CAHIER DE FORMATION
SAVOIR
Les infections virales respiratoires sont caractérisées par une grande contagiosité qui explique le risque épidémique sévère. Dans tous les cas, la transmission se fait par les gouttelettes émises soit directement par la toux ou l’éternuement, soit indirectement par les mains des personnes infectées. Elle est prévenue par la vaccination, lorsqu’elle existe, ou par des mesures d’hygiène qui lui font barrière.
Contrairement aux bactéries, les virus ne sont pas des entités biologiques autonomes, ils ne disposent pas des fonctions nécessaires à la reproduction ou à la multiplication. Ils doivent s’insérer dans une cellule pour se multiplier. Leur structure, très simple, est composée de deux ou trois éléments : un génome, qui est de l’ADN ou de l’ARN, est contenu dans une structure protéique, appelée capside, l’ensemble étant enrobé ou non dans une enveloppe.
Ces deux types de virus se distinguent par la présence ou non d’une enveloppe externe, ou “péplos”, un mot grec qui signifie manteau. Cette couche lipidique, externe et fragile, entoure l’ensemble formé par le génome et la capside.
→ Les virus enveloppés
« Il est relativement facile de détruire cette enveloppe et le virus est alors altéré. Bien que le qualificatif enveloppé évoque plutôt une protection, c’est au contraire un élément de vulnérabilité du virus », souligne le Pr Jean-Paul Stahl, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble. Ainsi, ces virus perdent leur pouvoir infectieux lorsque leur enveloppe est dégradée :
- dans le système digestif par les enzymes digestives et le pH acide de l’estomac ;
- dans le milieu extérieur par la température, même ordinaire, et le dessèchement (dessiccation).
La plupart des virus respiratoires sont des virus enveloppés. Par exemple, les coronavirus à l’origine de rhumes ou d’infections plus graves comme la Covid-19 (acronyme anglais pour coronavirus disease 2019, maladie à coronavirus de 2019 en français), les virus influenza de la grippe ou le virus respiratoire syncytial de la bronchiolite, etc.
→ Les virus nus
Dépourvus de péplos, ils résistent beaucoup plus longtemps dans le système digestif et dans le milieu extérieur. Les virus respiratoires courants ne sont pas des virus nus, sauf « les entérovirus ou adénovirus qui provoquent exceptionnellement des pneumonies et peuvent être transmis par voie aérienne, mais ce ne sont pas des virus respiratoires au sens strict du terme », précise le Pr Jean-Paul Stahl.
→ Influence sur la contamination
Plusieurs voies de contamination virale sont possibles : respiratoire, digestive, transcutanée, transmuqueuse (notamment sexuelle), sanguine ou encore par piqûre ou morsure (rage). Les virus enveloppés comme ceux de la grippe, trop fragiles pour franchir le tractus intestinal, ne sont pas retrouvés dans les selles et ne se transmettent donc pas par la voie orofécale. En revanche, c’est la voie de contamination essentielle des poliovirus, qui sont nus et plus résistants.
→ Critères
Les virus sont classés selon leurs propriétés de structure et de réplication à l’intérieur des cellules. Les trois premiers critères de la classification universelle (1) des virus sont la nature de l’acide nucléique du génome, à ADN ou à ARN, la configuration de la capside, tubulaire ou icosaédrique, et la présence ou l’absence d’une enveloppe.
→ Organisation
Une espèce virale réunit les virus qui possèdent des caractéristiques communes telles que l’organisation du génome, la structure du virion, les propriétés de la capside, etc. En 2018, 4 853 espèces virales étaient répertoriées, classées en 846 genres viraux et 143 familles virales réparties dans 14 ordres (1).
→ Exemple du Sars-CoV-2
Le Sars-CoV-2, acronyme anglais pour severe acute respiratory syndrome coronavirus 2, est le virus de la Covid-19. Ce nom scientifique indique qu’il fait partie de la famille des coronavirus et provoque un syndrome respiratoire aigu sévère. Les coronavirus ont un génome à ARN et sont enveloppés d’une capsule de protéines en forme de couronne (“corona”).
