est nécessaire, hormis le maintien d’une bonne hygiène locale. Les relations sexuelles peuvent reprendre cinq à sept jours plus tard en moyenne. Les premières éjaculations présentent parfois des traces de sang.
Les complications sont rares et ne concernent qu’environ 1 % des cas. Elles regroupent essentiellement :
- des hématomes ou des infections locales aux points d’incision pouvant nécessiter des soins ;
- une inflammation du conduit reliant le testicule à la prostate due à l’accumulation de spermatozoïdes dans le testicule (épididymite congestive) ;
- une douleur durable au niveau de la cicatrice pendant quelques semaines ;
- une reperméation des canaux en cas d’échec qui peut exiger une nouvelle intervention.
(1) « World Contraceptive Patterns 2013 », données des Nations unies.
Non. La vasectomie n’a aucun effet sur les glandes séminales et la prostate, qui continuent à produire la même quantité de liquide spermatique. Les testicules fabriquent toujours des spermatozoïdes, mais ceux-ci sont évacués par l’organisme. Les fonctions sexuelles et endocrines, dont la production de testostérone, ne sont pas modifiées. L’érection, l’éjaculation et la libido restent fonctionnelles, seule la fécondation de l’ovule par les spermatozoïdes est stoppée.
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.