Les virus partagent avec les bactéries le premier rang des agents à l’origine d’infections, suivis dans une moindre mesure par les champignons et les parasites. Environ 200 espèces de virus sont identifiées comme pathogènes pour l’homme, c’est-à-dire capables d’induire une maladie, avec ou sans symptômes. Ces virus provoquent le plus souvent des affections bénignes comme des rhinites, mais aussi des maladies graves, voire mortelles, telles que le Sida, les encéphalites ou les hépatites. « La lutte contre les virus respiratoires est un enjeu majeur en termes de santé publique et nécessite de développer des stratégies à la fois préventives et curatives », écrivait en 2016 le professeur de pneumologie Anne Bergeron (2).
→ Mécanismes
Certains virus augmentent le risque de survenue du cancer selon deux mécanismes :
- l’inflammation chronique entretenue par les virus peut conduire à la formation de lésions précancéreuses et cancéreuses ;
- en introduisant leur ADN ou ARN, les virus peuvent provoquer directement des mutations génétiques chez la cellule hôte, jusqu’à la transformer en cellule cancéreuse. On parle alors de virus oncogène.
→ Exemples
- Les virus de l’hépatite B et C peuvent provoquer une cirrhose hépatique propice au cancer du foie.
- Les papillomavirus, dont les lésions du col de l’utérus, peuvent dégénérer en cancer. Ils sont aussi responsables de cancers de l’anus, de la vulve, du vagin, du pénis et de l’oropharynx.
- Le virus de l’herpès (HHV8) est à l’origine du sarcome de Kaposi.
- le virus Epstein-Barr est responsable de lymphomes non hodgkiniens et de cancers du nasopharynx.
- le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) favorise la survenue de complications de type cancéreux par l’immunodépression qu’il provoque.
Comme toutes les infections, les infections virales sont des maladies dues à l’invasion de certains organes par un agent infectieux qui, en se multipliant :
- dérègle le fonctionnement de l’organe ;
- entraîne une activation du système immunitaire ;
- peut provoquer la libération de toxines dans le sang ;
- génère une réaction immunitaire à l’origine de symptômes tels que fièvre, céphalées et fatigue. Chaque agent infectieux atteint en général un ou plusieurs organes de prédilection.
La multiplication virale est un phénomène complexe dans lequel le virus détourne les fonctions fondamentales de la cellule, sa “machinerie”, pour se répliquer. Pour qu’il y ait infection, le virus commence par se lier à une cellule hôte.
→ La réplication
L’ADN ou l’ARN du virus est ensuite introduit dans des cellules hôtes (dites “permissives” car le virus peut s’y répliquer), dans le noyau pour les virus à ADN, dans le cytoplasme pour les virus à ARN. Lors de la réplication, la cellule hôte libère de nouveaux virus qui vont infecter d’autres cellules. En règle générale, la cellule hôte qui a fabriqué de nouveaux virus meurt. Certains virus, appelés rétrovirus, utilisent une méthode de réplication spécifique.
→ la dispersion dans l’organisme
La structure et la composition des virus leur permettent de propager l’infection dans l’organisme. Généralement, le virus se multiplie d’abord localement, puis soit il reste cantonné et se réplique au niveau du site d’infection initial (comme le rhinovirus lors d’un rhume banal), soit il atteint un organe cible à distance via une réplication par voie générale, dans le sang ou la lymphe, ou par voie neuronale dans le cas du virus de la rage ou de la poliomyélite.
De nombreuses infections virales sont éliminées par les défenses de l’organisme, mais certaines persistent à l’état latent. D’autres provoquent des maladies chroniques.
→ La période d’incubation
Toutes les infections débutent par une phase de latence, ou période d’incubation, qui correspond à la durée écoulée entre l’introduction d’un germe infectieux dans l’organisme et l’apparition des premiers symptômes (un à trois jours pour la grippe).
→ L’infection abortive
Elle est caractérisée par la disparition rapide d’un virus qui a une faible capacité infectieuse et/ou vise une cellule qui n’est pas permissive.
→ L’infection aiguë
C’est l’évolution la plus classique, qui se manifeste par une réplication et une propagation rapide du virus. Le plus souvent, elle est rapidement contrôlée grâce à une réponse immunitaire appropriée. En revanche, en l’absence d’une telle réponse, l’évolution vers une infection fulminante est possible et prend la forme d’une propagation très rapide et non contrôlée de l’infection, souvent mortelle. Par exemple, l’hépatite A aiguë guérit généralement en deux mois environ, mais elle peut, dans de rares cas, provoquer une hépatite fulminante souvent fatale.
→ L’infection latente
« Lors d’infection latente, le virus intègre le génome humain, mais ne prolifère pas. Il n’est plus repéré par le système immunitaire. Il n’y a donc pas de réponse immunitaire. Il peut se réactiver, mais il est alors contrôlé par le système immunitaire qui le reconnaît rapidement, explique le Dr Lydia Pouga, médecin virologue. C’est une sorte de compromis. Le virus peut “rester” dans la cellule humaine à condition d’être silencieux. » À l’exemple du virus de la varicelle et du zona (VZV) qui, après la varicelle de l’enfance, reste “dormant” dans l’organisme et peut se réactiver sous la forme d’un zona. Chez l’homme, les infections latentes concernent principalement la famille des herpèsvirus (cytomégalovirus, virus herpès simplex, etc.).
→ L’infection chronique
« En cas d’infection chronique, le système immunitaire n’arrive pas à éliminer le virus. La réponse inflammatoire perdure et le virus continue à proliférer », schématise le Dr Lydia Pouga. Une infection chronique peut être plus ou moins symptomatique, mais elle est active. Elle persiste après l’infection initiale, avec un risque de transmission à d’autres personnes. Il n’y a pas beaucoup d’infections chroniques virales et, jusqu’à présent, aucune ne concerne les virus respiratoires. C’est en revanche le cas de :
- l’infection par le VIH qui persiste à bas bruit, partiellement contrôlée par le système immunitaire ;
- l’infection par le virus de l’hépatite B qui, dans 10 % des cas environ, persiste sous une forme plus ou moins intense, symptomatique et contagieuse, avec un risque de complications de type insuffisance hépatique, cirrhose ou cancer du foie ;
- l’infection par le virus de l’hépatite C qui devient chronique dans la majorité des cas, associée à un risque de cirrhose et de cancer du foie.
→ La cancérisation
Le génome viral est intégré au génome cellulaire et transforme les caractéristiques morphologiques et biologiques des cellules, jusqu’à en faire parfois des cellules cancéreuses. Il s’agit alors de virus oncogènes ou d’oncovirus. Les infections virales sont dites “transformantes”, car la cellule est transformée en cellule cancéreuse. Elles sont toujours associées à des infections persistantes. Jusqu’à présent, aucun virus respiratoire oncogène n’est identifié.
Pour entraîner un cancer, le virus oncogène doit :
- soit provoquer une inflammation chronique ; il est alors toujours détecté par le système immunitaire qui ne parvient pas à l’éliminer, donc la réponse inflammatoire se poursuit (cas de l’hépatite C) ;
- soit posséder des gènes qui, en intégrant le génome humain, induisent une immortalité de la cellule, donc un cancer, comme avec le virus d’Epstein-Barr (EBV) responsable de la mononucléose infectieuse.
Plusieurs moyens de défense sont actifs pour éviter que la totalité des cellules de l’organisme soient détruites à la première infection virale.
→ La peau saine est une barrière efficace contre les infections virales grâce à une couche de kératinocytes morts présente en surface. Néanmoins, cette barrière peut être franchie par les virus en cas de piqûre, d’érosion ou de morsure, ou encore par une transfusion de sang ou une greffe d’organe ou de tissu.
→ Les muqueuses forment une barrière moins efficace que la peau, malgré la sécrétion de mucus, des pH extrêmes, notamment dans le tube digestif et le vagin, des enzymes contenues dans les larmes qui détruisent des protéines ou le tapis mucociliaire des bronches.
Lorsque l’infection s’installe localement au niveau de la porte d’entrée, le “suicide” des cellules infectées, l’apoptose, fait obstacle à la propagation de l’infection. Elle a lieu avant la phase d’assemblage du virus et la libération de nouvelles particules virales.
→ Une défense naturelle
L’immunité innée est naturelle et ne nécessite pas d’immunisation préalable. Elle existe avant l’infection et peut intervenir au cours des heures ou des minutes qui la suivent.
→ Les acteurs
- Les cytokines : les interférons alpha et bêta, produits par les cellules infectées et dendritiques, se fixent aux cellules saines et y induisent un état antiviral. Ces interférons stimulent les cellules NK (pour natural killer).
- Les cellules dendritiques : appelées “cellules sentinelles”, elles organisent la mise en place de l’immunité acquise et produisent de l’interféron et d’autres cytokines.
- Les cellules NK : dotées d’une activité antivirale directe, elles lysent les cellules infectées, considérées comme anormales, comme elles font pour les cellules cancéreuses. Les cellules NK sécrètent diverses cytokines.
- La fièvre est un autre moyen de défense, car la plupart des virus ne se multiplient pas ou mal à partir de 40 °C.
→ Une immunité spécifique
De nombreux virus, appelés “immunogènes”, provoquent une réponse immunitaire spécifique de l’organisme. Plusieurs jours ou semaines sont nécessaires à l’instauration d’une immunité acquise. Par la suite, une mémoire immunitaire persiste dans l’organisme grâce à la constitution de “cellules à mémoire”, les lymphocytes B et lymphocytes T CD8+ mémoire. Ces lymphocytes mémoire protègent l’organisme contre une nouvelle infection par le même virus en provoquant le redéploiement rapide de l’immunité acquise. Dans ce cas, la maladie infectieuse est dite “immunisante”, ce qui est par exemple le cas de la rougeole, de la rubéole, de l’hépatite A ou de la poliomyélite. « Pour le moment, toutes les infections virales respiratoires provoquent une immunité acquise dont la durée n’est pas toujours très bien établie », précise le Pr Jean-Paul Stahl.
→ De durée variable
La durée d’une immunité acquise dépend du virus en cause :
- le virus de la grippe, par exemple, induit des anticorps capables d’assurer une immunité durant plusieurs années pour un virus grippal donné, mais, en raison de la capacité du virus à muter, les anticorps deviennent souvent inopérants. D’où la nécessité de réadapter le vaccin tous les ans ;
- une centaine de rhinovirus différents ayant été découverts, il est difficile pour le système immunitaire d’avoir des cellules mémoire pour tous. « D’où l’aban-don des vaccins pour ces virus, les chercheurs se focalisant plutôt sur des traitements antiviraux », remarque le Dr Lydia Pouga ;
- les anticorps contre le virus respiratoire syncytial (VRS) déclinent rapidement après l’infection. Ils ne protègent donc pas d’une infection à VRS d’une année sur l’autre.
→ Rare pour les virus respiratoires
Plusieurs raisons font que l’immunité acquise définitive est rare pour les virus respiratoires :
- la plupart d’entre eux sont des virus à ARN, ils présentent davantage de mutations et sont par conséquent plus aptes à échapper à l’immunité acquise qui ne les reconnaît pas ;
- le virus de la rougeole, « toujours pas classé dans les virus respiratoires malgré une transmission par voie respiratoire, mais avec une prolifération surtout dans les ganglions, est l’un des rares à induire une immunité à vie », souligne Lydia Pouga ;
- l’immunité s’altère au cours du temps, c’est l’immunosénescence, un phénomène accentué « pour certains virus qui empêchent le développement d’une mémoire immunitaire, comme le VRS », précise la virologue.
→ Les acteurs
- Les lymphocytes B et T CD8+ essentiellement : les premiers aboutissent à l’excrétion d’anticorps dans le sang qui annulent ou réduisent le pouvoir infectieux du virus, tandis que les seconds entraînent la dissolution des cellules infectées. Ils sont appelés cytotoxic T lymphocytes (CTL), ou lymphocytes T cytotoxiques en français.
- Les lymphocytes T CD4+ organisent l’immunité acquise. Ils favorisent l’évolution des lymphocytes B en plasmocytes producteurs d’anticorps, et des lymphocytes T CD8+ en CTL qui vont dissoudre les cellules infectées.
Les infections virales respiratoires (IVR) sont certainement les infections virales les plus courantes. Leur gravité est très variable, les cas les plus sévères concernant souvent les personnes âgées et les nourrissons. Leurs conséquences pathologiques peuvent être dues :
- à l’infection virale elle-même ;
- à l’aggravation de maladies cardio-pulmonaires sous-jacentes ;
- à une surinfection bactérienne des poumons, des sinus paranasaux ou de l’oreille moyenne.
Les infections virales respiratoires sont le plus souvent classées selon les symptômes qu’elles induisent. Sachant qu’un virus qui provoque des infections spécifiques peut également être à l’origine d’autres syndromes respiratoires. À l’exemple du virus respiratoire syncytial connu pour entraîner une bronchiolite qui peut aussi être à l’origine d’une pneumonie ou d’une laryngite.
→ Transmission aéroportée
Les virus respiratoires peuvent être transmis :
- directement de personne à personne par voie aérienne, au moyen de microgouttelettes excrétées par un patient infecté qui éternue, tousse ou postillonne en parlant ;
- directement par contact entre personnes qui se serrent la main ou s’embrassent ;
- indirectement, par manuportage, lorsqu’une personne touche une surface contaminée par une personne infectée et qu’elle porte la main à son visage à proximité des muqueuses, dont les yeux.
→ Par contact rapproché
« La plupart des virus respiratoires sont enveloppés et ne survivent pas longtemps à l’extérieur, rappelle le Dr Lydia Pouga. C’est pourquoi leur mode de transmission est principalement les contacts rapprochés. Toutefois, des études récentes sur les coronavirus montrent qu’ils pourraient survivre plus longtemps sur des surfaces inertes. » Sachant que ces délais sont observés dans des conditions expérimentales avec des températures et des taux d’humidité contrôlés. Dans le cadre de la pandémie de Covid-19, « le fait d’avoir retrouvé le Sars-CoV-2 dans les selles a conduit à envisager un autre mode de contamination possible. Cependant, la méthode de diagnostic utilisée, par PCR [voir plus loin], ne permet pas de savoir s’il s’agit de virus mort ou infectant », précise la virologue.
Le diagnostic des infections respiratoires virales repose le plus souvent sur l’observation des symptômes en lien avec l’épidémiologie locale, à l’instar du syndrome grippal pendant une épidémie de grippe. L’identification précise du virus pathogène est rarement nécessaire. En période d’épidémie, les symptomatologies caractéristiques suffisent à engager un traitement.
→ Bronchiolite : détresse respiratoire, wheezing (bruit relativement aigu à type de sifflement) et crépitements chez le nourrisson de moins de 2 ans.
→ Rhume banal : symptômes de type rhinorrhée, toux et angine, généralement sans fièvre.
→ Laryngite striduleuse : toux grasse et rauque, et stridor inspiratoire (bruit aigu). Touche surtout les enfants jusqu’à 6 ans. Le plus souvent asymptomatique ou modérée chez l’adulte immunocompétent.
→ Grippe : apparition brutale de fièvre, de douleurs musculaires, de céphalées, et signes respiratoires de type toux sèche, gorge irritée ou rhinite.
→ Pneumonie : en général toux, expectorations, essoufflement, fièvre et frissons.
Un diagnostic virologique exact est utilisé :
- quand l’identification d’un agent pathogène spécifique conditionne la prise en charge clinique ;
- lors d’une surveillance épidémiologique pour identifier l’origine d’une épidémie, voire pour la contenir ;
- dans les rares cas où un traitement antiviral peut être envisagé.
Le diagnostic des maladies infectieuses en laboratoire peut être établi :
- directement par la détection de l’agent pathogène lui-même ou de l’une de ses structures moléculaires, les protéines ou les acides nucléiques (ADN ou ARN) ;
- indirectement en mesurant la réponse immunitaire humorale par les anticorps spécifiques ou QQQla réponse cellulaire marquée par une stimulation lymphocytaire (voir savoir faire).
Santé publique France recommande quatre gestes barrière pour réduire les risques de contamination par un virus hivernal, valables pour tous les virus respiratoires.
→ Porter un masque jetable :
- en cas de contact avec des personnes âgées, des bébés, des personnes atteintes d’une maladie chronique ou des femmes enceintes ;
- dès l’apparition des premiers signes (fièvre, toux, éternuements).
→ Se laver les mains régulièrement, à l’eau et au savon, liquide de préférence, pendant au moins 30 secondes, en frottant les ongles, le bout des doigts, la paume et l’extérieur des mains, les poignets et entre les doigts. Sécher les mains avec une serviette propre ou à l’air libre. Se laver les mains le plus régulièrement possible, notamment :
- avant et après s’être occupé d’un bébé ;
- après avoir rendu visite à une personne malade ;
- avant de préparer les repas, de les servir ou de manger ;
- après s’être mouché, avoir toussé ou éternué ;
- après chaque sortie à l’extérieur ;
- après avoir pris les transports en commun (bus, car, train, métro), en arrivant au lieu de travail ou chez soi ;
- après être allé aux toilettes.
Les solutions hydroalcooliques peuvent éliminer de nombreux microbes sur des mains visiblement non souillées.
→ Utiliser un mouchoir à usage unique pour se moucher, le jeter à la poubelle puis se laver les mains. Au domicile, une poubelle fermée est préférable.
→ Éternuer ou tousser dans le pli du coude pour éviter de transmettre les microbes déposés sur la main. Si ce n’est pas possible, se couvrir la bouche avec un mouchoir à usage unique, le jeter puis se laver les mains. Se laver les mains dès que possible après avoir toussé ou éternué dans ses mains.
La vaccination est le meilleur traitement préventif lorsqu’un vaccin est disponible.
→ Une immunité acquise
Certains vaccins antiviraux ont démontré leur efficacité et des programmes de vaccination ont permis l’éradication de la variole et presque celle de la poliomyélite. L’objectif de la vaccination antivirale est d’octroyer à l’organisme une réponse immunitaire protectrice contre une infection par un virus donné. L’introduction d’une préparation antigénique vaccinale provoque une réponse immunitaire proche de celle de l’infection par le virus en cause.
→ Vaccins inactivés
Les vaccins tués ou inactivés sont composés de virus complets qui n’ont plus de pouvoir pathogène et dont le pouvoir infectieux a été détruit (par exemple, vaccin contre la grippe, la poliomyélite, etc.). Ils peuvent donc être administrés aux femmes enceintes et aux personnes immunodéprimées. Les vaccins inactivés induisent surtout une réponse immunitaire humorale par la production d’anticorps.
→ Vaccins atténués vivants
Ces vaccins sont composés de virus vivants qui ont perdu leur pouvoir pathogène, mais pas leur pouvoir infectieux. C’est le cas notamment des vaccins contre la rougeole, la rubéole et les oreillons associés dans le ROR. Les vaccins atténués vivants induisent une véritable infection, mais pas la maladie, donc pas la symptomatologie. Ils provoquent des réponses immunitaires de type humoral et cellulaire, semblables à celles induites par de véritables infections. Ils offrent une protection plus forte que celle conférée par les vaccins inactivés.
Le traitement symptomatique vise à limiter les manifestations désagréables induites par la réaction immunitaire telles que les douleurs musculaires, les céphalées, la gorge irritée, etc.
→ Peu de médicaments
Aujourd’hui en France, seuls 44 médicaments antiviraux disposent d’une autorisation de mise sur le marché (3), peu de traitements antiviraux ayant fait la preuve d’une efficacité contre les infections respiratoires (2). Ainsi, le service médical rendu par le Tamiflu, un antiviral à usage systémique, reste insuffisant pour le traitement prophylactique de la grippe chez l’enfant et l’adulte sans comorbidités, et pour le traitement curatif de la grippe dans les autres cas (4). Une situation encore compliquée par l’émergence de résistances à ces traitements antiviraux et par l’identification régulière de nouveaux virus respiratoires (2).
→ Une cible complexe
Plusieurs propriétés des virus rendent difficile l’élaboration d’un traitement efficace contre une infection virale :
- le parasitisme intracellulaire strict des virus et l’intégration du génome viral dans le génome cellulaire entraîne un risque de cytotoxicité vis-à-vis du métabolisme cellulaire normal ;
- l’identification régulière de nouveaux virus respiratoires ;
- une même symptomatologie peut être due à de nombreux virus respiratoires, alors que les approches thérapeutiques actuelles ne ciblent qu’un seul virus ;
- l’émergence de résistance aux traitements antiviraux ;
- la nécessité de disposer rapidement d’un test pour identifier le virus en cause, car les traitements actuels ne sont efficaces qu’à un stade précoce de l’infection ;
- le fait que l’infection virale à traiter peut être aiguë, latente ou chronique.
→ Le phosphate d’oseltamivir (Tamiflu et génériques comme Ebilfumin, etc.) est un antiviral à usage systémique, inhibiteur sélectif des enzymes neuraminidases du virus de la grippe. La neuraminidase permet au virus de pénétrer dans les cellules non infectées et de libérer les particules virales nouvellement formées, puis de propager le virus dans l’organisme.
Indication : traitement de la grippe chez les adultes et les enfants, y compris les nouveaunés à terme, qui présentent des symptômes typiques de la grippe en période de circulation du virus.
→ L’amantadine chlorhydrate (Mantadix, Symmetrel et génériques) est une amine cyclique qui bloque la liaison entre le virus A de la grippe et la cellule cible. Elle préviendrait et/ou ralentirait la libération du génome viral dans la cellule hôte, réduisant ainsi la formation de nouvelles particules virales et l’infection de nouvelles cellules.
Indication : prophylaxie de la grippe et des infections respiratoires dues exclusivement au virus influenza A, lors de l’apparition d’un foyer grippal supposé ou prouvé. Remarque : l’amantadine est aussi utilisée pour traiter la maladie de Parkinson et les syndromes parkinsoniens induits par les neuroleptiques.
→ Le palivizumab (Synagis) est un anticorps monoclonal qui exerce une puissante activité neutralisante et d’inhibition de fusion vis-à-vis de certaines variétés du virus respiratoire syncytial (VRS).
Indication : prévention des infections respiratoires dues au VRS, nécessitant une hospitalisation chez les enfants à risque élevé d’infection à ce virus.
→ Le zanamivir (Relenza et générique) est un antiviral, inhibiteur sélectif de la neuraminidase, l’une des enzymes de surface du virus de la grippe. Il réduit la propagation des virus de la grippe A et B en inhibant la libération des particules virales par les cellules épithéliales des voies respiratoires.
Indication de la forme inhalée : traitement de la grippe A et B chez l’adulte et l’enfant à partir de 5 ans, présentant les symptômes grippaux typiques, en période de circulation du virus.
Indication de la forme injectable : traitement de certaines formes graves d’infection par le virus de la grippe, pour des patients hospitalisés :
- qui n’ont pas répondu à des produits antiviraux par voie inhalée ou orale (par exemple oseltamivir oral ou zanamivir inhalé) ;
- ou lorsque seule la voie injectable est possible ;
- ou lorsqu’un virus de la grippe résiste à d’autres agents antiviraux, et pour lesquels un traitement par le zanamivir inhalé n’est pas approprié.
(1) Une classification universelle des virus a été établie sous l’impulsion de l’International Committee on Taxonomy of Viruses (ICTV).
(2) « Infections virales des voies respiratoires : stratégie thérapeutique », Haute autorité de santé (HAS), avril 2016.
(3) « Antiviraux », sur le site du Collège national de pharmacologie médicale (pharmacomedicale.org).
(4) Avis de la commission de la transparence de la HAS, 9 juillet 2014.
Les coronavirus (CoV) constituent une immense famille de virus dont certains peuvent infecter l’homme. Si les coronavirus entraînent le plus souvent des symptômes bénins de type rhume, ils sont aussi à l’origine de trois épidémies mortelles survenues au cours de ce siècle. Le Sars-CoV-2 est le septième coronavirus identifié comme pathogène pour l’homme, après :
→ les HCoV, pour coronavirus humains, des virus saisonniers qui provoquent des rhumes et des syndromes grippaux bénins généralement non diagnostiqués. Par exemple, HCoV-229E et HCoVOC43 sont connus depuis les années 1960 ;
→ le Sras-CoV, apparu dans le sud-est de la Chine fin 2002, qui s’est ensuite répandu au niveau mondial en 2003. Au total, 8 000 cas ont été recensés, dont près de 20 % chez des soignants, et quelque 800 décès. L’épidémie a pu être endiguée par des mesures d’isolement et de quarantaine. L’agent causal, un coronavirus inconnu jusqu’alors, a rapidement été identifié ;
→ le Mers-CoV ou Middle East respiratory syndrome, à l’origine du syndrome respiratoire du Moyen-Orient apparu en 2012 en Arabie saoudite. Depuis, 1 219 cas de Mers-CoV ont été diagnostiqués, provoquant 449 décès dans 26 pays. À l’heure actuelle, aucun traitement spécifique ou vaccin n’est disponible contre ce virus. L’enjeu est de contenir l’épidémie, puis de poursuivre les efforts de recherche pour mettre au point un vaccin et un traitement (1).
Quant au Sars-CoV-2, il est apparu en décembre 2019 dans la ville de Wuhan en Chine. Le 9 janvier 2020, les autorités sanitaires chinoises et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annoncent la découverte d’un nouveau coronavirus. Fin février, l’épidémie évolue au niveau mondial, dans des pays où apparaît une diffusion communautaire, sans lien identifié avec des cas importés de Chine. Le 10 mars, tous les pays de l’Union européenne sont touchés. Le 11 mars, l’OMS qualifie l’infection de pandémie, la première déclenchée par un coronavirus (2).
(1) « Mers-CoV », Institut Pasteur, octobre 2015.
(2) « Maladie Covid-19 (nouveau coronavirus) », Institut Pasteur, mars 2020.
Le domaine de la virologie est moins connu que celui de la bactériologie, parce que le monde des virus est beaucoup plus difficile à étudier et que les chercheurs ne disposaient pas des outils nécessaires. Récemment, la virologie a connu une avancée extraordinaire avec la génomique*, mais avant cela, seules la culture cellulaire et la sérologie étaient disponibles. L’analyse des génomes a permis d’établir des diagnostics, et notamment des diagnostics très précoces, ce qui n’était pas possible auparavant. Ainsi, la virologie est en cours d’investigation grâce à de nouveaux outils. La connaissance a besoin d’éléments concrets pour progresser. Aujourd’hui, des instruments de plus en plus performants permettent de toucher du doigt le monde viral. Ils sont concrètement capables d’identifier un virus, de l’étudier et d’en faire la généalogie grâce à l’information génétique. Cela n’existait pas il y a seulement une quinzaine d’années…
* La génomique est la branche de la génétique qui étudie les génomes, leur structure, leur organisation et leur fonctionnement.